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Tunisie : Des administrateurs judiciaires qui se transforment en «empêcheurs de tourner en rond».

Il était évident, voire même nécessaire, au lendemain de la publication du décret-loi sur la confiscation, juste à l’aube de la Révolution tunisienne, de nommer de nouvelles personnes pour préserver et administrer ce qui était soudainement devenu bien public. Il est aussi une évidence que tous les administrateurs judiciaires n’étaient pas bons et que tous n’étaient pas mauvais non plus , même si les nominations ont été décidées  dans l’urgence et parfois dans le cafouillage.

On avait déjà attiré l’attention sur les dépassements de certains et on avait aussi parlé de ceux qui se plaignaient de leurs conditions de travail et avaient un temps menacé de rendre le tablier. On revient aujourd’hui, encore une fois, pour tirer la sonnette d’alarme sur ce qui se passe chez certaines des entreprises confisquées, des mains mêmes de ceux qui étaient censés en préserver l’intégrité économique, le rôle social d’employeur et même leur fournir toutes les conditions pour se développer. Nous parlons de certains administrateurs judiciaires qui se sont transformés, en véritables  handicaps et empêcheurs de tourner en rond pour les entreprises où ils ont été nommés par la justice, parfois même contre les ordres écrits de cette même justice.

          L’administrateur qui bloque les salaires.

C’est le cas, par exemple, de cet administrateur de l’une des anciennes entreprises de Belhassen Trabelsi. L’homme arrête et bloque pour plusieurs mois, sans coup férir, le salaire de l’un des exécutifs de l’entreprise et raie même son nom de la liste de remboursement de l’assurance maladie. La victime se plaint auprès de du juge sous la responsabilité duquel travaille l’administrateur judiciaire. Après l’avoir entendu, le juge ordonne, par écrit, à l’administrateur judiciaire de verser les salaires de la personne concernée. Aux dernières nouvelles, l’administrateur judiciaire refusait toujours et demandait copie de la plainte qu’aurait déposée la victime auprès du juge.

          L’administrateur qui refuse de payer l’électricité.

A sa sortie de la Radio nationale où il parlait justement du sort des entreprises confisquées, le président de ladite commission a été entouré par un groupe de jeunes, venant de Zaghouan. Ils travaillent actuellement dans la grande oliveraie dont l’exploitation a été lancée  il y a quelques années par un des gendres de l’ancien président tunisien. Ils se plaignaient, en le bloquant  dans la rue, de l’administrateur judiciaire qui ne serait que très rarement présent, qui refuserait de payer leurs salaires et qui refuserait surtout de payer les factures d’électricité des énormes pompes faites pour irriguer la très grande exploitation agricole. Un geste qui met en réel danger toute la plantation dont l’année prochaine devait signer le  premier cycle de production.

          L’administrateur qui tenait à changer le compte de la société de banque en banque.

Cet autre administrateur, toujours de l’une des multiples entreprises confisquées, de Belhassen Trabelsi, avait essayé, pour une raison, comptablement non raisonnable, de changer le compte de l’entreprise d’une banque à une autre. Questionné sur ces raisons, il aurait justifié cela par le besoin de payer les salaires des employés. Prié de le faire à partir du compte là où il se trouve, il brandit l’autorisation de son juge. Il sera quand même empêché de le faire, tant les raisons semblaient quelque peu louches.

          L’administrateur qui refuse de payer les factures des agences d’une société.

Il devait administrer une société de courtage  en assurance qui appartenait à l’un des membres d’une des familles régnantes du temps de Ben Ali. Au lieu d’aider cette entreprise de courtage à développer son réseau, l’administrateur judiciaire désigné se refusait toujours à payer les factures de plus d’une agence du réseau de l’entreprise. Depuis, le chiffre d’affaires de cette dernière fait marche arrière.

          L’administrateur qui débranche les caméras de surveillance.

Au cours du mois de Ramadan dernier, un autre administrateur d’une des entreprises d’une holding bien connue de l’un des proches de l’ancien président tunisien, a débranché les caméras des bureaux qu’il occupait. On se rendra compte plus tard qu’il avait des visites nocturnes à ces bureaux. Il sera rappelé à l’ordre.

          L’administrateur qui refuse d’acheter l’ammonitrate et l’autre qui vendrait dans le parallèle.

Le cas aussi de cet autre administrateur d’une société de mise en valeur qui laisse la terre sans engrais et refuserait d’acheter les quantités d’ammonitrate nécessaires aux cultures dont il avait pourtant la garde et la sauvegarde. Le cas aussi de cet autre administrateur  d’une société agricole. Par les récoltes, il devait payer les banques. On ne se rendra que plus tard que la récolte a été vendue en dehors des circuits habituels que l’argent n’était jamais rentré dans les caisses pour que la banque puisse être payée.

Ce ne sont là que quelques exemples où nous avons volontairement omis les noms des concernés. D’autres cas, parfois plus dramatiques, ont existé. Ces administrateurs n’étaient cependant pas les seuls à handicaper sérieusement très grand nombre des confisquées. Les cas de banques qui refusent désormais tout crédit à des entreprises désormais détenues par l’Etat et qui en ont besoin pour continuer à investir et produire. On ne parlera pas non plus d’entreprises comme «Agil» qui résilient  subitement le contrat d’une compagnie de transport, dès qu’elle a été confisquée mettant en danger le sort de 80 familles.

Ce qui est sûr, déclaration du président de la commission de confiscation à l’appui,  c’est que sur les 117 entreprises confisquées et dont la propriété a été complètement transférée à l’Etat, peu, très peu d’entreprises avaient terminé l’exercice 2011 avec un bénéfice. Ce qui est plus sûr, c’est que le gouvernement Jbali ne semble  pas pour l’instant accorder  la priorité à ce dossier. Il n’en fera certainement que plus de chômeurs.

K. Boumiza

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