AccueilLa UNETunisie-Constituante : Un prélude tumultueux mais abouti

Tunisie-Constituante : Un prélude tumultueux mais abouti

Pour son baptême du feu, l’assemblée constituante n’a pas trop démérité malgré de tumultueux préliminaires à l’intérieur du Palais du Bardo comme l’extérieur de ce temple de la production des lois sous toutes ses formes. Ceux et celles auxquels le peuple a confié l’immense tâche de le doter d’une constitution, de désigner un gouvernement et d’en contrôler le fonctionnement jusqu’aux prochaines élections, théoriquement dans un an, étaient visiblement très conscients d’être les dépositaires de la conscience nationale, sans cependant avoir la maîtrise de la chose  publique ni la technique parlementaire qui y sied.

D’autant moins que l’enceinte du palais prenait parfois les allures d’une foire d’empoigne que le président de la séance inaugurale, Tahar Hmila n’arrivait pas ou si peu à domestiquer. Doué d’un sens de l’humour qui pouvait, par moments, détendre l’atmosphère, il n’en faisait pas moins montre de quelques accès d’irritation qui révoltait un pan du conclave, singulièrement, les élus d’El Aridha, lesquels ne se faisaient nullement faute d’intervenir à tout bout de champ, s’arrêtant à des détails sans rapport avec  l’objet des débats.

Des arguties que l’on pouvait assimiler à quelque esprit de chicane, mais qui ont fini par  se diluer dans la solennité du moment et l’insigne importance de ce rendez-vous que la brève allocution du président de la République par intérim, Foued Mbazza a restituée dans sa dimension historique.

« Nous avançons vers une nouvel le étape », a-t-il sentencieusement affirmé en  présence du Premier ministre dans le gouvernement transitoire, Béji Caïd Essebsi, des membres du gouvernement de transition, ainsi que des représentants des partis politiques, des instances et organisations nationales et des médias nationaux et internationaux, ajoutant que la Tunisie a pu se préserver « grâce à une administration patriotique et neutre » et au dévouement des membres du gouvernement, de l’armée et des forces de sécurité ainsi que les différentes instances et commissions mises en place depuis la révolution.

Au reste, il n’a pas manqué d’avertir les  nouveaux élus que l’institution qui les abrite « bénéficie de la totale et entière légitimité populaire pour les fonder à conduire la transition démocratique escomptée et jeter les fondements d’un Etat nouveau conformément à la volonté du peuple et en signe de fidélité aux martyrs ».

Cet instant de grande solennité a été relayé par la mise en œuvre de la procédure d’élection du président de l’assemblée constituante. Trois candidats se sont porté candidats au perchoir : le pressenti Mustapha Ben Jaafar, président du parti Attakattol, Maya Jribi, présidente du PDP et Mohamed Brahem, ce dernier s’étant retiré de la course. Finalement, c’est Mustapha Ben Jaafar qui a été élu avec 145 voix sur 213 votants, (deux membres étaient  et autant de bulletins nuls), contre 58 suffrages pour Maya Jribi.

A la reprise des travaux dans l’après-midi, les membres de la Constituante ont été appelés à élire deux vice-présidents. Leur  choix s’est porté sur Maherzia  Labidi comme  première vice-présidente avec 142 voix et Larbi Abid en tant que second  vice-président avec 146 suffrages.

Les deux  autres membres de la troïka, Rached Ghannouchi , chef d’Ennahdha et Moncef Marzouki, président du parti CPR et futur président de la République, n’ont pas été en reste pour marquer de leur empreinte cette séance inaugurale. Le premier  a affirmé  que  «la prochaine étape commande de déployer d’importants efforts» soulignant que « la priorité est à la lutte contre le chômage et à la réhabilitation des familles des martyrs » Le second , pour sa part, tout en déclarant qu’il s’agit  du «plus beau jour» de sa vie et d’un «tournant dans l’histoire de la Tunisie», a enchaîné en affirmant avec force qu’il «ne changera pas et qu’il restera le fils du peuple et au service du peuple».

Pendant ce temps, des centaines de représentants de la société civile, des partis politiques et des familles des martyrs manifestaient  devant le Palais du Bardo pour  attirer l’attention des membres de la Constituante sur un ensemble de revendications qu’ils considèrent comme essentielles et incontournables.

Les protestataires ont appelé à la nécessité de garantir l’équité entre l’homme et la femme, de ne pas toucher aux acquis de la femme tunisienne et d’œuvrer à leur renforcement.

Ces contestataires, dont l’Association tunisienne des femmes démocrates, ont revendiqué la garantie de la liberté d’expression, de création, de manifestation, et l’élaboration d’une constitution démocratique instituant à un Etat civil.

En présence d’un nombre important de forces de police,  restées à distance, les manifestants ont brandi des banderoles avec des slogans divers dont « Pas de peur, pas de panique, le pouvoir revient au peuple », « Non à la théo-démocratie »  et  « Fidèles au sang des martyrs ». Certains slogans dénoncent l’intervention étrangère dans les affaires nationales.

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