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Tunisie : Hamadi Jbali, le «méchant» chef du Gouvernement qui n’aime pas les hommes d’affaires et les dénigre !

On aura beau dire tout ce qu’on veut du chef du Gouvernement provisoire tunisien, Hamadi Jbali s’améliore. L’homme d’Etat discourt mieux, pèse ses mots, y place de la ponctuation pour nuancer son contenu, arrive même à y glisser quelques boutades et à y lancer des fléchettes en direction de ses ennemis politiques qu’il ne nommera pas, se contentant du «suivez mon regard» de son sourire aux coins des lèvres. On remarquera tout cela, dans son dernier discours, haut perché devant les députés de la Constituante.

Les premières boutades sont, évidemment lancées, aux أزلام النظام (ou suppôts de l’ancien régime) qu’il accuse, comme une évidence, de tout ce qui ne va pas dans la Tunisie qu’il gouverne. La seconde visait, presque sans contredit, l’ancien Premier ministre Béji Caïed Essebssi, lorsqu’il disait à propos du « Comité des sages », que «il y a ceux qui son âgés et qui manquent de sagesse». La troisième visait cyniquement l’opposition qu’il avait toujours accusée de vouloir faire tomber son gouvernement, lorsqu’il disait que «nous allons vers les élections, et que ceux qui sont pressés prennent leur mal en patience « و المستعجل يصبر». La dernière visait, enfin, ceux qu’il ne semble pas porter dans son cœur, les hommes d’affaires, en les apostrophant d’un «je prie ceux qui sont corrompus de se repentir par le travail».

Le chef du Gouvernement n’aime pas les hommes d’affaires.

Manifestement, Hamadi Jbali ne porte pas la «race» des hommes d’affaires dans son cœur. Il dira, peut-être, un jour sa petite histoire avec les hommes d’affaires, mais il ne les aime pas et il ne s’en cache pas. Il reconnaît pourtant leur importance et le fait que sans l’investissement privé tunisien, la croissance qu’il compte injecter dans l’économie, à travers les mesures urgentes de son plan d’action, ne sera qu’une «croissance artificielle». Il s’adresse cependant à ces mêmes hommes d’affaires, qu’il avait quelques secondes plus tôt [et pour la seconde fois, la première étant au siège de l’IACE quelques jours après sa prise du pouvoir] de «رجال العمايل», traduisez par «hommes d’embrouilles », pour leur demander des sacrifices. «Tout le monde doit faire des sacrifices », dit-il en parlant de la conjoncture économique très difficile que traverse la Tunisie, avant d’ajouter que «l’appel est lancé au capital tunisien». On remarquera qu’il évitait ici le qualificatif d’homme d’affaires. Mais on remarquera, surtout, l’utilisation de cet argot tunisien, qui s’apparentait plus à un dénigrement qu’à autre chose, n’était pas fortuit et n’est certainement pas sans lien avec un certain regard qu’il porte sur le monde des affaires. On ne sait ainsi pas, comment le chef du Gouvernement compte s’en tirer durant la prochaine période, qu’il a estimée à 2 ou 3 ans, pour arriver à créer la croissance réelle, créatrice d’emplois ?!

On ne peut cependant s’empêcher de remarquer que c’est un homme d’affaires, des plus connus, qu’avait choisi son parti Ennahdha, pour être son émissaire il y a plusieurs semaines, auprès des autorités américaines. C’est aussi un homme d’affaires, non moins connu, qu’il avait invité lui-même, pour lui assurer les entrées nécessaires auprès des hommes d’affaires saoudiens, lors de son dernier périple au pays du «Serviteur des Lieux saints».On ne peut non plus passer sous silence tout ce qui se dit sur ses rencontres, à La Kasbah même, avec les hommes d’affaires et sur le carrousel d’hommes d’affaires qui font le pied de grue devant le siège d’Ennahdha, ainsi que sur ce qui se dit des flirts financiers du parti avec les milieux des hommes… d’affaires tunisiens.

Niet mesures, menace par la justice et diabolisation des hommes d’affaires !

On ne passera pas non plus sur le fait que le projet de budget économique, revu et corrigé, contient peu ou prou de mesures en faveur des hommes d’affaires. Il y avait même, dans le document initial du plan d’action du chef du Gouvernement tunisien, une mesure concernant une loi pour la réconciliation économique. Elle avait été biffée, gommée grossièrement au Blanco, avant la remise du document à Mustapha Ben Jaafar. Son dernier discours devant la Constituante, ne fait aucune allusion à la liste des 460, ou plus, d’hommes d’affaires interdits de voyage. Il apostrophera cependant, le doigt en l’air, menaçant, que «il n’y aura pas de réconciliation, avant le passage par la justice » !

On s’arrêtera, cependant, presque inévitablement, sur cet autre propos de Hamadi Jbali, débité sur un ton grave devant les députés de la Constituante, juste après avoir traité les hommes d’affaires, d’hommes d’embrouilles. « Le système de la corruption [en Tunisie], repose sur cinq piliers. La justice, la sécurité, les hommes des finances et les hommes d’information», a ainsi décrété le chef d’un Gouvernement qui avait fait vite d’oublier les propos tranquillisants qu’il avait, un jour, tenus à l’endroit des directeurs de journaux. Tombant le voile de l’homme d’Etat, Jbali s’en était ainsi, pris de nouveau et comme le chef de son parti quelques jours plus tôt, aux médias et aux journalistes. Il diabolise, par la même occasion, ce qu’il considère comme étant les «hommes d’embrouilles», en en faisant un des piliers du «fassed», un terme qui désigne à la fois la corruption, les malversations, l’usage abusif du pouvoir et tout ce qui renvoie au mal.

Manifestement, Hamadi Jbali entretient des rapports tantôt conflictuels, tantôt complices avec le monde des affaires et se prend pour le «Robespierre » de la Révolution tunisienne ou le «Saint Just » qui se faisait fort de clamer : « il n’est pas de citoyen qui n’ait sur Louis XVI « le droit que Brutus avait sur César »…. Son glaive, comme il se doit, sera la «justice» !

Khaled Boumiza

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