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Tunisie : «Je t’aime, moi non plus» لا نحبك لا نصبر عليكdans l’auberge espagnole de Tunisie

A comprendre, un tant soit peu, ce qui se passe dans les coulisses et à l’intérieur de la Constituante, le consensus autour de la proposition d’Ennahdha et le reste du triumvirat sur le partage du pouvoir, s’il a existé, commence à s’effriter. Il ne fait pourtant aucun doute, que cette proposition ne fait pas l’unanimité, au sein de la commission de préparation de ce projet de loi, et en tous cas dans la rue tunisienne qui y voit un retour déguisé à la dictature. Plus d’un juriste l’a démontré sur plus d’une chaîne TV.

La nouveauté, c’est les premiers signes de discorde, à propos de ce partage des pouvoir et plus précisément sur la substance de ces pouvoirs et les prérogatives données à chacun (Voir notre article), qui commencent déjà à se concrétiser.
Membre de la Troïka au pouvoir en Tunisie, le CPR (Congrès pour la République) de Moncef Marzouki vient de publier un communiqué au ton, mièvre presque plat où il proteste [le mot est presque trop fort pour le contenu] contre la proposition de loi sur la répartition des pouvoirs entre lui, Ettakattol et Ennahdha. Il y met en relief ses «efforts pour obtenir le siège de président de la République» et sa «participation consistante dans l’élaboration des orientations du gouvernement».

Sans oser protester contre le vide des prérogatives laissées au prochain chef de l’Etat (Moncef Marzouki) par rapport à l’hégémonie des pouvoirs du Chef du gouvernement (Hammadi Jbali), comme s’il avait peur d’être débarqué du siège de la présidence de la République avant de pouvoir s’y asseoir. Sans aucune protestation ou contestation et surtout sans remettre en question les pleins pouvoirs donnés à Hammadi Jbali, le communiqué du porte-parole du CPR, le parti de la Présidence, se limite à commenter que «le projet ne reflète pas notre vision, qu’il a vidé l’institution de la présidence de toute substance et de toutes réelles  prérogatives » et que ce projet est «en voie de révision dans une atmosphère de concorde». Une position qui ressemble à la rengaine de Serge Gainsbourg de «je t’aime, moi non plus » ou en dialecte tunisien arabe « لا نحبك لا نصبر عليك».

Cela, sans oublier les différentes interventions de Khmayes Ksila d’Ettakattol, qui disent clairement, mais pas en écrit puisque Ettakattol n’a sorti aucun communiqué à ce sujet, le désaccord de ce troisième pilier de la troïka sur la consistance des pouvoirs donnés à Hammadi Jbali qui s’apparentent beaucoup aux pouvoirs de Ben Ali qui ont engendré sa main mise politique, économique et sociale sur la Tunisie. De son côté, Ennahdha commence à mobiliser la rue contre  ceux qui remettraient en cause la légitimité du pouvoir que lui a donné l’électorat tunisien depuis le 23 octobre 2011. Un rassemblement de ses sympathisants, est à cet effet prévu samedi matin, devant les portes de la Constituante. Une manière de mobiliser le soutien de la rue à son projet de répartition des pouvoirs et à la domination qu’elle veut se donner sur tous les rouages de l’Etat tunisien.

Vue avec la sérénité d’un œil extérieur, ces divergences qui interviennent pourtant après la conclusion d’un accord écrit, entre Ennahdha, Ettakattol et le CPR, ne sont que perte de temps pour un pays au bord de la crise économique et dont les futurs dirigeants devraient avoir «d’autres chats à fouetter » que de remettre en cause un accord signé de leurs mains. C’est aussi un mauvais signe pour la stabilité politique que recherche tout investisseur, qu’il soit local ou international. C’est aussi loin de cadrer dans la déontologie des négociations qui devraient plutôt pousser la troïka à «laver le linge sale en famille» en présentant une façade d’unité au peuple qu’il se proposer de gouverner. C’est enfin une brèche dans une unité de façade que pourraient vouloir utiliser l’opposition au sein d’une Constituante appelée à s’entendre sur tout l’avenir d’un pays. Tout cela n’est pas bon pour le pays.

Une option est cependant à étudier. Pourquoi, en effet, ne pas se dire que tout cela n’est que du cinéma et de la simple contestation de façade, une protestation pour le principe, pour donner l’image de la diversité et de la divergence des opinions au sein de la Constituante et éloigner tout soupçon d’entente pour la prise du pouvoir ?

Ce qui est certain, c’est que les Tunisiens ne sont pas encore sortis de l’auberge et que la Tunisie ressemble de plus en plus à «une auberge espagnole». «On racontait, il y a longtemps, qu’en Espagne dans les auberges, on pouvait dormir, mais que souvent on ne pouvait pas manger. Si l’on voulait prendre un repas, il fallait amener soi-même sa nourriture. Cette auberge représente un endroit où chacun arrive avec ses provisions, ce qu’il aime, ce qu’il a prévu. On ne partage pas tous la même nourriture. Il n’y a pas un menu, mais chacun mange ce qu’il a pris avec lui » pouvait-on lire sur un site Internet.

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