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Tunis : Maintenant paie, fais-toi petit dans ton fauteuil et va chercher l’argent chez l’Oncle Sam!

Un proverbe français bien connu que le chef du gouvernement tunisien Habib Essid devrait méditer, disait que «lorsque le vin est tiré, il faut boire le calice jusqu’à la lie». La négociation est l’art de prendre d’une main la contrepartie de ce que l’on donne de l’autre, l’art aussi de faire des arbitrages, entre l’intérêt de l’individu et celui de la Nation, entre ce qui est urgent pour une partie de la population et ce qui est important pour toute la population.

Sans prétendre vouloir donner des leçons en la matière, il nous reste plausible de reprendre cette citation de François de La Rochefoucauld pour expliquer ce qui suit et qui n’en reste pas moins valable. «Ce qui fait que l’on est souvent mécontent de ceux qui négocient, est qu’ils abandonnent presque toujours l’intérêt de leurs amis pour l’intérêt du succès de la négociation, qui devient le leur par l’honneur d’avoir réussi à ce qu’ils avaient entrepris », disait à juste titre le Duc écrivain.

– Un zéro pointé en gestion de crise

Au risque de nous répéter, l’actuel chef de gouvernement tunisien n’arrête pas d’accumuler les impairs de gestion, depuis son premier conseil des ministres. Il n’a ainsi pas su gérer l’affaire de Dhehiba qui n’était qu’un avertissement que lui lançaient les contrebandiers du Sud. Il n’a ensuite pas su gérer les pressions de l’UGTT pour remettre le gouvernement autour de la table des négociations salariales alors qu’il devait déjà s’endetter pour pouvoir payer les salaires. L’actuel chef de gouvernement tunisien avait eu, juste avant d’entrer à La Kasbah, un précédent qu’il aurait pu suivre, une sorte de jurisprudence qu’il aurait pu défendre. Juste avant lui, l’ancien chef de gouvernement Mehdi Jomaa avait, des mois durant, su tenir tête au SG de l’UGTT, su faire le dos rond face à toutes ses pressions et maintenu jusque sa sortie, son NON catégorique à toute augmentation salariale pour l’exercice 2015. Essid persévère dans l’erreur et l’autisme et perd tous les rounds de négociations. Il ne soutiendra pas son ministre de l’Education qui finira par donner aux professeurs de l’enseignement secondaire tout ce qu’ils demanderont. Il ne tiendra pas parole, en jurant qu’il ne donnera pas à Houcine Abassi plus de 45 DT en augmentation salariale au titre de l’année 2014. Auparavant, il aura déjà presque tout perdu, en donnant tout et en acceptant de négocier pour 2015, sans rien arracher à l’UGTT en matière d’accords sur les grandes réformes, surtout celle des régimes de sécurité sociale, sur la loi du PPP que l’UGTT remet déjà en cause, sur le volet de la productivité et autres. Pour tout cela, celui qui n’a pas su être lion, oubliait qu’il avait en face de lui des experts en matière de négociation, un exercice pour lequel ils étaient très bien formés et rodés.

– La bourse ou l’avenir. Essid a choisi !

A la minute où il a accordé la première augmentation salariale, Habib Essid signait déjà son manque flagrant, tant en matière de négociation et d’arbitrage entre les intérêts de l’Etat et ceux d’une toute petite partie de la population. Il signait par la même occasion son large déficit de communication, comme le lui a récemment fait remarquer le Cheikh des Islamistes et son partenaire au pouvoir, Rached Ghannouchi. Le chef du gouvernement négociait seul, mal et sans vouloir prendre à témoin tout un peuple dont il engageait le budget, dilapidait les deniers publics et l’endettait pour des années. Depuis le début de l’année, le gros de toutes les ressources de l’Etat va aux salaires alors que tous les paramètres de production et de productivité vont à la baisse (Voir notre article)

Visiblement, la «stratégie» de négociation adoptée par le duo Habib Essid-Ammar Youmbaï, était de rechigner et de reculer pour mieux donner. La technique de l’UGTT était visiblement de prendre et demander plus, commencer par les enseignants du secondaire et les faire suivre par ceux du primaire. Ils créeront ainsi le précédent, l’acquis que le gouvernement ne pourra plus renier. Devraient suivre dans la foulée tous les autres secteurs auxquels les précédents gouvernements avaient promis des augmentations et avec lesquels ils avaient signé des accords. Le piège se refermera ainsi sur le gouvernement Essid. Il n’aura plus qu’à payer et se taire. Le ministre des Finances avait déjà averti le SG de l’UGTT qu’il lui faudra encore s’endetter et Abassi lui aura répondu que «c’est votre affaire». Slim Chaker a déjà essuyé la première savonnade du FMI à l’occasion du dernier voyage à Washington. Il s’y fera. Les USA ont déjà promis leur garantie pour un second emprunt de 500 MUSD. La Tunisie le prendra et Dieu sait ce qu’elle a donné en contrepartie. Certaines sources affirment que l’une des dispositions du fameux mémorandum signé à Washington, prévoyait déjà un mécanisme de contrôle, par les Américains, des dépenses des aides octroyées à la Tunisie. Qu’on ne parle donc plus de souveraineté de la décision nationale. Tout cela pour que tous nos salariés puissent augmenter leurs salaires sans retrousser les manches, se remettre au travail et travailler plus que toutes les années passées. Merci la révolution !

Khaled Boumiza

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