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Tunisie : Baghdadi Mahmoudi pulvérise la troïka

L’ex-premier ministre libyen, Al Baghdadi Mahmoudi étant maintenant aux mains de ceux qui le réclamaient à cor et à cri, le destinant à on ne sait quel sort, le conflit change maintenant de belligérants pour devenir tuniso-tunisien, plus précisément entre le président de la République provisoire, Moncef Marzouki et le non moins provisoire chef du gouvernement, Hamadi Jebali.

Au terme de quelques mois de tiraillements et de faux-fuyants, le gouvernement a franchi le Rubicon en décrétant que Al Baghdadi Mahmoudi, doit être livré aux autorités libyennes, et cela a été fait presque à la sauvette, le dimanche 24 juin 2012, à l’aube, à l’insu et sous le nez d’un chef de l’Etat qui croyait, probablement à raison, qu’il en était un , croyant dur comme fer qu’en vertu des pouvoirs qui lui sont reconnus, il pouvait empêcher l’acte d’extradition en refusant de signer le décret y afférent. Peine perdue, puisque le chef du gouvernement a imposé sa primauté et permis au pouvoir en place en Libye de récupérer un « butin de guerre » d’autant plus précieux qu’il a vocation à avoir rang d’atout dont les nouveaux gouvernants libyens se serviraient à de maintes fins. D’aucuns soutiennent, sans être à court d’arguments, qu’il s’agit d’un marché dont les termes sont pour l’heure gardés secrets, et dont les uns et les autres devraient tirer de réels dividendes économiques et politiques, mais qui est, en toute rigueur sémantique, moralement blâmable et condamnable.

D’ailleurs, dès dimanche soir, la présidence de la République, a exprimé son « refus catégorique de l’extradition de Baghdadi Mahmoudi », dénonçant « une décision illégitime, prise de manière unilatérale sans concertation entre les trois présidences et sans l’accord du président de la République ».

Le porte-parole de la présidence, Adnène Mancer, a imputé à Hamadi Jebali, qui a signé l’extradition, « l’entière responsabilité de tout ce qui peut arriver à Mahmoudi et des répercussions qui peuvent en découler sur la Troïka ». Accusant Jebali d’avoir « transgressé ses prérogatives », le porte-parole a annoncé que l’affaire serait portée devant l’assemblée nationale constituante, seule habilitée à trancher en dernier ressort.

Par-delà cette « gesticulation » verbale, la question qui se pose à l’heure actuelle est de savoir ce que va faire Moncef Marzouki face à ce camouflet qui lui a été infligé par le chef du gouvernement. Va-t-il le démettre et le remplacer par un autre, comme le propose son ex-conseiller économique, Chawki Abid, qui suggère déjà le nom du nouveau locataire du palais de la Kasbah, en la personne du ministre de l’Intérieur, Ali Laarayadh ? Décidera-t-il de démissionner et de rendre le tablier, histoire de laver cet affront et administrer la preuve qu’il s’attache plus aux valeurs pour lesquelles il a longtemps milité qu’au palais de Carthage où il penserait diriger le pays comme le fait un vrai président de la République, fût-il provisoire ? L’hypothèse est avancée de maintes parts, mais, apparemment, elle n’a pas l’heur de remporter l’adhésion d’un président, déjà engagé dans une campagne électorale qui ne dit pas son nom, et que ses partisans présentent comme le »candidat naturel » du parti CPR aux prochaines élections présidentielles, pour peu que le choix des constituants privilégie le régime présidentiel. Dans ce maquis d’hypothèses et de conjectures, il est une déclaration qui ne peut passer inaperçue, celle faite par le directeur du cabinet présidentiel, ce matin même, qui a affirmé que « la démission de Marzouki n’est pas à l’ordre du jour ». La cause est-elle pour autant entendue ? En attendant que l’assemblée nationale constituante, saisie par le président de la République pour statuer sur la « transgression de prérogatives » dont il se dit victime, dise son dernier mot et rende son « verdict », la scène politique tunisienne est livrée à un climat délétère dont on devine mal l’issue. D’autant que le troisième partenaire de la troïka, le président de l’ANC et le chef historique du parti Attakatol, continue de se murer dans un mutisme, à tout le moins déroutant, et que l’on soupçonne d’être bienveillant pour le chef du gouvernement Hamadi Jebali.

Au demeurant, ce dernier semble avoir abandonné les bras de fer à fleurets mouchetés qu’il avait l’habitude de livrer à tous ceux qui ne s’accommodait pas de la manière dont Ennahdha gouverne le pays et encore plus de ses projets pour la Tunisie, pour engager une franche épreuve de force avec ses opposants, et même ses alliés de la troïka, à la moindre velléité de « désobéissance ».

Une façon encore plus pertinente de montrer que le gouvernement en fait à sa tête, édicte les lois qu’il veut par le truchement de sa majorité à l’assemblée constituante, nomme ceux qu’il veut bien nommer aux postes-clés de l’Etat, en un mot comme en mille, gère le pays sur le mode qui lui sied.

Mohamed Lahmar

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