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Tunisie : « Il faut une autre logique de fonctionnement pour gouverner le secteur financier », dixit Marouane Abassi

Rencontré en marge de la tenue de 26ème session des Journées de l’entreprise, Marouane Abassi, économiste, nous dresse un état des lieux du secteur bancaire et s’exprime sur l’avenir des entreprises confisquées. Interview :

L’IACE lance un nouveau modèle  de développement alors que  Jaloul Ayed, le ministre des Finances a proposé, dès sa nomination, le plan du jasmin afin de sortir la Tunisie de sa grave crise ?

En effet, le plan du jasmin, est un modèle qui est pratiquement préconisé par un gouvernement de transition, il a le mérite d’être là. D’ailleurs, d’éminents experts ont proposé ce modèle, déjà soumis au G8 et qui devrait le financer. Je ne pense pas qu’il faille le jeter, vu son importance. Il faut juste le regarder par rapport à d’autres modèles qui vont être développés. Prendre les bonnes choses et laisser les mauvaises.

Pour le schéma de croissance proposé par les chefs d’IACE, il a été conçu sur la base de la consultation d’une enquête auprès des dizaines des chefs d’entreprise. Plusieurs propositions ont été suggérées et qui tournent autour du climat d’affaires, la lutte contre la corruption, le financement du secteur financier et la nécessité d’instaurer un pacte social entre les partenaires sociaux.
Je ne dis pas que ce modèle préconisé par l’IACE est parfait ou les autres modèles proposés par les partis politiques sont les meilleurs.  Maintenant,  à tout à chacun de réfléchir sur les moyens de prendre les bonnes choses de chaque modèle. Il faut que le modèle soit accepté par tout le monde, parce que c’est le modèle qui va faire la Tunisie de demain

C’est un chantier qui est en train d’être ouvert pas seulement par l’IACE qui a contribué à une partie de la réflexion. La société civile est appelée aussi à mieux contribuer à ce modèle alternatif qui permettra de réaliser une croissance avec plus d’équité, mais aussi plus d’emplois et une meilleure performance à la fois socio-économique.

Selon vous, quels seront les principaux chantiers qui devront être lancés par le prochain gouvernement?

Je pense que les priorités ont déjà été dites et développés par tous les partis politiques, par la société civile.

Le premier chantier concerne bien évidement l’emploi ainsi que le développement régional. A mon avis, deux chantiers extrêmement importants qui sont les causes majeures du soulèvement populaire, le 14 janvier.
Pour créer de l’emploi, il faut investir. Pour avoir un développement régional, il faut avoir les infrastructures nécessaires, les investissements dans la décentralisation, Il faut qu’il y ait un Etat qui réfléchisse d’une autre manière, puisque les décisions ont été toujours de haut en bas. Maintenant, il faut avoir une réflexion de bas en haut. Ces sont des réflexions à faire. Egalement, il faut avoir des plans opérationnels permettant à ces réflexions de se réaliser dans la pratique.

Au niveau du secteur bancaire ?

Il s’agit d’un secteur qui a été toujours malmené par la corruption et les mauvaises affaires. C’est un secteur qui n’a pas beaucoup évolué durant la période précédente. C’est un secteur auquel ont doit accorder une attention particulière.

Quelles sont ces faiblesses ?

Il s’agit d’un secteur ou il y a à la fois le secteur public et le secteur privé: un secteur bancaire public-privé et un secteur bancaire privé-public. Les problèmes existent dans les deux sphères. Chacun a eu sa part de responsabilité dans l’état des choses. D’ailleurs, le secteur public, on lui a demandé parfois des décisions, qui étaient douloureuses pour lui. C’est pour cette raison que l’ on est maintenant  en train de payer,  pas fondamentalement par les dirigeants des banques,  mais la politique de manière générale.

Dans une logique d’une meilleure gouvernance, il faut aller dans une autre logique de fonctionnement pour mieux à arriver à gouverner ce secteur, à trouver les fonds nécessaires pour que ce secteur fonctionne correctement.
La Tunisie est l’un des rares pays qui compte un système bancaire qui ne fonctionne pas. Il faut le signaler même si ce n’est pas le cas avant. C’est pour cette raison qu’on a arrivé à ce niveau de difficulté.

Et pour l’indépendance de la banque centrale ?

Dans une logique de démocratie, il faut que la banque centrale soit indépendante, mais elle doit être gouvernée.

En fait, quel est le rôle de la BC ?  C’est de gérer les prix. Pour le faire, elle devrait être capable de prendre des décisions, qui peuvent être parfois des décisions contre les décisions du ministère des Finances, qui peut avoir un déficit budgétaire important

Dans le cadre d’une politique budgétaire et une politique monétaire, il faut que ces deux structures soient indépendantes et qu’il y ait des autorités qui les dirigent d’une manière différente.

De toutes les  façons, comme dans tous les pays démocratiques et qui ont accédé à un certain niveau de développement, la BC est une institution qui devrait être indépendante.

L’accent a été mis sur l’importance de consolider le rôle de l’Etat comme  partenaire  et des acteurs économiques pour assurer le développement du pays ?

L’Etat a été un partenaire stratégique du développement pendant ces années. Toutefois, il était trop impliqué dans des parties d’économie là où il ne devait pas être. Il  doit être une entreprise afin de relever les défis et d’atteindre les objectifs fixés.

De toutes les  façons, l’Etat doit intervenir d’une certaine façon, de manière un plus intelligente, avec moins de pression.

Cette 26ème  session des Journées de l’entreprise a été marquée par l’absence d’un thème particulier abordant les entreprises confisquées malgré l’importance de ce dossier?

Je pense que ces entreprises confisquées font partie de la richesse nationale. Comment vont-elles être gouvernées ? Et là, il faut également réfléchir sur la manière de les traiter .Et là, je pense que la constituante qui est en train de se mettre en place est appelée à en dire la manière. Techniquement, il y a énormément de possibilités pour pouvoir gouverner ces entreprises. Cela était fait dans plusieurs pays, et il y a eu des succès. Donc, c’est un problème purement politique. Et la question reste la manière de les gouverner. Plusieurs questions interviennent à ce propos : vont-elles être vendues, ou vont-elles être des fonds à fonds qui vont gérer tout cela. Par exemple, le plan du jasmin a réfléchi sur la manière d’utiliser ces fonds-là à travers le fonds générationnel. Je pense que c’est une excellente idée.

Wiem Thebti

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