AccueilLa UNETunis- Nouveau chef du Gouvernement pour de nouveaux enjeux

Tunis- Nouveau chef du Gouvernement pour de nouveaux enjeux

A la suite de fuites organisées tout au long de la journée de jeudi 21 février 2013 , Ennadha vient d’annoncer officiellement , dans un communiqué signé de la main de son leader, Rached Ghannouchi , que Hamadi Jebali a décliné l’offre de présider le nouveau Gouvernement . Le communiqué souligne la poursuite des consultations en vue de proposer au président de la République un nouveau chef du Gouvernement avant la fin de la semaine.

Ghannouchi et son parti semblent donc reprendre les choses en main , et seront le pivot axial de toutes les consultations et manœuvres qui vont donner naissance à ce nouveau Gouvernement .

Le chef du Gouvernement sera donc un des nahdhaouis notoires représentant l’aile dure du parti islamiste :Mohammed Ben Salem , Noureddine B’hiri , Abdellatif El-Mekki ou Ali Laarayedh . La procédure de désignation du chef du Gouvernement revient à Ennahdha ,après des hésitations générées par les élucubrations des constitutionnalistes qui ont donné au président de la République le droit de désigner un chef de Gouvernement sans tenir compte de l’avis d’Ennahdha (personnalité indépendante ) , ou encore contre son avis en reconduisant Hamadi Jebali pour réaliser un programme qui a pour vocation de la marginaliser .

Ennahdha est donc, par un coup de maître, parvenue à se faufiler entre 3 grands obstacles : le premier est son exercice catastrophique du pouvoir caractérisé par un esprit partisan et une gestion calamiteuse des affaires de l’Etat ; le deuxième est son isolement total vis-à-vis des forces politiques du pays ; le troisième est le bilan dangereusement lourd de la recrudescence de la violence , illustrée par l’assassinat tragique de Chokri Belaid, le 6 février dernier .

Rached Ghannouchi redevient donc- malgré ces tares – l’épicentre de la vie politique en accédant au statut de meneur de jeu en proposant , coupant les ponts ou renouant le contact avec telle ou telle force politique . Le dernier mot lui reviendra, et la proposition finale sera la sienne.

Evidemment, le prochain Gouvernement ne pourra se prévaloir d’un bilan meilleur que celui du gouvernement sortant ; et son chef, une fois raisonné et assagi, n’aurait pas un sort différent de Jebali: il serait rejeté par le système et remplacé sans états d’âme.

Reste la question sur les rapports Gouvernement – opposition . Est-ce qu’ils peuvent s’améliorer pour le bien de la période transitoire ?

L’opposition, ayant partie liée avec l’opinion publique, et qui a vu ses revendications et doléances incarnées dans le nouveau discours de Jebali , et se déclinant pertinemment dans les conditions énoncées dans son speech de démission , voit en son élimination une fin de non- recevoir à ses désidérata .

Seulement, cette nouvelle équation politique rend le travail de l’opposition beaucoup plus difficile .La coalition gouvernementale sera forcément élargie, et ses composantes variées seront en mesure de défendre les choix gouvernementaux plus efficacement que ne l’a fait la Troïka envers le gouvernement Jebali .

L’autre élément négatif de l’opposition a trait aux derniers développements qui ont pour effet de la désorienter, malgré la justesse de ses analyses. L’agenda électoral, lui, pèsera sur cette opposition qui n’a pas su développer un discours nuancé et convaincant, capable de se démarquer du radicalisme de la rue et l’ouvriérisme, péchant par des revendications excessives .

L’opposition doit se redéployer physiquement et géographiquement, mettre à niveau son discours et revoir les thèmes de ses critiques de l’action gouvernementale, pour se tailler un espace sur l’échiquier politique en cette 3ème période transitoire qui conduira aux élections, dans les mois qui viennent .

Les enjeux de cette période sont de taille, pas uniquement pour les acteurs politiques, mais surtout pour le pays , car cette période doit voir les acquis des périodes précédentes consolidés , et les jalons des périodes à venir posés .

De grands malentendus ont caractérisé les périodes précédentes: la 1ère qui a pris fin avec les élections du 23 octobre, a permis aux forces politiques quelles que soient leur taille et la pertinence de leur programme , de prendre part à l’élaboration des choix du moment , et leur a donné une légitimité factice qu’ils n’ont cessé de revendiquer lorsqu’elle n’a plus lieu d’être ;la 2ème qui a pris fin avec la démission de Hamadi Jebali , et qui vu la légitimité ballottée par la loi de la rue , l’Etat bafoué , et l’opposition marginalisée au nom de la loi de la majorité ; les forces en présence se sont ainsi neutralisées pour installer un statu quo qui n’a servi aucune partie . Et même la conscience générée dans le feu de l’action a été dilapidée. La 3ème période qui commence dans les jours qui suivent, devra théoriquement s’instruire de toutes les leçons précédentes. Mais, la manière avec laquelle la précédente a pris fin laisse sceptique quant à l’issue de cette nouvelle phase.

Aboussaoud Hmidi

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -