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Tunisie : Ennahdha a peur !

Branle-bas de combat, le matin de ce mardi 18 septembre 2012, devant et autour du siège d’Ennahdha dans la région de Montplaisir. A 9 heures du matin, comme nous avons pu le constater, il y avait au moins quatre policiers en uniforme devant l’entrée du ministère de l’Industrie, des deux côtés de la rue qui mène au siège d’Ennahdha. Le nombre de policiers de faction devant le ministère était visiblement plus important  que ne le requièrent les besoins de Chakhari. Devant ce même siège, stationnait une fourgonnette des forces d’intervention de la police, avec quelques policiers en alerte, comme le montre notre photo.

 –         Ennahdha a peur des salafistes et demande la protection de la police.

Deux informations à ce propos. D’abord celle d’El Maghreb, ce mardi 18 septembre 2012, indiquant que «la direction d’Ennahdha a demandé protection de son siège principal à Montplaisir, après avoir  reçu des menaces de sympathisants du courant salafiste, d’incendier son siège». Interrogé par nos soins à ce propos, Ajmi Lourimi a essayé de noyer le poisson, affirmant que ces mesures sont de simples précautions. Sans démentir directement l’information des menaces reçues, il évoque la toujours possible menace de certains groupes ou le danger de débordements lors d’éventuels mouvements sociaux et allant jusqu’à dire qu’Ennahdha bénéficie, comme le reste des partis politiques en Tunisie, d’une protection policière.

 

Remarquons à ce propos qu’il existe plus de 120 partis politiques en Tunisie, qu’il y en a une cinquantaine d’actifs et une vingtaine qui sont représentés à l’Assemblée Constituante. A seulement 50 partis, il faudrait au ministère de l’Intérieur mobiliser 50 fourgonnettes de la police avec la dizaine de membres des forces spéciales (500 en tout) et au moins quatre autres policiers en civil devant chaque siège de parti (200 en tout). Et si on faisait les mêmes comptes pour les ministères et les maisons de plusieurs ministres, il ne resterait plus de policier pour l’ordre public. Tout cela détruit, à notre sens, la thèse de dirigeant d’Ennahdha Ajmi Lourimi et confirme l’information d’El Maghreb. Cela nous ramène donc à cette désormais réalité, qu’Ennahdha a peur des salafistes. Les dernières déclarations à propos d’Abou Iyadh du ministre des Affaires étrangères, le prouvent. Cela, à moins que cela ne soit un simple essai de diversion de la part d’Ennahdha, parti au pouvoir en Tunisie, unanimement accusé  de ménager les salafistes.

Retour de boomerang ;  qui pourra donc arrêter la mouvance salafiste qui rampe, dans l’indifférence, presque la complicité, des ministères de l’Intérieur et de la Justice et dans l’impuissance et la peur de l’aile dite modérée du même mouvement islamiste ?

–         Ennahdha a peur de Nidaa Tounes et des RCDistes et appelle Ikbis au secours.

Les salafistes et Abou Iyadh, ne semblent cependant pas être les seuls épouvantails d’Ennahdha. Il y a aussi, comme le disait clairementLotfi Zitoun, dans sa dernière interview au journal La Presse, « la résurgence des RCDistes, même au niveau de la base dans des régions isolées, ce qui a créé un sentiment de peur », disait-il, avant d’ajouter que «il y a un grand corps politique, Nidaa Tounes qui exprime, bon gré mal gré, et selon l’appréciation générale, une volonté d’unification des rangs des RCDistes». Ces derniers représentent immanquablement une expérience politique, une expérience en matière d’organisation électorale et une connaissance des différents découpages politiques de l’électorat tunisien, qui ne laisseraient insensible aucun parti politique, encore moins Ennahdha qui compte sur les prochaines élections pour s’implanter définitivement en Tunisie. L’actuel parti au pouvoir en a reconverti plus d’un (les RCDistes), même au Sahel, fief de l’ancien parti au pouvoir depuis le règne de Habib Bourguiba. La dernière rebuffade de Hamed Karoui, n’était pas pour calmer cette peur d’un adversaire coriace, même s’il reste hypothétique. Contre eux, Ennahdha mobilise Ikbis et toute sa jeunesse «nahdhaouienne».

 

–               Ennahdha a peur des journalistes et appelle Zitoun au secours.

Dernier épouvantail d’Ennahdha, la presse. Des journalistes dont certains avaient vécu plus 30 ans sous la contrainte, sous la pression et l’autocensure des directeurs des journaux et des premiers responsables des médias. Des journalistes, comme les Nahdhaouis, libérés par la Révolution et qui refusent de retourner en cage. Les menaces suivront les insultes et les pressions sur les lignes éditoriales s’ajoutent au refus de mettre en œuvre  les textes de loi qui régissent le secteur. Les tentatives de domestiquer la presse et les médias ayant échoué, Ennahdha fait alors appel à l’électron libre du gouvernement Jbali qu’est Lotfi Zitoun. De connivence avec Ikbis, ce dernier arrive, jusqu’à présent, à embrigader la rue contre la presse et les médias et tente toujours de les embrigader pour la cause nahdhaouie. Tout projet politique, c’est connu, repose nécessairement sur la communication et les médias. Ces derniers ne semblent pas vouloir être à la solde d’Ennahdha et cela lui fait peur !

Pour l’instant, le parti de Rached Ghannouchi, sujet à des disputes internes où le chef du Gouvernement focalise le mécontentement d’une partie de ses troupes, n’arrive pas à trouver le bon remède à ses peurs, ni le bon psychothérapeute qui l’en guérira et «alors que la vielle femme est emportée par la crue de l’Oued, elle crie que ce sera une bonne année pluviométrique», dit le proverbe arabe!

Khaled Boumiza

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