AccueilLa UNETunisie : Ennahdha aux abois, est-ce le signe d’une nouvelle Révolution ?

Tunisie : Ennahdha aux abois, est-ce le signe d’une nouvelle Révolution ?

La Tunisie était encore, vendredi, sous le choc de l’assassinat du député à l’Assemblée nationale constituante (ANC), Mohamed Brahmi, transformant la fête de la République en une journée de deuil. C’est depuis lors que les tensions montent sans devoir s’atténuer. Des accusations fusent de part et d’autre. Une grève générale a été annoncée et totalement observée. Des appels à la chute immédiate du régime d’Ennahdha. Des slogans anti Rached Fhannouchi prolifèrent : « Ghannouchi assassin », « Ennahda doit tomber aujourd’hui ». A vrai dire, moins de six mois après l’assassinat de Chokri Belaid, un autre martyr est tombé sous les mêmes balles. L’assassin est le même ! L’arme utilisée est la même ! Le scénario est aussi le même ! Cela a été confirmé par le ministre de l’Intérieur Lotfi Ben Jeddou, lors d’un point de presse, vendredi 26 juillet 2013.

Qui a tué Chokri Belaid et Mohamed Brahmi ?

Lotfi Ben Jeddou a indiqué que Boubaker Hakim et 13 autres personnes dont 10 sont en état de fuite et 4 en détention, sont impliquées dans le meurtre de Mohamed Brahmi. Boubaker Hakim est connu comme étant membre du mouvement salafiste extrémiste « takfir » ayant des antécédents dans une affaire d’introduction d’armes sur le territoire tunisien, selon le ministre, soulignant qu’aucune implication d’une partie politique dans les assassinats de Chokri Belaid et de Mohamed Brahmi n’a été prouvée. Une information qui demeurerait insuffisante et même sans intérêt, si le ministre n’avait pas évoqué des liens avec des éléments qui ont appartenu au courant Ansar Charia. Mais, la question-clé qui se pose est de savoir qui est réellement derrière Boubaker Hakim et les 13 autres impliqués ? Qui les finance ? Qui a planifié ce crime ? Qui l’a commandité? Et à quelles fins ? Autant d’interrogations qui demeurent sans réponses, en attendant l’évolution de l’enquête lancée sitôt le crime perpétré.

De fait, l’implication d’extrémistes salafistes dans l’assassinat de Mohamed Brahmi a été déjà évoquée par nombre de médias avant même d’être confirmée solennellement par le ministre de l’Intérieur. Plusieurs sources ont rapporté que les suspects ont des relations avec la cellule, démantelée, déjà, depuis quelques temps dans le gouvernorat d’Ariana, lieu du crime. Il a été également, indiqué que la première personne impliquée est déjà recherchée par les unités anti-terroristes.

De son côté, le dirigeant de Nidaa Tounes, Mohsen Marzouk n’a pas écarté la possibilité que les personnes impliquées dans l’assassinat de Belaïd soient les mêmes qui ont tué Brahmi, ce jeudi.

Des scénarios identiques !

Selon le témoignage de la fille de Mohamed Brahmi, qui avait entendu les coups de feu et qui était sortie pour s’en enquérir, les tueurs étaient au nombre de deux. Ils étaient à bord d’une moto VESPA, vêtus de noir et portant des casques, exactement, comme ce qui s’est passé avec Chokri Belaid. Ils ont pris la fuite dès la commission du meurtre qui a eu lieu vers midi.

Le médecin légiste a diagnostiqué 14 balles dans la dépouille du défunt, lors de l’autopsie, dont 9 au niveau de la moitié supérieure gauche du corps et une dans sa tête. L’arme utilisée par les assassins provient de Libye.

UGTT, une réaction très forte et violente

Sami Tahri, membre du bureau exécutif de l’UGTT a démenti l’information selon laquelle, plusieurs locaux de l’Union auraient été attaqués, soulignant que les différents sièges et bureau afférents à l’UGTT sont sécurisés jour et nuit pour éviter d’éventuelles attaques.

En revanche, il a précisé que des inconnus ont agressé à coup de pierres des manifestants se trouvant devant le siège de l’UGTT à Tunis pour protester contre l’assassinat de Mohamed Brahmi : « Si on nous agresse avec violence, notre réponse sera très forte et violente, au vrai sens du terme » a-t-il martelé, précisant que l’appel à un gouvernement de salut national est en cours de négociation entre les dirigeants de l’UGTT.

Un front de salut national

Nidaa Tounes a souligné, dans un communiqué, que l’assassinat du militant Mohamed Brahmi est une nouvelle preuve de l’échec de l’ANC et des pouvoirs en découlant dans la réalisation de la transition démocratique, et a appelé à la dissolution de ces pouvoirs et leur remplacement par un système et des institutions nationales pouvant garantir la continuité de l’Etat tunisien, l’élaboration d’une nouvelle constitution, l’organisation d’élections libres, la lutte contre l’extrémisme et la violence politique et la condamnation de leurs auteurs.

Le mouvement a appelé toutes les forces politiques et sociales nationales à s’unir et à former un front de salut national pour établir un calendrier pour les prochaines échéances politiques et trouver les solutions alternatives pour sauver le pays et gérer la période transitoire.

Il a, en outre, appelé l’Armée nationale, la sûreté républicaine et l’institution judiciaire à garantir le droit de s’exprimer librement et de manifester pacifiquement.

Désobéissance civile

Le mouvement « Tamarrod », lui, prône la désobéissance civile, la dissolution de l’ANC et la dissolution des Ligues de Protection de la Révolution et la constitution d’un gouvernement de Salut national, appelant ses sympathisants à « occuper les rues jusqu’à la satisfaction de leurs exigences. »

Taïeb Baccouche, dirigeant à Nidaa Tounes a déclaré, qu’il est nécessaire de créer un gouvernement de salut national, sans ingérence dans les prochaines élections, pour gérer les affaires du pays.

Il a indiqué que les partis de l’Union pour la Tunisie ont la même proposition sur la dissolution du gouvernement et de l’ANC et la création d’un gouvernement de statut national ainsi que une commission d’experts pour la rédaction de la constitution dans les plus brefs délais.

« Qu’ils partent tous, opposition et majorité au pouvoir »

Kaïs Saied, professeur de droit constitutionnel, a fustigé, quant à lui, la classe politique de l’opposition aux partis au pouvoir. « Qu’ils partent tous, opposition et majorité au pouvoir » : « La série d’assassinats marque l’échec et la fin de ce processus transitoire », appelant à l’organisation de nouvelles élections dans les deux mois prochains.

S’agissant des funérailles de Mohamed Brahmi, il a été indiqué à l’issue de la réunion conjointe tenue dans la soirée de jeudi entre la direction du Front et la famille du défunt , que les obsèques auront lieu samedi , et il sera inhumé au carré des martyrs au Cimetière El Jallez à Tunis près de la sépulture de Chokri Belaid , l’autre dirigeant du Front assassiné le 6 février 2013 et enterré le 8 février .

Kh.T

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