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Tunisie : Evitez de prendre crédit, jusqu’à la fin de l’année. Il devient plus cher et plus difficile !

Les crédits à l’économie ont augmenté en 2012. C’est une bonne chose, pourrions-nous dire. Le gouvernement tunisien s’en inquiète pourtant. Sans que l’on nous en donne les chiffres, à la BCT, on nous indique, en effet, que, dans cette très grosse enveloppe de crédits à l’économie (48727 MDT en 2011), le crédit au « Services et particuliers » (33929 MDT) devient de plus en plus important. Plus précisément, dans cette enveloppe de crédits aux particuliers, la partie de crédits à la consommation à propos de laquelle la BCT nous avoue sa complète ignorance, progresserait elle aussi de plus en plus vite. C’est en tous cas par cela que le gouvernement de Hammadi Jbali explique l’envolée du déficit commercial et celui de la balance courante aussi.

– La voiture, c’est bien. En abuser, ça craint, semble dire le gouvernement.

Loin de chercher les vraies causes de cette envolée du déficit commercial, le gouvernement tunisien cible directement et de manière instantanée le secteur des concessionnaires de voitures et le secteur bancaire qu’il risque ainsi de mettre à mal. Derrière cela, il y aurait un lobby anti-voiture, à l’intérieur du gouvernement tunisien, considérée comme produit de luxe.

Le 4 octobre 2012, une circulaire est envoyée par la BCT à toutes les banques de la place. Cette circulaire redéfinit en premier lieu les conditions d’octroi du crédit pour l’achat de voitures particulières. C’est ainsi que, hormis le crédit pour l’achat de voitures populaires (dites les 4 chevaux), la quotité ou partie du prix de la voiture à financer par crédit, est ramenée de 80 à 60 %. Dans la pratique, pour une voiture de 20 mille DT, la banque ne pourra vous faire crédit que de 12 mille DT ou l’équivalent de 60 % du prix. Avant cette nouvelle circulaire, votre apport propre n’était que de 20 %, il est désormais de 40 % du prix de la voiture. A tout cela il vous faudra aussi compter avec la dernière augmentation de 25 points de base du taux directeur de la BCT, qui rendra votre taux d’intérêt final plus important et donc votre crédit voiture plus cher. Selon les professionnels, il dépasserait désormais les 7 %. A la BCT, on nous dit cibler essentiellement les grosses cylindrées. Elle ne représentait, en 2012, pourtant qu’à peine 10 % de l’ensemble des voitures immatriculées. On nous dit aussi vouloir encourager la «voiture populaire». Cette dernière comporte pourtant un privilège fiscal et l’accord en est donné par le ministère du Commerce. Les listes d’attente de ce privilège s’allonge et crée des pratiques de passe-droit, ce qui a fait fuir les intéressés vers les 5, 6 et 7 chevaux, toutes concernées par les dernières restrictions de crédit. Ces restrictions ne tarderont pas à impacter directement les banques dont un gros volume de crédits va à la consommation et à la voiture, les concessionnaires qui verront leur chiffre d’affaires baisser, le secteur du leasing où la voiture représente un gros volume de contrat et même l’Etat, puisque presque le tiers (30 %) du prix de la voiture est composé de taxes diverses pour le trésor tunisien. Les mauvaises langues diront que «le Gouvernement se met le doigt dans l’œil» !

– Aménagez votre maison vous coûtera désormais plus cher !

La dernière circulaire de la BCT aux banques devrait aussi rendre encore plus difficile le «crédit aménagement» de la maison. Ce crédit était généralement assimilé à un crédit logement et sa période de remboursement pouvait s’étaler, selon les banques, jusqu’à 10 ans et plus, ce qui le rendait assez accessible et moins lourd pour le budget des ménages. Aux termes de la nouvelle circulaire, le «crédit aménagement» est reclassé en crédit de consommation et sa période de remboursement est fixée à 7 ans seulement. Il devient ainsi moins accessible et obéira au TMM des crédits à la consommation qui est plus élevé. Notons aussi que le crédit aménagement devrait normalement être dépensé aux fins de l’achat de biens produits tunisiens. Le rendre plus difficile ne fera pression que sur la consommation des produits tunisiens et impactera donc la production tunisienne !

– De la poudre aux yeux et une fausse austérité.

Et comme pour s’assurer une bonne exécution de cette circulaire de restriction des crédits, la BCT se propose de «punir» les banques qui ne s’y astreindraient pas. Toute banque qui accordera plus de crédit à la consommation, plus qu’elle n’en aurait accordé, au cours du mois de septembre 2012, sera obligée de déposer la moitié de la somme accordée en plus en dépôt non rémunéré auprès de la BCT. Avec cette épée de Damoclès sur leurs têtes, alors qu’elles bouclent le bilan de fin d’année, les banques sont supposées devenir plus sélectives, plus strictes et plus avares en crédits et le client devra attendre et reporter ses investissements.

L’objectif visé par toutes ces mesures, bien que non chiffré, comme nous l’assure la BCT, est de rationaliser le crédit de consommation, bien qu’elle n’ait aucune idée sur le taux d’endettement familial. La BCT espère simplement diminuer la pression de la demande sur l’argent pour en baisser le prix et, partant, l’inflation. La BCT espère aussi exercer ainsi une pression sur la demande en produits de consommation et donc sur l’importation. Une démarche, à notre sens, incompréhensible. Cela parce que ces mesures ne sont valables que pour 3 mois. Or, ceux qui importent des voitures l’ont déjà fait, et le reste des importateurs de biens de consommation n’attendront pas la fin de l’année pour le faire. A cela s’ajoute le fait qu’un schéma de développement s’appuie sur deux choses, soit l’export et les IDE, soit sur la consommation interne. Ces dernières mesures frapperont plutôt la demande interne de plein fouet. De plus, le dépôt obligatoire de 50 % du surplus d’argent donné par les banques par rapport au mois de septembre, ne manquera pas d’impacter la liquidité des banques. Ces dernières vivent, en effet, comme le démontrent les chiffres des crédits aux particuliers par rapport au total des crédits à l’économie, du crédit aux particuliers. En imaginant qu’elles n’appliqueront pas le dernier volet de la circulaire de la BCT pour ne pas asphyxier leur chiffre d’affaires de 2012, les dépôts à la BCT ne feront qu’augmenter leurs problèmes de liquidité et obliger la BCT à plus d’injection monétaire auprès des banques.

A moins que le gouvernement ne dise pas toute la vérité et veuille réellement reconduire ces mesures sur plus d’une année au plus, elles resteront sans grand impact sur la balance commerciale. Ce ne serait là, à notre sens, que de la poudre aux yeux face à un problème, structurel, de schéma de développement et qui ne se traite pas par des mesures conjoncturelles !

Khaled Boumiza.

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