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Tunis : Le Qatar donnera-t-il l’estocade finale à la destitution de Moncef Marzouki ?

Après la tempête soulevée par ses déclarations concernant les laïcs et les menaces de pendaison proférées à leur égard, menaces qu’il a d’ailleurs niées après que ses conseillers ont essayé d’en relativiser les effets en les corrigeant à leur manière, Moncef Marzouki s’illustre encore une fois par un nouveau dérapage verbal, cette fois-ci doublé d’une erreur protocolaire.

Et si cette dernière n’a pas trop retenu l’attention des observateurs, malgré la séquence vidéo de Nessma TV qui donnait une piètre image du gouvernement tunisien, c’est le dérapage verbal pendant lequel le chef de l’Etat de la Tunisie, a délibérément menacé ses propres concitoyens de poursuites judiciaires s’ils continuaient à médire du Qatar.

Emporté par la joie du chèque du «promo-Ben Ali», Moncef Marzouki en oublie même de mettre en valeur les efforts du président de la commission chargée du rapatriement de l’argent détourné par les familles de l’ancien président. Heureux comme un gamin qui aurait gagné au «promosport», le chef de l’Etat faisait circuler le chèque entre les mains des ministres, leur demandant de bien le montrer aux caméras en leur donnant tour à tour la possibilité de prononcer des discours, toujours de remerciements à l’avocat qatari, pourtant mandaté et payé par les Nations-Unies et qui ne faisait que tout simplement son travail.

On remarquera, au passage, le silence de la Troïka et d’Ennahdha en particulier, sur ces gestes et paroles présidentiels qui ont pourtant ébranlé toute la classe politique et l’intelligentsia tunisiennes. Nul communiqué, nulle apparition sur les plateaux TV, si l’on excepte les sorties, obligées et répétées, des conseillers de Marzouki pour essayer d’apaiser l’opinion publique.

Il y a quelques semaines, lors du premier dérapage verbal présidentiel concernant les pendaisons des laïcs, une première tentative de motion de censure avait vu le jour. Les Constitutionnalistes corrigeront que ce n’est pas une motion de censure, mais une demande de destitution, par l’ANC (Assemblée Nationale Constituante) à la demande d’un nombre minimal de députés.

Cette première a déjà failli réussir, n’eût été le retrait des signatures d’un certains nombre de députés qui tentaient de troquer leurs signatures contre un accord pour une loi interdisant et sanctionnant ce qu’ils ont appelé «le tourisme politique des députés».

Un nombre, de plus en plus croissant de députés changent de plus en plus de partis, déstabilisant ainsi l’équilibre des forces au sein de l’ANC et perturbant les calculs politiciens pour le passage de telle ou telle loi. Certains députés évoquent même l’existence d’un «marché des députés» où il est possible de changer un Constituant de groupe parlementaire pour une voiture et un montant variant entre 40 et 100 mille DT.

Le second dérapage verbal présidentiel de Moncef Marzouki, intervenait alors que la liste de signatures pour sa destitution, était encore ouverte. Elle intervenait aussi, dans une conjoncture politico-sociale, encore hostile au Qatar. Les opinions positives à propos du rôle de ce pays, à travers sa chaîne TV Al Jazeera notamment, s’étaient effilochées avec la montée en puissance de la dictature politique d’Ennahdha, ses échecs politiques et économiques et l’allongement indéterminée de la période de transition politique qu’elle devait assumer pendant une seule année. La baisse de la popularité du Qatar est à lier à son appui inconditionnel au parti islamiste gouvernant, au détriment d’une vision plus laïque, plus moderniste et plus démocratique de la Tunisie, comme en porte le projet le reste de l’opposition tunisienne, toutes tendances confondues.

Depuis ce second dérapage verbal, la course aux signataires de demande de destitution de Moncef Marzouki, est repartie de plus belle. Des sources à l’ANC font même circuler des informations affirmant que le nombre constitutionnellement requis aurait déjà été acquis et que cette demande, dûment signée, pourrait être déposée, au cours de cette semaine, sur le bureau du président de l’ANC. Si cela se vérife, le Qatar aura fini par donner la dernière estocade à un président, transitoire, sans prérogatives et qui n’aura pas réussi, au bout de plus de 16 mois, à se rehausser au niveau de l’homme d’Etat qu’est théoriquement un chef d’Etat. Mais qui aura, aussi et surtout, échoué à bien enfiler les habits du père de la Nation, le protecteur du pauvre et de l’indigent et l’homme capable de résoudre tous les problèmes de chaque citoyen qui le lui demande, d’un seul mot et d’un seul ordre, comme en avaient habitué la population tunisienne, les deux anciens présidents, Bourguiba et Ben Ali. Wait and see.

Khaled Boumiza.

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