AccueilChiffreTunis : Les augmentations salariales sont-elles une priorité ?

Tunis : Les augmentations salariales sont-elles une priorité ?

Après la signature de 3 accords-cadres samedi dernier, les négociations sociales sur les majorations salariales dans le secteur privé, au titre de l’année 2014, viennent d’être lancées.

Le ministre des Affaires sociales, Ahmed Ammar Younbai, a affirmé que l’augmentation des salaires n’aurait pas d’effet sur les entreprises économiques et les travailleurs, en l’absence d’une corrélation avec la croissance économique, l’augmentation de la productivité, du pouvoir d’achat et de la compétitivité de l’entreprise économique.

C’est la raison pour laquelle deux commissions de réflexion seront créées. La première sera chargée du dossier de la production et de la productivité alors que la seconde s’attellera au dossier des prix et du pouvoir d’achat. Chaque commission sera formée de 5 membres représentant le gouvernement, l’UTICA et l’UGTT.

A cette occasion, des sources syndicales nous ont indiqué que ces majorations estimées à 6% toucheraient environ deux millions de travailleurs, agents et salariés, l’objectif étant de les soutenir dans ce contexte marqué également par l’érosion du pouvoir d’achat.

Mais, pour plusieurs observateurs, ces majorations viennent à un moment difficile où l’économie se trouve face à une multiplicité des défis. A rappeler qu’aucune augmentation de salaire n’avait eu lieu en 2013 compte tenu de la situation économique difficile du pays.

Les entreprises en difficultés dispensées des négociations

Pour les rassurer, la centrale patronale a annoncé que les entreprises en difficultés et les secteurs économiques en crise seront dispensés de ces négociations.

Khalil Ghariani, membre du bureau exécutif de l’UTICA, a, dans ce cadre, affirmé à Express Fm qu’une liste exhaustive de ces secteurs sera bientôt fixée citant à titre d’exemple ceux du textile et des chaussures.

C’est tout simplement du populisme syndical !

L’économiste Mohssen Hassen a estimé qu’il est de l’ordre du populisme syndical et irrationnel de parler d’une telle augmentation dans cette conjoncture actuelle, jugée difficile et préoccupante. Se référant à la récente déclaration du chef du gouvernement affirmant que la Tunisie a besoin d’un milliard de dinars par mois et qu’elle doit disposer de 3.5 milliards de dinars avant la fin de l’année, il s’est dit choqué par le démarrage de ces négociations, jugées « illogiques ».

« Un mois auparavant, on avait mis en garde contre la faillite de l’Etat suite à l’incapacité dans laquelle s’est trouvé le gouvernement pour verser les salaires, sujet qui a fait couler beaucoup d’encre, et voilà qu’aujourd’hui, on entame les négociations sociales concernant les majorations salariales. C’est vraiment de la folie », a-t-il dit, exprimant des craintes au sujet des répercussions qui pourraient résulter de ce genre de décision. « Ces majorations ne pourraient qu’engendrer des effets inflationnistes et même une hausse des prix », a affirmé l’expert avant d’ajouter que «ces augmentations vont certainement alourdir les charges et aggraver la souffrance des patrons des entreprises déjà en panne et qui font face déjà à plusieurs problèmes ».

L’économiste s’est interrogé sur la priorité principale à laquelle le gouvernement devrait s’atteler particulièrement en cette phase de crise économique et financière. S’agit-il de l’augmentation salariale ? Bien sûr que non, a-t-il répondu, soutenant que le développement de la productivité et l’amélioration de la compétitivité sont l’unique solution pour remédier à cette situation. Car, la création de la richesse ne pourrait se faire qu’à travers une meilleure productivité. Et ce n’est qu’alors que l’on pourrait également parler d’une augmentation salariale.

Wiem Thebti

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