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Tunis-verdict de la justice militaire : Une « farce judiciaire », selon le comité de défense

Au delà des réactions de colère et de déception, le verdict rendu dans l’affaire des martyrs de la révolution n’a pas fini de soulever moult questions notamment sur la nature et la portée de cette décision au regard des accusations retenues. L’affaire, rappelle-t-on, portait sur la répression meurtrière des manifestants, notamment dans le Grand- Tunis, Kasserine et Sfax qui a fait environ 70 morts.

Pour le comité de défense de ces familles, le verdict rendu est une « farce » judiciaire au sein d’ « un système militaire et judiciaire corrompu et même une atteinte à la mémoire des martyrs et blessés de la révolution ».

Lors d’un point de presse tenu, ce mardi 15 avril, Omar Safraoui, membre du comité a déclaré que « l’on est face à une catastrophe puisque la justice militaire n’a jamais fait montre d’autant de médiocrité dans son histoire ».

Plusieurs questions se posent. Pourquoi le tribunal militaire a-t-il prononcé de tels jugements ? Qui est derrière cette affaire ? Qui veut vraiment précipiter le pays dans le désordre ? Omar Safraoui a imputé la responsabilité de ce qui s’est passé aux juges du tribunal militaire, mais aussi aux autorités officielles, à commencer par le président de la République provisoire, Moncef Marzouki qui n’a pas réagi au départ. « Nous avons informé le président que le tribunal militaire n’était pas sur la bonne voie, mais Marzouki n’a rien fait », a expliqué l’avocat précisant que les rouages de l’Etat ont dysfonctionné et que la justice militaire a tenté de convaincre les familles d’accepter les indemnités et partant clore le dossier.

Pour Omar Safraoui, toutes les personnes qui ont participé à l’élaboration des verdicts notamment le directeur de la justice militaire, doivent assumer leurs responsabilités. Il a, dans ce contexte, jugé utile d’accorder un congé de longue durée à ces derniers en attendant la formation d’une commission chargée de dévoiler les noms des personnes qui sont derrière ces verdicts. Ajoutons à cela l’interdiction de voyage contre tous les accusés relaxés par le tribunal militaire.

Le tribunal militaire a voulu bafouer les droits des martyrs

Ce tribunal demeure l’objet d’accusation de la part des avocats, mais aussi de la part des composantes de la société civile. C’est le cas du président de l’association de Défense des droits des martyrs, Ali Mekki, qui n’a pas manqué d’affirmer que le tribunal militaire a tenté à bafouer les droits des martyrs. Pour justifier son argumentaire, il a noté que le juge d’instruction au tribunal militaire au Kef lui a dévoilé un document confidentiel du ministère de l’Intérieur, signé par l’ex-ministre Habib Essid, dans lequel il l’invite à ne pas poursuivre les responsables sécuritaires Moncef Ajimi et Moncef Krifa. « Le juge d’instruction m’a annoncé que lui et sa famille étaient menacés » a-t-il déclaré.

Leila Haddad, avocate, n’était pas en reste signalant que tous les documents prouvent l’implication de la justice militaire et du corps sécuritaire dans cette affaire. « Les preuves que nous possédons établissent une étroite relation entre les cadres sécuritaires et ceux présents sur les lieux des confrontations, lors des événements de la révolution», a relevé l’avocate en présentant le dossier envoyé à la justice militaire, mais qui n’a pas été pris en considération.

Outre les documents, les expertises médicales démontrent que plusieurs martyrs ont été touchés au niveau d’endroits sensibles, confirmant, ainsi, l’hypothèse de recours au meurtre avec préméditation.

Mouvement de protestation, ce mercredi

Sur un autre plan, les mouvements de protestation se poursuivent. Une marche sera organisée, mercredi 16 avril, à partir de la cour d’appel militaire de Tunis en direction du siège de l’ANC.

Cette manifestation vient en relais à d’autres mouvements qui ont eu lieu dans plusieurs régions. Pour rappel, plusieurs manifestants ont bloqué aujourd’hui le croisement principal entre la cité Ezzouhour et le centre ville de Kasserine. De même, une marche de protestation a été aussi observée dans la même région avec la participation de plusieurs composantes de la société civile, des familles des plaignants et des représentants de partis politiques.

Wiem Thebti

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