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Tunis : Le remaniement entre coup de poker, poker menteur, bluff et coups de tête.

Dans un entretien avec le correspondant de l’agence Reuters à Tunis, Rached Ghannouchi agite la menace de démission d’Ennahdha de la Troïka. Bien avant lui, le SG du CPR, Mohamed Abbou avait menacé lui aussi de retirer les ministres CPRistes du gouvernement. Comme Ghannouchi, mais de manière différente, il temporise et se donne une semaine avant de l’officialiser.

– Marchandages politiques comme sur une table de poker.

En attendant, les marchandages politiques se poursuivent, alors que Jbali ne dit plus mot et continue de recevoir tous genres de personnalités. Après le corps diplomatique accrédité en Tunisie et les spécialistes de droit constitutionnel, il se retourne vers ce qu’il a appelé, sur sa page Facebook, les sages. Rached Ghannouchi s’y met, de son côté, et reçoit l’ambassadeur des USA et un représentant de l’Union Européenne. On pourrait presque croire, à la lumière de ce qui se dit dans les coulisses sur le durcissement des positions de chacun, en dehors du caractère politiquement correct des déclarations de chacun d’eux, que toutes ces rencontres seraient une sorte de mission de bons offices entre le président d’Ennahdha et son secrétaire général. Ces mêmes sources, de coulisses, car la politique se fait actuellement dans les coulisses, évoquent un rapprochement des positions. Ghannouchi ne dirait plus non et Jbali ne s’obstinerait plus à ne former son gouvernement que de technocrates.

Mathématiquement pourtant, un calcul même approximatif du nombre des voix pour et contre, ferait que Hammadi Jbali pourrait aller à l’ANC et faire passer le gouvernement qu’il voudrait. Ettakattol et le reste de l’opposition sont avec lui. A cette analyse, quelque chose manque, que seul Hammadi Jbali semble connaître et qui l’empêcherait de passer à l’action.

Entre temps, toute la sphère médiatique tunisienne, s’amuse à sortir des listes de candidats aux différents portefeuilles ministériels dans un gouvernement qui reste toujours hypothétique, sans que personne n’ait pu savoir qui est derrière toutes ces fuites, dans quel objectif elles sont faites et si elles sont sérieuses ?

– Un pays, économiquement à genoux. Mais qui s’en soucie !

Ce bras de force au sujet duquel tout un pays retient son souffle, entre Jbali et Rached Ghannouchi appuyé par Mohamed Abbou qui semblent être les deux seuls «empêcheurs de tourner en rond», se poursuit alors que se déroule ce que la Tunisie n’avait jamais connu auparavant. Pour cause de remaniement présumé, l’Administration tunisienne est aux arrêts depuis plus d’une semaine au moins, avec toutes les conséquences de cet arrêt technique sur les intérêts des personnes, physiques et morales. Les ministères, au moins certains et pas des moins importants comme celui du commerce où le ministre refuse de répondre au téléphone et de prendre toute décision, sont désertés pour les réunions partisanes. Aucun conseil interministériel, aucun conseil de ministres ne s’étaient réunis, ni à La Kasbah, ni à Dar Dhiafa où loge le chef du Gouvernement. Aucun projet de loi n’a été voté par une Constituante qui se chamaille sur les procédures de son ordre du jour. L’inflation augmente sans arrêt, la production diminue aussi, si l’on en croit l’indice de la production industrielle de l’INS (Institut National de la Statistique). La dette aussi augmente et, derrière elle, le coût de cette dette. Le chômage ne s’essouffle pas, malgré les milliers de créations d’emplois dont parlent les derniers chiffres des investissements de l’Agence de promotion de l’industrie (APII). Mais qui se soucie de tout cela et du coût que tout cela induit pour l’économie tunisienne ? Certainement pas Rached Ghannouchi qui garde sa fortune bien à l’abri en Grande Bretagne, non plus Mohamed Abbou qui possède des immeubles à Tunis, en plus de l’indemnité parlementaire de sa femme membre d’une ANC qui ne produit rien sauf le vent des paroles de ses membres. Ce ne sont pas non plus, les ministres-hommes d’affaires d’Ennahdha avec leurs affaires qui tournent toujours en dehors des frontières d’un pays qu’ils mettent à genoux. Ce ne sont certainement pas, non plus, les milices des uns et des autres qui ont assez d’argent pour en distribuer pour financer les manifestations et les contre-manifestations. Et ce ne sont certainement pas les employés, où qu’ils soient, qui reçoivent leurs salaires, sans vraiment travailler et même lorsqu’ils font grève ou empêchent les autres de travailler par les sit-in !

Et vive la révolution, celle d’un jasmin, désormais flétri et commence déjà à puer !

Khaled Boumiza.

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