AccueilLa UNETunisie : Ghannouchi précise sa rhétorique sur Daech

Tunisie : Ghannouchi précise sa rhétorique sur Daech

Le chef du mouvement Ennahdha, Rached Ghannouchi, a été amené de nouveau à s’exprimer sur position concernant l’organisation Daech. C’était dans une interview qu’il a accordée au journal turc « Assabah Daily »

D’emblée, il a rappelé qu’il avait défini Daech comme « l’islam en colère », ce qui lui a, a-t-il ajouté, valu les critiques de beaucoup de gens lui reprochant de ne pas avoir affirmé que les Daechiens sont des « mécréants ». Et d’ajouter : « Si vous me demandez si les membres de Daesh comprennent correctement l’islam, je répondrais ‘certainement pas’. Cependant, si vous me demandez si cela exige qu’ils soient « excommuniés », je dirais que je ne suis pas certain. Le musulman idéal n’est pas défini dans le Saint Coran; au contraire, c’est une personne qui pèche et faute. Nous pouvons dire que les membres Daesh sont cruels; ils ne comprennent pas correctement l’islam et tel qu’il est. Il est donc facile de les définir; Cependant, la vraie question est de savoir comment ils ont vu le jour. Pourquoi une telle réalité qui n’a pas eu des précédents a pu émerger aujourd’hui; c’est la question qui vaut d’être posée ».

« D’un autre côté, souligne Ghannouchi, il ne faut pas oublier que Daesh se conceptualise en se basant sur des précédents islamiques. Par exemple, il existe de nombreuses interprétations de l’islam par un groupe dissident nommé Khawarij (les hérétiques), qui sont généralement ignorés et méprisés par la majorité. Cependant, Daesh adopte ces interprétations stigmatisées et crée une idéologie en décalage avec elles ».

Et Ghannouchi de s’interroger : « Pourquoi serait-on tenté de ressusciter une interprétation inhabituelle et stigmatisée » ? « La réponse, a-t-il dit, est que de nombreuses questions sociopolitiques et économiques ont satisfait aux conditions de l’action radicale. Ceux qui ont témoins de ce que les États-Unis ont fait en Irak et ce que l’Iran a fait pour la population sunnite en Irak après le retrait américain, comprendront pourquoi et comment Daesh a émergé. Beaucoup de villes en Irak et en Syrie font l’objet d’un nettoyage démographique; les locaux sont remplacés de force par d’autres amenés de l’extérieur. Ces processus et cette spirale de violence poussent les gens à agir de manière irrationnelle ».

« Par exemple, au cours des dernières années, les tribus en Irak se sont battus contre Al-Qaïda et ont chassé l’organisation terroriste hors de leurs terres. Ensuite, ces tribus ont été soumises à la pression et à la violence perpétrées par l’Etat irakien au lieu d’être autorisées à rejoindre l’armée irakienne. Sous le gouvernement Maliki, ces personnes ont tenté d’expliquer leur situation à l’Etat en organisant des manifestations pacifiques ; seulement, ils se sont retrouvés nez à nez avec les chars. Tout cela a jeté les tribus sunnites dans les bras de Daesh », selon l’analyse de Ghannouchi qui en a tiré la conclusion que « si un Etat sunnite avait soutenu la population sunnite, comme l’Iran l’a fait avec la population chiite dans la région, Daesh n’aurait jamais vu le jour. De surcroît, le pense que si un pays sunnite ne protège pas les sunnites de la région, les conflits dans la région continueront », a-t-il dit.

Ghannouchi et les Tunisiens de Daech

Interrogé sur le nombre important de Tunisiens ayant rejoint les rangs de Daech, le chef du mouvement Ennahdha s’est fendu de l’explication que voici : «  les pays d’Afrique du Nord se sont débarrassés de l’impérialisme après d’âpres luttes. Et c’est pourquoi ceux vivant dans la région ont une conscience anti-impérialiste concrète. En 1948, 12.000 Tunisiens sont allés en Palestine pour aider à la lutte contre les Israéliens. Avec l’avènement de l’Organisation de libération de la Palestine dans les années 60, des centaines de jeunes tunisiens de gauche ont rejoint l’organisation. Encore, dans les années 90, des centaines de Tunisiens ont rejoint la guerre de Bosnie. En somme, il y a une prise de conscience contre les invasions étrangères ».

Ghannouchi a estimé que « la plupart des jihadistes enrôlés par Daesh étaient contre la dictature en Tunisie durant le règne de Ben Ali et n’ont pas eu l’opportunité de la combattre par la lutte armée. Pour cette raison, les jeunes déterminés à libérer leur pays sont allés dans d’autres pays où ils pouvaient à la fois apprendre à utiliser les armes et se joindre à un mouvement de résistance. Je dois dire que ces jeunes comprennent l’islam d’une manière très superficielle. Daesh a pu les influencer avec son idéologie, car il avait une perception superficielle de l’islam. Par exemple, vous ne verrez pas beaucoup de Palestiniens sous la bannière de Daesh parce que le Hamas permet aux jeunes de participer à un mouvement où ils peuvent réaliser leurs objectifs. En ce sens, les Palestiniens qui adhèrent à une interprétation modérée de l’islam n’ont pas besoin d’idéologies radicales », a-t-il conclu.

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