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Tunisie : Jbali présente son gouvernement et son programme: Du déjà vu, du primaire et sommaire

Le chef du gouvernement tunisien, Hamadi Jbali, vient de présenter son cabinet qui attendra la confiance de la Constituante dont il sera  investi, pour commencer à travailler. Jbali a aussi donné lecture du projet d’action de ce gouvernement, pour l’année 2012. A l’écoute de ce programme, un goût d’inachevé et un sentiment de déjà vu, se dégage fortement. 

En effet, mis à part les quelques 5 MDT (42 membre dont Jbali émargeant de 10 mille DT chacun,  qui est le coût d’un poste gouvernemental, selon des connaisseurs) qui représenteront le coût de ce gouvernement sur le budget d’un Etat en très difficile situation financière, on ne retrouvait dans le programme du nouveau Chef du gouvernement tunisien, aucune annonce de remède miracle pour les deux principaux problèmes de la Tunisie de l’après Ben Ali que sont le chômage et la récession économique. Un programme dont l’orientation était franchement sociale, avec une omission, presque systématique du volet économique qui représente pourtant le vrai challenge pour la Révolution et la véritable aune à laquelle sera jugée sa réussite.

Pour l’emploi, le chef du gouvernement se limite à l’alourdissement du fardeau de la fonction publique, déjà surchargée, par 20 à 25 mille nouveaux postes à créer. On était, en plus, très loin des promesses électorales des 500 mille emplois (même si l’on considère que ce chiffre était pour 5 ans). Chômeurs, anciens et nouveaux, attendront donc.

Jbali promettait aussi, dans la déclaration du gouvernement, plus des postes d’emploi, en Libye, dans les pays du Golfe et en Europe. Et si les deux premières destinations pouvaient être viables, l’Europe à ses propres chats à fouetter avec une économie qui, si elle n’est pas en récession immédiate pour certains pays, était en 2011 en très forte décroissance pour pouvoir créer assez d’emplois pour ses propres enfants et les nôtres.

Faisant toujours du social et à outrance, Hamadi Jbali parle de nouvelles augmentations salariales, oubliant que l’entreprise tunisienne croule  déjà sous des charges salariales nées des différentes augmentations, et est sous pression de grèves ou suite aux négociations.

En matière économique, le chef du gouvernement tunisien a parlé avec beaucoup de généralité et des têtes de chapitres, qui sonnaient comme du déjà vu dans les programmes économiques des anciens programmes présidentiels de Ben Ali. Des têtes de chapitres, telles que la révision du système fiscal, ou la modernisation du système bancaire ou encore la dynamisation du marché financier. Quelques idées ont été certes lancées par-ci et par-là comme le budget supplémentaire pour la promotion du tourisme ou la nouvelle voie ferrée Tunis-Kasserine, mais des idées qui ne prêtent pas à conséquence.

Aucun mot n’a été dit sur les orientations et les moyens de redresser l’économie. Rien n’a été dit, dans ce discours programme, sur la situation de l’entreprise tunisienne qui ne voit pas encore le bout du tunnel des grèves et des sit-in. Rien n’a été dit non plus sur une quelconque aide à apporter aux entreprises exportatrices qui perdent, mois après mois, leurs capacités concurrentielles. Rien n’a été dit ni annoncé pour l’encouragement de l’investissement et l’amélioration des conditions de l’investissement au moment où patronat et économistes tirent la sonnette d’alarme sur les fermetures d’entreprises. Aucun mot n’a été prononcé sur les moyens et ressources qui pourront financer son programme. D’autant que Jbali, dans son souci du social de caresser la Révolution dans le sens du poil, entend augmenter le montant des aides aux familles nécessiteuses et élargir le nombre de leurs bénéficiaires à 235 mille familles. Un silence sur la provenance des ressources qui seront nécessaires au programme de son gouvernement, au moment où les discours enflent sur la dette de la Tunisie, sur sa notation souveraine et sa capacité à sortir sur les marchés extérieurs. Aucun mot non plus sur les alternatives de financement d’un budget dont il n’a pipé  mot.

18 points donc, égrenés sur un ton monocorde par un Chef de gouvernement qui part déjà dans un concert public de critiques sur le nombre et la qualité de son gouvernement, dans une présentation, primaire et sommaire qui ne contribue nullement à apaiser les appréhensions économiques qui commencent à prendre le relais chez un citoyen qui a déjà baissé, politiquement, les bras.

K. Boumiza

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