AccueilLa UNETunisie-BFPME : Utile, mais peu efficace.

Tunisie-BFPME : Utile, mais peu efficace.

La Banque de Financement des PME (BFPME), est un établissement de crédit créé en mars 2005. L’État Tunisien y est actionnaire à hauteur de 60%, avec Le Groupe Chimique Tunisien (22%), Tunisie Télécom (10%), l’Office de l’Aviation Civile et des Aéroports (6%) et l’Office du Commerce de Tunisie (2%). Il intervient dans les projets dont le coût total d’investissement se situe entre 100 mille DT et 10 MDT, et cela pour tous les secteurs d’activité sauf la promotion immobilière.

Sa création a, il faut bien le dire, bien servi les promoteurs. En 6 ans d’existence, 4 612 demandes de financement ont été reçues, soit une moyenne de 3 demandes par jour. Le nombre de demandes approuvées a atteint le chiffre de 1215, pour un volume de crédits de 268 MDT (investissements de 887 MDT). Création a ainsi été faite de 1037  projets dont 55% lancés  par de nouveaux promoteurs et 178 autres ont connu extension. Le nombre de projets en exploitation est ainsi de 460. Un taux donc d’entrée en exploitation de quelque 10 % !

L’existence de cette banque a aussi débloqué plus d’une situation, chez les banques purement commerciales. 81% des crédits approuvés par la banque sont effectués dans le cadre du cofinancement avec 15 banques partenaires et bénéficient  à 861 projets, soit 71% des projets approuvés par la banque. 47% des projets financés ont fait appel à l’intervention des Sicars pour des participations de 102 MDT, 63% des projets financés ont bénéficié de l’intervention des différents fonds publics d’investissement pour 92 MDT et le Foprodi, à lui seul, est  intervenu dans 59% des projets de la BFPME, pour 90 MDT.

L’intérêt de la banque des PME est tout aussi évident pour les régions. 46% des projets financés par la banque l’ont été dans les zones de l’intérieur à travers des crédits de 125 MD permettant de réaliser des investissements de 435 MD et de créer 12 121 postes d’emploi. 53% des projets financés par la banque l’ont été aussi dans les zones de développement régional à travers des crédits de 160 MDT, permettant de réaliser des investissements de 567 MD et de créer 14 590 postes d’emploi.

 

Bonne nouvelle aussi, le plus grand nombre des projets financés par BFPME (797 projets pour 689 MDT d’investissements), l’a été dans l’industrie. Les TIC n’ont intéressé que 92 promoteurs et les services 237 projets. L’utilité de cette banque, qui fêtera en mars prochain son septième anniversaire, n’est donc plus à démontrer.

Des délais trop lents et un panier d’insuffisances.

Cette banque est  supposée faire ce que les banques commerciales ne veulent pas faire : financer l’idée du projet sans trop s’attarder sur sa bancabilité et donner crédit à ceux pour qui les autres demanderaient des garanties réelles en premier lieu.

Il y a  lieu de constater qu’entre le dépôt de la demande à la BFPME et l’entrée en phase d’évaluation, le jeune promoteur passe au moins 2 mois à se morfondre, et encore, c’est le délai officiel, puisque le réel peut aller au-delà. 3 mois (délai officiel) à attendre entre le dépôt et le simple accord de financement et 17 autres mois entre l’accord de financement et l’entrée en exploitation. Entre le dépôt et l’exploitation, ce sont, au moins et sauf complication, 20 mois à attendre par le jeune promoteur. De quoi décourager le plus téméraire, surtout en ces temps de Révolution.

D’énormes besoins restent toujours non couverts par cette banque, surtout en matière d’interventions en fonds propres. Jusqu’à ce jour, 38 projets, dont le coût d’investissement est inférieur à 500 mille DT, n’ont pas pu boucler leurs schémas de financement. Même remarque aussi pour l’intervention en financement de l’exploitation, puisque le 1/3 des clients souffrent d’un manque ou d’une absence des financements de l’exploitation. La BFPME ne finance toujours pas la transmission de PME, alors que c’est une donnée de base de l’économie que d’assurer la pérennité de l’investissement et ses emplois. La banque ne finance pas non plus les PME adjudicataires de marchés publics.

Une banque qui n’a pas de produit propre et dont le modèle financier n’assure pas ses équilibres.

Etrangement, la banque des PME ne dispose toujours pas de produits spécifiques qui se distinguent par rapport à l’offre des partenaires bancaires. Cela, alors que le Foprodi reste chez l’Api qui est loin d’être un expert financier. Elle ne dispose pas, non plus, de produits de garanties qui permettent d’attirer les partenaires bancaires et d’atténuer les risques qu’ils peuvent encourir dans le financement des PME, alors que la Sotugar (Société de garantie) reste seule, sous-capitalisée pour les risque qu’on lui demande de couvrir et presque non reconnue par les banques commerciales auprès de qui elle est censée intervenir pour garantir ceux qui ne peuvent normalement être garantis.

Pire encore, le modèle actuel de la BFPME est difficilement viable et n’assure pas les équilibres financiers de la banque sur les moyen et long termes, en rapport avec le profil de risque caractérisé par une concentration de l’activité sur le financement de la création, et en rapport aussi avec les charges supportées qui sont liées aux services d’accompagnement des promoteurs sans aucune contrepartie financière suffisante.

Tout cela fait que 10% seulement des PME créées annuellement bénéficient de l’intervention de la BFPME, 1% en moyenne des demandes d’emploi actuelles pourraient être satisfaites par des PME créées avec l’intervention de la BFPME et 5% seulement des financements sont destinés à la création et au développement de projets dans les secteurs des TIC et des énergies renouvelables  sur lesquels la Tunisie dispose d’un  fort potentiel de croissance. Trop peu, pour dire que la BFPME est efficace.

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -