AccueilLa UNETunis : Les LPR, cheval de bataille ou pomme de discorde !

Tunis : Les LPR, cheval de bataille ou pomme de discorde !

Le dossier des ligues de la protection de la Révolution(LPR), passait pour être celui du consensus au sein de la classe politique, et même Ali Laarayedh paraissait ,au moment des consultations ,acquis à l’idée de les dissoudre , reflétant ainsi une tendance, au sein d’Ennahdha, représentée, entre autres, par Abdelfattah Mourou et Samir Dilou qui ne voit pas d’un mauvais œil que ces ligues soient sacrifiées pour être dans les bonnes grâces de l’opposition .

La vive réaction de Mohammed Al-Hamdi , chef du groupe démocratique et porte-parole de son parti , l’alliance démocratique , au discours de Ali Laarayedh devant l’ANC ,mardi, ne s’explique que par la déception qu’il devait éprouver de ne pas voir la dissolution de ces LPR inscrite à l’ordre du jour .Ces ligues ,de funeste mémoire, n’étaient même pas citées explicitement , au moment où le chef du Gouvernement désigné , évoque la violence et l’urgence de la bannir du paysage politique .

La préparation de l’opinion publique à la dissolution des LPR avait commencé du temps de Hamadi Jebali , par des signes qui ne trompaient pas : l’initiative de Jebali comprenait ,déjà ,un volet contre la violence non-institutionnelle ,idée relayée par Ali Laarayedh lui-même ,dans ses deux discours, lors de sa désignation et à la clôture des consultations . Entre-temps, le couple Mohammed et Halima Maalej a démissionné des LPR , et la justice a ordonné l’arrêt des activités de quelques ligues pour un mois .Des fuites sur l’implication des LPR dans les attaques contre le siège de l’UGTT, le 4 décembre2012 , et sur un lien ,quoique lointain ,de ces ligues avec l’assassinat de Chokri Belaid , laissaient entendre que le sort de ces formations parallèles était scellé, et que l’option de confier le dossier à la justice n’est qu’une simple manœuvre qui sera, d’ailleurs, vite abandonnée.

Mais, c’était compter sans Rached Ghannouchi et le Congrès pour la République (CPR). Dans une interview à Essabah, publiée, bizarrement , le jour même où l’ANC s’apprêtait à voter la confiance au Gouvernement Ali Laarayedh , le chef d’Ennahdha opte pour la solution judiciaire ,et au cas par cas ,et feint de ne pas être au courant de la décision de la justice d’arrêter les activités de la LPR pour un mois .Pour sa part ,le CPR annonce, dans le même contexte , par la voix du directeur du cabinet présidentiel Imed Daïmi , qu’il est contre la dissolution des Ligues .Le même Daïmi, insiste sur l’option judiciaire : il faut appliquer la loi à travers le recours à la justice et non par des règlements de comptes politiques , dit-il , en guise de mise en demeure .

Si on excepte le CPR ,qui ne s’est jamais exprimé à l’unisson ,ni parlé en son nom propre ,on est, s’agissant d’Ennahdha, devant 2 hypothèses : soit le reniement par le parti islamiste de l’un de ses engagements les plus solennels , annoncé par deux chefs de Gouvernement successifs , soit devant un rapport de forces versatile qui laisse au très conservateur Rached Ghannouchi une influence pour autant qu’elle soit amoindrie, lui permettrait de bloquer toute initiative d’ouverture envers l’opposition et de réconciliation avec l’opinion publique .

Mais , au-delà des manœuvres partisanes , le dossier des ligues revêt une importance capitale, de par ses liens avec la violence qui a déjà fait des victimes , et créé un climat pour que d’autres tombent encore .Cette violence ,qui est, par définition , incompatible avec les paradigmes :démocratie-élections , est peut-être, chez quelques nahdhaouis, un incident de parcours , le fruit d’un jugement erroné ou d’une confusion passagère , mais qui a l’air d’être ,chez d’autres et non des moindres , un investissement lourd pour prendre des gages sur l’avenir ,et rendre l’ordre des choses irréversible .

Mohamed Daadaa, porte-parole des LPR , qui devrait être très inquiet face aux poursuites judiciaires qui aboutiraient à mettre ses formations hors-la- loi , n’en paraît pas moins très confiant en l’avenir . N’a-t-il pas affirmé, aujourd’hui, mercredi, que si jamais la décision de la justice se vérifie, la LPR va recourir à la justice pour faire valoir ses droits ? Et que même, au cas où la LPR serait dissoute, ses adhérents continueront à poursuivre leurs activités au sein d’autres structures dont des partis au pouvoir, reconnaissant au passage que la ligue a omis de demander des visas pour certaines de ses sections qui comptent une centaine avec des milliers d’adhérents.

Les ligues ont remis les pendules à l’heure. Ennahdha , par la voix de son leader Rached Ghannouchi , semble défendre ces formations ,en complète coordination avec le CPR . Ettakattol , et malgré ses engagements , n’a toujours pas commenté le revirement de ses alliés . L’opposition qui semblait désunie sur beaucoup de thèmes majeurs, retrouve une harmonie inespérée sur ce dossier.

Mais, le fond du problème n’est pas tant dans les principes qui départagent les forces en présence par rapport aux LPR (elles sont défendues uniquement par Ennahdha et le CPR ), ni dans la position des uns et des autres envers la violence qui gangrène la vie publique , que dans la capacité du parti islamiste à tergiverser et s’investir dans des manœuvres dilatoires à l’effet de gagner du temps , et à composer avec toutes les forces de manière à accumuler le maximum d’acquis pour les périodes à venir . Celui qui donne peut être payé en retour, disait l’adage. Nous en avons pour preuve le tout récent vote de confiance qui a permis à Ali Laarayedh de faire le plein , à la surprise générale .

Aboussaoud Hmidi

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