AccueilLa UNETunis : Le «coup de gueule» de Fayçal Derbel

Tunis : Le «coup de gueule» de Fayçal Derbel

Comme à l’issue de chaque loi de finances ou loi de finances complémentaire, le Commissaire aux comptes, professeur universitaire et membre du comité directeur de l’IACE (Institut arabe des chefs d’entreprise), Fayçal Derbel livre sa lecture, explicative avec force référence juridiques et fiscales, de la loi. Un document, il faut le dire, toujours attendu par les dirigeants d’entreprises et les professionnels.
En cet été 2015 et à l’occasion de la sortie de la LFC 2015, F. Derbel n’a pas failli à cette tradition. Mieux, son document a été préfacé d’une introduction qui sonnait comme un véritable «coup de gueule » contre les principaux maux, politiques, sociaux, économiques et de gestion, qui rongent jusqu’ici l’économie tunisienne et retardent son retour à une croissance créatrice d’emplois. Un document que plus d’un politicien, syndicaliste et gouvernant, devrait lire et méditer.

«Pour la cinquième année consécutive, il est procédé à l’ajustement des prévisions initiales des données budgétaires, à travers une loi de finances complémentaire venant redresser les hypothèses de base et réviser les principaux agrégats macro-économiques.
Cet ajustement est rendu nécessaire en raison de l’incertitude qui pèse sur les perspectives économiques pour le restant de l’année en cours et surtout en raison des bouleversements et évènements dramatiques qui ont secoué le pays :
Deux lâches attentats perpétrés au cours du premier semestre et à quelques semaines d’intervalle, ont précipité le pays dans la dépression alors qu’il venait de sortir la tête de l’eau en réussissant son challenge électoral ;

_ Une remontée fulgurante des luttes revendicatives, allant jusqu’au « bras de fer » entre gouvernement et centrales syndicales.
_ L’entrée en phase de paralysie totale des sites de production de phosphates (CPG et GCT) qui représentent une activité vitale pour l’économie du pays.
_ Au mépris du droit et de l’autorité de l’Etat, une inconscience coupable conduit un quarteron d’individus à imposer leurs diktats au plus grand nombre :
_ Des campagnes démagogiques de soupçons et de suspicions sur les ressources naturelles (où est le pétrole ?)
_ Des manifestants qui bloquent les routes, sabotent les sites de travail et séquestrent parfois leur patron !
Face à ces évènements et cette situation, la croissance prévue par le budget initial et encore moins celle promise par les partis au pouvoir, n’était pas au rendez-vous, avec tout ce qu’il s’en suit sur les ressources propres, le déficit budgétaire et le niveau d’endettement.
Les six premiers mois de l’année en cours ont été particulièrement éprouvants et exténuants, une croissance très molle, voire négative au titre du premier trimestre, des écarts négatifs et significatifs entre prévisions et réalisations à travers les résultats de l’exécution du budget au titre des six premiers mois de 2015, et surtout une visibilité très floue des perspectives économiques défavorables et fortement fragilisées.
Tous les indicateurs macro-économiques traduisent une image sombre d’une économie asphyxiée avec des piliers de la croissance fortement fragilisés (investissement, exportation et consommation) et qui porte en elle les graines de sa propre destruction :
_ Des lobbys très puissants qui s’opposent bec et ongle à toute mesure de réforme touchant à leurs privilèges et avantages (mal acquis).
_ Abreuvés par l’idéologie de la protestation, les citoyens sont tentés de voir dans la réforme du système de la compensation une grande menace ; dans l’ouverture internationale un spectre et dans le recours aux institutions internationales une obédience.
Ces sentiments troublés sont alimentés par une classe politique professant des discours fétides, contestataires et diviseurs, avec comme objectif abattre l’adversaire (et le pays avec, s’il le faut) et soigner la popularité.
_ Des réformes trop théâtralisées, chaque thématique fait l’objet de longs discours, tout en étant fortement médiatisée et largement et longuement débattue, mais, au finish, on n’a rien : « La réforme finale est une utopie ».
Nos gouvernants doivent comprendre que la réforme doit s’inscrire dans un temps politique d’accélération, et que les reports des actions de réforme d’une année à l’autre ne font que conduire vers l’immobilisme et reléguer davantage le pays derrière ses compétiteurs.
Il n’y a ni issue magique, ni solution miracle à même de permettre de renouer avec une forte croissance et de ramener le déficit budgétaire et le taux d’endettement à leurs niveaux tolérables, la politique choisie dans cette période périlleuse consiste à adapter les données budgétaires à la réalité économique, difficile à changer à court terme. Pour l’instant, les pouvoirs, économique et politique en place, semblent avoir opté pour le replâtrage à travers des mesures timides d’ajustement qui n’auront certainement pas l’effet souhaité en matière de relance économique.
Fayçal Derbel

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2 Commentaires

  1. Pour faire simple, chaque tunisien semble s’agripper à sa pioche au lieu de tenir une truelle et le maître d’oeuvres semble ne pas savoir lire un plan .

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