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Tunisie : Béchir Zaafouri ou, «la plus belle fille au monde qui ne peut donner que ce qu’elle a» !

La Tunisie du Gouvernement nahdhaoui, avait commencé l’année 2012, par une inflation à 5,5 %. Elle finit le 8ème mois de cette même année, avec une inflation à 5,6 %. Si on excepte du couffin de la ménagère les produits compensés et les produits administrés, on se rend compte que le taux de l’inflation vole nettement plus haut. Depuis janvier dernier, les variations mensuelles n’ont jamais été à la baisse et les multiples décisions du ministre du Commerce pour fixer certains prix de denrées essentielles, n’ont pu rien y faire. Sur cet état des lieux, plutôt pessimiste, le ministre tunisien du Commerce, Béchir Zaafouri, tire une conclusion nettement plus optimiste. En bon politicien, Béchir Zaafouri trouve le verre à moitié plein et estime qu’il reste du chemin à faire en matière de maîtrise des prix, un travail où il trouve qu’il a réussi, même si ce n’est pas assez.

«Il y a des facteurs exogènes qui incitent à être réaliste et à les comprendre », dit le ministre qui évoque alors et s’épanche sur les augmentations, parfois de 47 % de certains produits à l’importation, ou de certains composants qui représentent 80 % du prix de revient du produit. Il cite ainsi l’exemple des aliments pour volailles ou les œufs.

Zaafouri n’oublie pas ensuite le politicien qu’il est [un indépendant sur les listes d’Ennahdha], pour s’offusquer que «c’est vrai qu’on peut faire de la surenchère politique et dire qu’il [le Gouvernement] n’a peut-être pas pu faire baisser plus les prix. Mais cela ne veut pas dire que je ne veux pas faire plus ou que je suis incapable de le faire». Manifestement plus et mieux économiste qu’on ne le croyait, cet ancien cadre dans une entreprise privée [J’étais nettement mieux payé que les 4000 DT que je touche en tant que ministre], Béchir Zaafouri se meut alors en défenseur de l’entreprise. «Plus que cela, je vais détruire la machine de production », se laisse-t-il ainsi à dire, avant d’ajouter que «le consommateur doit comprendre que s’il veut acheter les œufs au prix de 2010, il faudra aussi permettre à l’éleveur d’acheter les composants de son produit au prix de 2010. Il faudra aussi lui permettre de payer ses employés au salaire de 2010 ». Le ministre du Commerce d’un gouvernement pour qui la conjoncture internationale n’a manifestement pas voté, rappelle aussi que «plus de 80 % des produits sont libres à la vente à la production, ce qui réduit notre marge de manœuvre. Avant, sous la dictature, on pouvait baisser les prix, sans se soucier des agriculteurs qui font faillite ou qui vendent leur troupeau. Aujourd’hui, il y a plus de liberté et plus de transparence, et on ne peut donc plus le faire ». Béchir Zaafouri s’avoue tout de même «entre le marteau et l’enclume, soit baisser le prix et ne pas casser la machine de production», indiquant qu’aujourd’hui, «on ne peut baisser les prix des produits de première nécessité que dans la mesure où l’on peut aussi laisser l’agriculture produire ». Lui reste donc la petite part de produits dont les prix sont homologués et où ses services de contrôle des marges fait déjà le nécessaire. Oubliant ensuite, selon nous, qu’il était «indépendant», le ministre du Commerce et de l’Artisanat, n’oublie pas, dans son explication de l’inflation galopante et les hausses continues des prix, d’égratigner l’ancien Gouverneur de la banque centrale. «Il ne faut oublier que la BCT avait baissé deux fois son taux directeur dans l’espoir de booster l’investissement et que cela n’avait eu aucun impact sur l’investissement, mais plutôt sur l’inflation». Sa panoplie d’explications de ce qu’il refuse d’avouer comme un échec du gouvernement à endiguer la hausse des prix, comprendra aussi les augmentations salariales et des primes telles que Amal «sans contrepartie dans la production, ce qui se reflète automatiquement sur l’inflation», dit-il, et il n’avait pas tort.

Poussé par nos soins à évoquer la problématique de la contrebande, le ministre a évité ou oublié de la condamner, affirmant que c’est un phénomène qui existe dans toutes les économies et qu’il existait avant la Révolution, «sauf qu’on n’en entendait pas parler car elle était entre les mains des familles de Ben Ali», appelant à «la relativiser» et estimant que la contrebande prendra fin par l’augmentation de la production qui laisserait alors la possibilité à une exportation en règle.

A bout d’argument sur ce sujet de l’augmentation des prix et des dérapages en matière de prix, le ministre finit par essayer de diluer la responsabilité de ce dossier «pour ne pas dire que seul le gouvernement doit trouver la solution, mais, c’est ensemble qu’on doit la trouver», en appelant à l’aide de la population et des médias.

Khaled Boumiza

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