Après avoir apporté un franc soutien à la candidature de Mehdi Jomaâ au poste de chef du gouvernement, la présidente de l’Utica, Wided Bouchamaoui fixe un cap que l’organisation patronale estime nécessaire et prioritaire pour la prochaine équipe ministérielle. Une semaine après la nomination officielle de Mehdi Jomaâ, et alors que celui-ci s’attelle à la formation de son cabinet, voici que Wided Bouchamaoui annonce une feuille de route que le nouveau locataire de la Kasbah est appliqué à mettre en œuvre.
Lors d’une conférence de presse tenue, ce jeudi 16 janvier 2014, la présidente du patronat a rendu public les grandes lignes du programme économique échafaudé par l’UTICA. Un programme qui reprend les récurrentes revendications et positions des patrons déjà exprimées à maintes reprises. « Il faut veiller à la neutralité de l’administration et à la neutralisation des mosquées ! Il faut instaurer beaucoup plus de sécurité et de stabilité, assurer les grands équilibres financiers et budgétaires, lutter contre le secteur informel, réduire les droits de douane, améliorer le pouvoir d’achat des Tunisiens, trouver des solutions à la flambée des prix, réduire les taxes sur les sociétés exportatrices et développer les régions défavorisées», ce sont là, selon l’UTICA, les priorités de la période prochaine.
Les professions de foi de Wided Bouchamaoui !
Wided Bouchamaoui reconnaît cependant la gravité de la conjoncture économique et sociale en soulignant que le prochain gouvernement n’aura pas la baguette magique pour réaliser tout ce dont il est redevable, mais, ajoute-t-elle, il faut au moins préparer un terrain propice pour l’action y afférente.
Elle a dressé un tableau sombre de l’économie tunisienne, annonçant que 2014 sera une année très difficile pour le pays et qu’on ne doit pas espérer plus de 2,6% de croissance au cours de cette année, comme prévu par la Banque mondiale : « Il ne faut pas se faire d’illusion ! On est à la mi-janvier et nous n’avons toujours pas de gouvernement, ni de loi des finances complémentaire, ni de date pour les prochains élections », a-t-elle dit.
Selon Wided Bouchamaoui, le secteur informel accapare 52% du marché national, appelant l’Etat à renforcer le contrôle des frontières avec l’Algérie et la Libye, et à s’attaquer aux sources principales du trafic avant les marchands ambulants qui souffrent très souvent du chômage, selon ses dires. Pour réduire les charges fiscales et autres sous lesquelles ploie le secteur formel et négocier la réinsertion de celui informel dans la machine économique, Boucahmaoui a appelé, également, à réduire les droits de douane frappant certains produits dont principalement ceux de première nécessité.
Elle a précisé, à cet égard, que les pertes annuelles du Port de Radés s’élèvent à 80 millions de dinars en raison des perturbations, des lenteurs des formalités relatives aux marchandises, soulignant qu’elle a appelé depuis toujours à l’extension de ce port, mais sans résultat.
2014, année de l’Afrique !
Suite à la crise en Europe, la Présidente de l’Utica a appelé à cibler de nouveaux marchés promoteurs, tels que ceux d’Afrique : « 2014 sera l’année de l’Afrique », a-t-elle dit, précisant que plusieurs entreprises tunisiennes ont réalisé, déjà, beaucoup de succès sur le continent. Et d’ajouter que plusieurs opérateurs tunisiens ont manifesté leur intérêt pour s’implanter en Afrique notamment dans les secteurs des assurances, du leasing ou encore du transport terrestre et maritime.
Elle a affirmé, en outre, que la Tunisie a accusé un grand retard dans la conquête du marché africain en comparaison avec le Maroc présent en Afrique depuis longtemps, appelant, également, la Tunisie à renforcer ses échanges avec les marchés maghrébins, mais sans oublier ses relations avec l’Union européenne qui ne devraient pas être placées à l’enseigne du « Low cost » et tout en respectant les normes internationales.
Khadija Taboubi
