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Tunis : Que celui qui n’est pas fier de sa nationalité aille voir ailleurs !

Un nouveau débat secoue, depuis quelques jours, les fauteuils de l’ANC (Assemblées Nationale Constituante) avant même que ne réapparaisse les velléités d’Ennahdha de revenir sur l’article instituant la liberté de culte ou de conscience en tant que liberté garantie par la prochaine constitution tunisienne. Il s’agit du débat sur les conditions de la candidature à la magistrature suprême, le poste de président de la République qui se focalise sur la condition de la double nationalité.

Depuis la création de la 1ère République, par Habib Bourguiba en 1959, le Chef de l’Etat tunisien était «exclusivement de nationalité tunisienne, de religion musulmane, de père, de mère, de grands-parents paternel et maternel tunisiens, demeurés tous de nationalité tunisienne sans discontinuité».

Cette condition, allégée dans la loi sur l’organisation provisoire des pouvoirs publics et dans la nouvelle constitution, se voulait surtout garante de l’indépendance de toute décision prise par le chef d’Etat tunisien. Elle se voulait aussi, garante de l’ancrage de la direction de ce pays dans les origines, socioculturelles et religieuses de la société du pays, dit dans la Constitution «Etat libre, indépendant et souverain» dont la religion est l’Islam et la langue officielle l’arabe.

Marié à une Française, Habib Bourguiba n’a jamais essayé de prendre la nationalité du colonisateur qui a asservi la Tunisie pendant 75 ans.

Prenant les rênes du pouvoir, à la faveur d’un coup d’Etat constitutionnel (les élections de l’ANC n’ayant eu pour objet la gouvernance), les nouveaux gouvernants mettent en avant leur enracinement dans la société tunisienne et sa religion. Voici cependant que la Constituante, qui défend dans un article adopté par accord de toutes ses composantes, permettant à tout binational de pouvoir prétendre à la magistrature suprême et de se porter, en cette qualité, candidat aux élections présidentielles.

Ce débat intervient, faut-il le signaler, dans une Tunisie de l’après Ben Ali, où nombre de ses dissidents avait fui sa dictature pour l’étranger. Certains avaient même fait le choix du recours à la binationalité pour se mettre à l’abri des persécutions de l’ancien régime. On ne sait pas leur nombre, ni leur identités, mais on imagine mal que ceux qui défendaient cet article du projet de Constitution tunisienne, n’aient aucun projet politique. La binationalité reste ainsi un choix qui est toujours délibéré, un choix de société et d’allégeance, même lorsqu’il est hérité des parents, dans la mesure où il est toujours possible de revenir sur ce choix.

Imaginons alors, un chef d’Etat en Tunisie portant allégeance à un autre Etat, la nationalité étant par excellence une allégeance au territoire, aux principes et aux lois de cet Etat. Une fois aux commandes de l’Etat tunisien, comment alors s’assurer qu’il serve uniquement les intérêts nationaux dans un monde où les interférences économiques et les pressions politiques sont chose courante. Imaginons aussi, qu’un prochain président tunisien puisse voyager avec un passeport étranger alors qu’il représente la Tunisie. A quel hymne national rendra-t-il alors hommage et quel drapeau saluera-t-il en premier ? Loin d’être raciste ou xénophobe, la question est légitime , car elle concerne une fonction qui n’est pas comme les autres, celle du représentant suprême de tout un peuple devant toutes les Nations du monde, et qui déclare la guerre et signe la paix en son nom . Une fonction suprême qui représente l’ultime rempart de la défense des intérêts nationaux. Quels intérêts défendra alors un binational ? Quelle crédibilité diplomatique donnera-t-on à un président à deux allégeances devant le concert des Nations ?

On pourrait accepter que le candidat à « deux cœurs » s’engage à se délester de sa deuxième nationalité. La question se poserait alors de savoir comment s’assurer qu’il le fasse sur le plan pratique. Devra-t-il en faire annonce en public ou cela restera confidentiel ? Et si cela reste confidentiel, qui s’assurera qu’un tel chef d’Etat ne trahirait pas un jour le drapeau tunisien qu’il doit, en théorie, défendre au prix de sa vie ?

La symbolique de la candidature à la magistrature suprême, illustre d’abord une fierté de l’ indéfectible allégeance à l’Etat, à ses institutions, à ses lois et à son modèle de société. Que la conjoncture politique oblige quelqu’un à s’exiler et à saluer temporairement le drapeau d’une autre nationalité pour se mettre à l’abri de cette conjoncture, soit. Mais que le bicéphalisme et la double personnalité politique soit permise, pour la plus haute fonction de l’Etat, cela nous semble être un choix contraire à la sacralité des principes de l’Etat, souverain et indépendant que tout chef d’Etat jure, la main sur le Coran, de défendre au prix de sa vie.

Khaled Boumiza.

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