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Tunis- Tourisme: Il est trop tard pour la saison 2014, affirme le président de la FTH

Le président de la Fédération Tunisienne de l’Hôtellerie (FTH), Radhouane Ben Salah reconnaît l’existence d’éléments qui freinent le développement du secteur touristique notamment avec la prolifération de l’insécurité et l’exacerbation des tiraillements politiques.

Il a exhorté le gouvernement à trouver les solutions adéquates pour relancer l’activité touristique en se concentrant comme il se doit sur les programmes de promotion et d’amélioration de la qualité pour 2015. Interview :

Comment jugez-vous le rendement du premier responsable de l’un des secteurs clés de l’économie tunisienne ?

Quand Mme Amel Karboul a été nommée à la tête du ministère du Tourisme, nous étions en plein optimisme notamment avec l’adoption de la nouvelle constitution et la formation d’un nouveau gouvernement qui avaient suscité un élan de sympathie à travers le monde. Nous aurions préféré exploité cet élan sachant qu’on a commencé, à partir de ce moment, à parler de quelques défaillances qui entachent le bon déroulement de la saison.

Comme point de départ, nous avons évoqué le volet environnemental. On a parlé avec le ministère de l’Intérieur qui a pris les mesures nécessaires pour y faire face. Des séances de formation ont été dispensées aux agents de sécurité travaillant dans les unités hôtelières. Ajoutons à cela l’acquisition d’équipements pour assurer la surveillance de ces unités. Il est vrai que certains hôteliers n’ont pas complété ce matériel, mais ils sont en train de sensibiliser leurs employés.

En dehors de tout cela, la sécurité dans le pays connaît, ces derniers temps, un recul inquiétant et qui était malheureusement rapporté par plusieurs médias étrangers. C’est un élément qui ne peut que freiner le développement du secteur.

De toutes les façons, nous avons relevé, depuis fin avril, un fléchissement des arrivées et des réservations. On a eu aussi pendant le mois de mai quelques annulations à l’instar de la Pologne dont les autorités ont déconseillé à leurs ressortissants de ne pas visiter la Tunisie. C’est un handicap majeur, et des charters ont même été annulés.

De même, on a aussi observé un fléchissement du marché allemand qui avait pourtant commencé l’année avec une augmentation à deux chiffres, soit 13%

Vous parlez d’un fléchissement à un moment Amel Karboul a misé sur l’entrée de 7 millions de touristes ?

C’était l’objectif du gouvernement au début de l’année. Il faut dire qu’à ce moment-là, toutes les prémices sont favorables pour rendre cet objectif réalisable. Mais avec l’insécurité et les tiraillements politiques, on doit se résigner à reconnaître qu’il y a des éléments qui entravent la relance du tourisme.

A fin mai, on a affiché un recul de 2,2% du marché européen en termes d’entrées. Ce régression est due essentiellement aux réalisations de ce mois, jugées très mauvaises. Il ya aussi la baisse des marchés français et allemand ainsi que le marché scandinave. Le marché italien a fait exception en continuant à s’améliorer.

En juin, on devrait avoir un remplissage très intéressant puisque le mois de mai était très mauvais. La moyenne de réservation n’est qu’à 50% de la capacité alors qu’au mois du juillet, le nombre va certainement évoluer.

Le seul espoir d’augmenter les chiffres réside dans les deux mois de septembre et d’octobre. Pour le moment, on n’a pas encore d’indication précise, mais on attend une réaction positive de la part des tour-opérateurs.

A priori, l’objectif de 7 millions de touristes en 2014 reste un objectif difficile à atteindre. La seule possibilité est de réaliser les mêmes chiffres de l’année précédente. Nous allons nous retrouver dans une situation similaire à celle de 2013 où les hôteliers affichaient une rentabilité nulle. La situation de l’endettement va s’aggraver et la fermeture des hôtels vont se faire rapidement.

La situation va s’aggraver puisque nous espérions une relance du tourisme au début de l’année tout en considérant 2014 comme une année charnière importante qui était le levier du développement pour le futur tourisme tunisien. Ces résultats peu satisfaisants vont retarder son développement en 2015. Les chiffres qui nous espérions atteindre en 2020 demeurent difficile à réaliser.

Cependant, on reste optimiste et il est temps de se concentrer sur les programmes de promotion et d’amélioration de la qualité pour 2015 parce qu’on ne peut rien faire pour cette saison. C’est trop tard et même si on essaye de lancer des actions, elles ne donneront pas les résultats escomptés.

Amel Karboul a fait beaucoup des promesses afin de promouvoir la destination Tunisie alors que les professionnels sont inquiets. Qu’en pensez-vous ?

C’est vrai, Amel Karboul, au début, a espéré avoir une très bonne année, mais elle n’a pas réalisé qu’il avait des éléments qui risqueraient de gêner ce développement. On a continué à parler d’une année intéressante ou exceptionnelle. Ce n’est pas vrai et les réalisations sont négatives en mai et les perspectives sont beaucoup moins bonnes.

Qu’en est-il de la campagne de propreté menée récemment par Amel Karboul ?

Nous avons mis l’accent sur ce point. D’ailleurs, une réunion a eu lieu récemment au siège du ministère au cours de laquelle plusieurs questions ont été soulevées. Malheureusement, on est en retard et la campagne de nettoyage devait se terminer au mois de mai.

Peut-on justifier ce retard par le manque de coordination entre les professionnels ?

La ministre était en contact permanent avec le ministère de l’Intérieur ou celui de l’environnement. Un programme a été convenu pour ramener le pays vers une meilleure situation satisfaisante en matière de propreté. Malheureusement, l’exécution n’a pas suivie pour plusieurs raisons probablement faute d’une coordination à l’échelle régionale ou d’une manque de moyens au niveau des municipalités.

Que demandent les hôteliers ?

Nous demandons de faciliter la trésorerie pour essayer de mettre à niveau les équipements et les installations des établissements hôteliers, de mieux s’approvisionner et ce, pour mieux accueillir les clients. Cette trésorerie tarde à venir, mais nous continuons à la demander. Heureusement, la ministre nous a assuré que des réunions ont eu lieu avec les responsables du métier pour trouver une solution.

A coté du problème conjoncturel, il y a le problème de l’endettement, qui reste un handicap structurel pesant lourd sur l’hôtellerie. Un endettement qui s’accumule au fil des années, la situation devient très difficile et, par conséquent, l’hôtelier n’a pas les moyens de renouveler ses équipements ou bien restaurer son établissement.

Il est à rappeler que le taux de l’endettement s’est élevé à 3414 millions de dinars sachant qu’une partie de ce montant est payé régulièrement par les hôtels, soit 40% du taux global. Il y a des hôteliers qui payent partiellement leurs dettes. Mais, une partie de ce montant estimé à 800 millions de dinars n’était pas payée. Il ya aussi la taxe sur la nuitée qui serait imposée à partir d’octobre prochain. Nous sommes sérieusement contre cette taxe, car on impose à l’hôtelier une récupération d’une taxe qui n’est pas la sienne. Un autre souci est lié à la clientèle algérienne et libyenne qui ne payent pas et qui consomment beaucoup sur la caisse de compensation, alors que les recettes de ces taxes sont destinées à la promotion et la diminution de poids de la caisse de compensation.

Pour ce faire, nous avons proposé un payement de dix euros à l’arrivé au point de frontière et on a déjà donné les moyens pratiques pour recevoir cet argent. Cette formule générerait le double de la recette sur les premiers hôtels.

Wiem Thebti

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