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Tunis : Le marché des voitures, ou la preuve de la mauvaise gestion et du «Fassed» de l’Etat.

Une chose que peu de consommateurs savent et que les décideurs du ministère tunisien du Commerce semblent aussi ignorer, est que plus de 40 % du prix d’une voiture ou d’un véhicule automobile vont droit dans les poches de l’Etat sous forme de taxes diverses. Cela sans compter les 30 % d’impôt sur les sociétés que prélève annuellement le fisc sur la vingtaine de concessionnaires automobiles.

En effet, hormis les 18 % de TVA, le 1 % du Fodec et les 3 % du RPD (Redevance de prestation douanière), dans la catégorie essence, les voitures dont la cylindrée est de 1.3 L paient une taxe de consommation (TC) de 16 % sur le prix en coût fret. Entre 1.3 et 1.5 L de cylindrée, ce sont 30 % de taxe à la consommation, 38 % entre 1.5 et 1.7 L de cylindrée, 52 % de TC pour une cylindrée variant entre 1.7 et 2 L et 67 % de TC pour les véhicules dont la cylindrée passe à 2 L et plus. Pour les véhicules roulant au fuel et sans compter la TVA, la Fodec et la RPD, c’est une TC qui est de 38 % pour la plus petite des cylindrées et 88 % pour la plus grosse (2.5 L et plus). En face, les voitures vendues sur le marché parallèle et qui font chaque mois l’objet de réimmatriculations, ne paient qu’un droit de douane minimum de 25 % sur un prix déclaré, généralement faux.

C’est tout cela qui explique le haut prix des voitures et c’est tout cela que l’Etat tunisien «bazarde» et en prive les caisses de l’Etat en déréglant, depuis 2011, délibérément le marché de l’automobile. Un marché désormais caractérisé par la prééminence des voitures vendues sur le circuit parallèle, car importées de manière à détourner, avec ou sans le consentement de l’Etat, toutes les règles du commerce légal et toutes les règles de la concurrence.

 

Comme l’attestent les chiffres de notre tableau et que nous puisons auprès de l’A3T (Agence tunisienne de transport terrestre, le nombre de voitures réimmatriculées dépasse toujours celui des voitures légalement vendues chez les concessionnaires du marché organisé des voitures. En 2012, le marché parallèle représentait, à lui seul, plus de 50 % du total des véhicules immatriculés ou réimmatriculées par l’A3T. La tendance se confirme année après année, avec la complicité des autorités tunisiennes. Celles-ci ne peuvent pas ignorer les réalités de ce marché. Elles laissent pourtant faire, sans essayer de fermer les vannes de l’importation détournée, sous l’appellation du FCR et sans même essayer d’en réduire le nombre en en rendant l’accès plus difficile. C’est donc un comportement qui dénote une mauvaise gestion de l’argent public et qui doit rentrer dans les caisses de l’Etat tunisien. Un comportement qui s’apparente fort aux pratiques du «Fassed» contre lequel les gouvernements d’Ennahdha disent vouloir lutter. En refusant de réagir face à l’explosion du marché parallèle des voitures dont les expositions, sauvages sur les parkings de plus d’un kiosque de distribution de l’essence, ou même publiques dans des officines qui ont pignon sur rue, les autorités commerciales tunisiennes privent annuellement les caisses de l’Etat d’une très importante somme financière qui se chiffre en plusieurs millions de dinars !

En attendant, les chiffres des immatriculations toutes marques (VU+VP) des 3 premiers mois de cette année, mettent la marque française Citroën en première place des ventes sur le marché tunisien. Avec 821 véhicules vendus, la marque aux chevrons détient une part de marché (PDM) de 13,3 %, suivie par Peugeot avec 772 véhicules vendus et une PDM de 12,5 %. En troisième place, on trouve l’allemand Volkswagen qui aura vendu 563 véhicules (Voir notre tableau plus haut).

Il est important de remarque aussi, que la marque Volkswagen, reste la marque de voitures, la plus réimmatriculée sur le marché tunisien qui en écoule plus (1103 unités) que le marché organisé (563 véhicules), loin devant la Citroën qui subit le même travers. D’autres marques, comme la Mini-Cooper ne sont vendues que sur le marché parallèle. Ce dernier en réimmatriculé 7 unités alors que le concessionnaire n’en a officiellement vendu aucune. Le ministère du Commerce se réveillera-t-il et son ministre Abdelwaheb Maatar prendra-t-il enfin ce dossier à bras-le-corps ? Le ministre des Finances Elyes Fakhfakh laissera-t-il «voler» autant d’argent des caisses de l’Etat ? Qui mettra fin à ce «Fassed» et à cette mauvaise gestion des deniers publics ?

Khaled Boumiza.

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