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Tunisie : «L’Empire contre-attaque». L’UGTT se rebiffe et proclame la désobéissance civile !

Tout le pays, moins 1,5 millions d’islamistes, l’attendait et la grande majorité le craignait. UGTT et Ennahdha ont, en effet, à plusieurs reprises depuis la prise du pouvoir de la troïka, croisé le fer sans se faire la guerre. On se rappelle l’affaire des poubelles déversées devant le siège de la centrale syndicale ouvrière, en février, dernier suite à la grève des éboueurs. On se rappelle aussi les attaques par Ennahdha, à la même période, de certains bureaux régionaux de l’UGTT. On se rappelle encore les accusations proférées par des représentants d’Ennahdha contre la centrale syndicale ouvrière d’accueillir à bras ouverts à tous ceux qui voudraient faire tomber le gouvernement de Hammadi Jbali. Les escarmouches des deux parties s’étaient même étalées sur les plateaux TV.

Les choses s’étaient ensuite calmées après une entrevue entre le chef du Gouvernement et le SG de l’UGTT, ce qui a notamment permis le démarrage des négociations pour les augmentations salariales. On remarquera ici que les nouvelles escarmouches entre parti au pouvoir et UGTT, ont justement repris, sitôt les accords pour les augmentations salariales signés. Le gouvernement d’Ennahdha et la troïka l’ont-ils fait exprès ? Le doute persiste.

Ces nouvelles escarmouches Gouvernement-UGTT, ont aussi repris au lendemain d’un autre important mouvement social, celui des émeutes populaires de la région de Siliana. Sans le dire ouvertement, Ennahdha avait, de manière indirecte, accusé l’UGTT, instigatrice du tout premier mouvement social devant le siège du Gouvernorat de Siliana, d’être derrière tout ce qui s’est passé. Rien n’est pourtant moins sûr et rien n’est non plus moins faux. Il faut rappeler, à ce propos, que la centrale syndicale a toujours été un «agitateur public», avec des revendications, pas toujours en lien avec les conditions de vie ou les salaires. Il faut aussi expliquer, sur le meme registre, que l’UGTT avait cessé depuis des décennies d’être uniquement une simple centrale purement syndicale et s’était transformée en véritable partenaire, «éco-socio-politique» de tous les gouvernements qui s’étaient succédé, depuis Bourguiba. Ce dernier aussi, avait, maintes fois, tenté de l’amadoue, sinon de la guerroyer. Ahmed Ben Salah en connaît quelque chose, Ismaïl Sahbani et d’autres s’étaient laissés manipuler par divers gouvernements tunisiens, sans que ces derniers aient jamais réussi à faire de l’UGTT un appendice d’un quelconque gouvernement tunisien. En février dernier, Ennahdha avait accusé l’UGTT de donner asile à ses opposants gauchistes. 10 mois plus tard, Ennahdha accuse carrément l’UGTT de cacher des armes (Molotov) et ainsi, sans le dire, de préparer une autre révolution.

A quoi joue donc la troïka gouvernante et Ennahdha tout particulièrement, lorsqu’elle essaie d’utiliser ses Pasdarans des comités de protection de la révolution ? Trois possibilités, l’une ressemblant à l’autre dans l’objectif final.

– Le jeu du chat et de la souris pour jauger les pouvoirs en place.

Ce jeu du chat et de la souris, Ennahdha l’essaie toujours avec toutes les forces en place. Le parti au pouvoir avait commencé ce petit jeu avec les médias, sans toujours le finir. Le but étant de laisser les médias tunisiens toujours sous tension et de ne jamais relâcher celle-ci afin d’essayer d’avoir, par les menaces et la culpabilisation, ce qu’elle ne peut avoir par la conviction, religieuse ou politique, c’est-à-dire l’appui inconditionnel même en l’absence de toute feuille de route politique claire et définitive. Ce jeu, Ennahdha l’a aussi joué avec le pouvoir judiciaire, et la bataille se poursuit, même si elle donne l’impression, jusqu’ici, d’être plus ou moins perdue… pour la justice !

La guerre semble, cependant, complètement perdue, avec les forces économiques que sont les hommes d’affaires, un temps, laissés sous la menace d’affaires de corruption et de justice transitionnelle et, un autre, utilisés pour ne pas dire rackettés. Le jeu est pourtant loin d’être fini avec la centrale syndicale, pouvoir officieux dans le pouvoir officiel sans lequel rien ne peut se faire et avec lequel il faut toujours faire attention à ne pas se faire manger toute la main lorsqu’on lui donne le doigt.

– Le jeu du cheval de Troie.

Tous les exemples arabes d’introduction de la religion, telle qu’elle est comprise par les islamistes, dans la vie politique, se sont faits par la stratégie du cheval de Troie, bien connue dans l’histoire grecque. En Algérie, comme en Egypte ou en Tunisie, les islamistes ont toujours utilisé la démocratie pour s’installer avant d’en organiser la mort.

Véritable stratèges de la pénétration et du noyautage, les islamistes qui l’ont réussi avec le CPR avant de lui permettre de devenir un parti politique éligible à faire partie de la troïka essaieraient de faire la même chose avec l’UGTT, c’est-à-dire d’essayer de la noyauter par des éléments islamistes. On avait en Tunisie, un temps, cru cela possible, lors du congrès de Tabarka de l’UGTT. Les syndicalistes ont cependant resserré les rangs et colmaté toutes leurs brèches, empêchant ainsi tout noyautage. Connu pour être proche des courants islamistes, le syndicaliste Ali Romdhane a fini par quitter ou être poussé à quitter l’UGTT et a créé le parti ouvrier qui n’arrive toujours pas à percer.

– La stratégie de la diversion.

Cette nouvelle explosion du différend entre la troïka au pouvoir et l’UGTT, intervient alors que les gouvernants essaient de faire passer la loi sur l’exclusion politique, sous le couvert de la protection de la révolution. Une révolution dont elle a été complètement absente, cachée dans les alcôves des retraites dorées à l’étranger. Elle pourrait ainsi espérer que le bruit de sa lutte avec l’UGTT, couvre celui, plus fracassant, de son projet d’exclusion politique pour s’assurer l’élimination d’un adversaire de taille, Nida Tounes et les Destouriens, pour les prochaines élections, s’il leur arrive d’avoir lieu.

– «Le jeu des figues de barbarie avec les figues».

Ce dicton tunisien est généralement utilisé pour désigner un jeu dangereux. Ces jeux, non innocents, d’Ennahdha se font ainsi aux dépens de toute l’économie de tout un pays. Poussant l’UGTT à décréter une grève générale indéterminée, Ennahdha compromet en effet toutes les chances de reprise économique d’un pays qui n’est pas encore sorti de l’auberge.

A ne pas en douter, Ennahdha ne devrait pas tarder, comme à l’accoutumée, à faire marche arrière et à chercher de nouveau à calmer les jeux et les esprits. Notre conviction reste cependant forte que le parti islamiste au pouvoir ne tardera pas à sortir un autre jeu de sa boîte de Pandore, laissant ainsi en suspens la reprise économique.

Khaled Boumiza.

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