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Tunisie : A qui profite le marché noir ?

Le marché parallèle demeure un casse-tête pour les pouvoirs publics, et ses répercussions ont dépassé le seuil de l’intolérable alors que les hommes politiques sont occupés à s’enguirlander copieusement, même si le Dialogue national en a atténué quelque peu les ardeurs. A vrai dire, le marché parallèle n’est pas un phénomène nouveau mais très ancien et difficile à combattre. « Il représente environ 40% du PIB du de la Tunisie, contre 20% pour la Chine et entre 80 et 90% dans l’Amérique Latine », a indiqué l’expert économique, Fethi Nouri, dans une interview au bulletin du Forum économique et des affaires tunisiens (FEAT). Et de préciser que l’agent de la sécurité, aujourd’hui, au lieu de protéger le citoyen et l’économie, se trouve mobilisé dans la lutte contre le terrorisme, et l’armée qui devrait protéger le pays et défendre ses citoyens, se trouve elle aussi en première ligne pour venir à bout du fléau terroriste. »

Selon lui, environ 320 mille personnes vivent aujourd’hui du marché noir et 29% de la main d’œuvre active sont employés dans ce secteur non réglementé. Ces derniers ne paient pas les impôts et ne bénéficient pas de la couverture sociale. En ce qui concerne les réponses à ce phénomène, Fethi Nouri a évoqué la nécessité de tarir les sources de ce trafic et d’intensifier le contrôle non seulement avec les ressources humaines, mais aussi avec les équipements que requiert ce chantier à la fois économique et social dans la mesure où il importe de « recycler » et réinsérer ceux qui y travaillent, dans d’autres circuits forcément organisés.

Les commerçants sont les seuls bénéficiaires !

Au sujet de la spirale de la hausse des prix, l’expert économique a expliqué que le phénomène de l’inflation s’est propagé en Tunisie, depuis l’année 2012, soulignant que, durant les 50 dernières années, le taux de l’inflation été de 5,5% et de 3,5%, au cours des 15 dernières années, alors qu’aujourd’hui, le taux varie entre 6 et 6,4%. Selon lui, ce taux reste très grave par rapport aux partenaires économiques de la Tunisie à l’instar du Maroc dont le taux d’inflation est de 2% ou encore l’Europe (2%), ce qui pénalise la compétitivité de l’économie tunisienne et détériore le pouvoir d’achat du citoyen. Et de préciser que la maîtrise de la situation dépendra de deux facteurs, à savoir augmenter encore plus la production de biens et de services et contrôler les circuits de distribution, ce qui n’est pas possible avec les difficultés actuelles de la machine économique. Selon lui, la Révolution a profité, seulement, aux commerçants, et ce à tous les niveaux.

S’agissant des réticences du secteur bancaire à financer les projets, il a fait remarquer que le financement de l’économie des entreprises se mesure, essentiellement, à l’aune des crédits à moyen et à court terme, alors que les prêts à court terme qui sont souvent destinés à la consommation ont augmenté, durant les 8 premiers mois de l’année 2013, de 0,1% contre une hausse de 5% enregistrée, durant la même période de l’année 2012, ce qui explique la réticence des établissements de crédit à financer l’économie, et ce qui se traduit par la lenteur et l’inconsistance des investissements.

Fethi Nouri a expliqué la réticence des banques à financer les projets par la pression que subissent les institutions financières en termes de liquidité alors que la Banque centrale de Tunisie (BCT), intervient, quotidiennement, sur le marché monétaire, pour permettre à ces banques d’assurer le financement de l’économie nationale.

70% des budgets des entreprises nationales vont aux salaires

Il a estimé, d’autre part, que les demandes sociales notamment en termes d’emploi dépassent de loin la capacité de l’économie nationale, bien qu’après la révolution, on note une impulsion significative de l’emploi dans la fonction publique et le secteur privé, ce qui a contribué à la baisse du taux de chômage d’un point et demi.

Fethi Nouri, a appelé, dans ce cadre, à la nécessité d’accélérer le rythme de la croissance, de la relancer sur des bases solides, outre l’urgence de pallier les failles et les lacunes léguées par l’ancien régime dans l’objectif de faire de l’économie tunisienne une économie à forte employabilité. Et de préciser que l’emploi anarchique bat en brèche la compétitivité et ne favorise pas la production et sa rentabilité, soulignant que 70% des budgets des entreprises publiques sont alloués aux salaires, ce qui n’est pas, selon lui, raisonnable.

Khadija Taboubi

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