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Tunisie : Chronique d’un important projet pour les régions dont les révoltés empêchent l’achèvement.

Nous évoquions, dans cette information en date du 6 janvier, cette décision de doter les chantiers de l’autoroute Sfax-Gabes, de postes de la Garde Nationales pour sécuriser les travailleurs de ce chantier régional d’infrastructure. Le chantier est entre les mains de plusieurs entreprises, dont la Somatra (Société générale d’entreprises de matériel et de travaux). L’entreprise, certes étatique mais non publique, emploie actuellement plus de 1500 personnes (dont 400 permanents) et n’arrête pas, depuis la révolution, d’être bourrée d’employeurs qui, pour une grande majorité, reçoivent des salaires sans contrepartie de prestations, presque de simples indemnités de chômage. Entre octobre 2011 et mars 2012, son effectif était passé de 400 à 750 employés.

– Ils se faisaient recruter, de force, pour ne pas travailler.

L’effectif doublait presque, contre un véritable apport qui baissait de moitié. Certains des employés, recrutés sur instruction politique, venaient à 8 heures du matin, pour repartir une heure après, en obligeant leurs chefs, sous la menace de faire arrêter le chantier, à les créditer d’une journée pleine de travail.

 

Le projet d’autoroute reliant Sfax à Gabès, butte toujours sur le tronçon de la Ghraïba, du nom d’une localité de la région de Sfax. Somatra avait arrêté son activité, début mars 2012, en raison de difficultés financières, sécuritaires et sociales. Les dégâts matériels de la société ont atteint 10 millions de dinars, en raison du sureffectif qu’elle connaît et des sit-in menés par ses employés, au cours de la période de la révolution. Le matériel de la Somatra avait été transféré, en mars dernier, vers son parc de Sfax. La reprise étant prévue pour avril, l’entreprise essayait de reprendre son matériel et l’amener sur le chantier. Ce matériel est alors pris en otage par une trentaine d’employés qui revendiquent leur titularisation. Ces derniers auraient été soutenus dans leur demande par les syndicalistes de l’UGTT de la région. Le matériel de la Somatra, séquestré dans ses propres locaux, ne pourra être libéré et transporté sur ses chantiers, que vers la mi-juin 2012, c’est-à-dire presque 3 mois après la confiscation. Début août 2012, le même matériel est, cette fois, séquestré par des demandeurs d’emploi sur le chantier même de la Ghraïba. Tout le chantier est alors à l’arrêt. Le projet avait démarré en 2010 et ne devait durer que 36 mois pour un tronçon de 24 kilomètre entre Mahres et La Ghraïba pour un coût de 80 MDT.

– Ils voulaient retarder le projet pour être titularisés.

L’idée, derrière tous ces mouvements sociaux de la part de ceux qui demandaient l’intégration à la Somatra, était de retarder son achèvement et d’éterniser les travaux pour ne terminer le projet qu’après 48 mois, ce qui leur donnerait, automatiquement, le droit à la titularisation et l’intégration complète au sein de la Somatra. Le nœud gordien de toute cette contestation qui n’avait rien de syndical, était à la Ghraïba, et plus précisément, chez la Somatra. Le projet n’était pas entre ses seules mains. Au moins trois autres entreprises travaillaient sur d’autres tronçons du même projet. Mais elles étaient toutes des entreprises privées, alors que la Somatra était publique, ce qui attisait l’envie des intérimaires à la recherche d’une planque dans une entreprise publique.

Les troubles sociaux commencent à prendre fin, lorsque l’Etat décide de concrétiser l’idée de mise en place de postes de la Garde Nationale sur les chantiers de la Somatra, une décision pourtant prise plusieurs mois à l’avance, pour maintenir l’ordre sur le chantier et en interdire l’accès à tous ceux qui n’y travaillent pas. C’est avec cette décision que le chantier de la Somatra à La Ghraïba devait repartir. Le 1er janvier, le PDG de la Somatra effectuait une visite de chantier, pour appuyer le démarrage des travaux. Il fut accueilli par quelques 400 personnes qui prirent le chantier d’assaut, sous les demandes d’emploi forcé. Le PDG essuya insultes et violences verbales de toutes sortes, à tel point que son directeur de chantier s’en trouva évanoui et fut transporté d’urgence à l’hôpital de la région. Le poste de la Garde Nationale en fut débordé et demandera des renforts d’urgence. Les assaillants ayant déjà placé des vigiles, finissent par quitter le chantier et les renforts ne trouvèrent que 6 personnes à arrêter pour être vite relâchés. Le chantier ne s’en trouvera pas moins à l’arrêt et les travaux ne reprendront que, ce vendredi 11 janvier 2013, en attendant peut-être de nouvelles perturbations.

En attendant, l’immobilisation du matériel de la Somatra, lui aura coûté la bagatelle de 13 MDT. L’entreprise est déjà dans un piteux état (Nous y reviendrons très prochainement) et le projet était fait pour désenclaver toutes les régions qui revendiquent le développement et se plaignent, depuis la révolution, d’être les oubliées des efforts de développement dans la Tunisie. A plusieurs reprises, le ministre tunisien du Développement régional s’était plaint des Tunisiens qui empêchaient eux-mêmes la concrétisation des projets qu’ils demandent à cor et à cri auprès du gouvernement. Ce dernier ne fera qu’aggraver les choses par son laxisme et par son insistance à confondre, pour des raisons politiciennes, entre droit d’expression et crime économique !

Khaled Boumiza.

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