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Tunisie : « L’emploi doit être au cœur de politique macroéconomique », affirme le directeur régional de l’OIT

Rencontré lors des travaux du séminaire international tenu récemment à Tunis autour du thème «justice sociale et lutte contre l’exclusion dans un contexte de transition démocratique», Charles Dan, directeur régional de l’OIT pour l’Afrique nous affirme l’importance de l’emploi des jeunes en tant que condition du décollage économique et urgence sociale. Interview.

Lors de votre intervention, vous signalez que le taux du chômage en Afrique du Nord continue d’être l’un des plus élevés dans le monde à 9,9 en 2009 et avec une estimation à 9,8 en 2010. Ce taux important est essentiellement le résultat d’un taux extrêmement élevé du chômage des jeunes. Y- a-t-il une démarche concrète de la part de l’OIT pour remédier à ce problème?

Si nous sommes aujourd’hui  à l’ouverture de ce séminaire international à Tunis, c’est précisément en raison de la Révolution de jasmin qui n’est pas née de rien. Au contraire, elle a été née à partir d’un sentiment profond d’injustice sociale. Ce sentiment d’injustice qui connaît non seulement la Tunisie mais d’autres pays provient d’une situation où l’on assiste à une croissance sans emploi, c’est-à-dire que l’objectif même d’une politique économique est la croissance économique qui  ne se traduit pas concrètement pour les populations ou pour les individus en termes de réduction de la pauvreté et de création de l’emploi. C’est pour cela que nous préconisons à l’OIT, notre approche. Nous pensons désormais que  l’emploi doit être au cœur de la politique macroéconomique et il ne doit pas être considéré tout simplement come une conséquence, une résultante d’une politique macroéconomique. Il doit être considéré comme un objectif en soi d’une politique macro-économique. Cela veut dire que nous devons fixer des objectifs concrets en termes de création d’emploi dans les politiques macroéconomiques

Mais de quelle manière ?

Ceci exige bien également la révision des politiques de développement. Cela veut dire que concernant les politiques sectorielles, par exemple, la politique de l’agriculture, on doit analyser son impact sur la création de l’emploi et même dans la politique de défense et de sécurité, car les ministères de la politique de défense dans nos pays sont également des créateurs d’emplois. Nous devons mesurer  leurs impacts en termes de création d’emploi ,mais nous pensons qu’il faut aller plus loin, car si nous parlons au niveau de l’OIT d’un travail décent, c’est parce que l’emploi en lui-même ne suffit pas. L’emploi doit s’accompagner d’une protection sociale. On ne peut pas attendre un développement sans une meilleure productivité d’une population. Et  dans le même temps, on ne peut pas attendre une grande productivité de la population en la laissant  dans un état de la vulnérabilité sociale. La productivité va de pair avec la protection sociale. C’est pourquoi, au niveau de l’OIT, nous préconisons désormais de considérer les dépenses en matière de sécurité sociale, de protection sociale comme un investissement dans la productivité et dans le développement humain et non pas seulement comme un coût.

Comment y parvenir ?

Nous pensons à l’OIT que l’un des instruments privilégiés est un meilleur aspect de la liberté de l’association, de la négociation collective, des droits fondamentaux des travailleurs et de dialogue social. Car, en discutant ensemble au niveau national, on peut parvenir à des solutions concertées.

Comment vous essayez alors de propager cette approche à l’échelle internationale ?

Il faut dire que nous avons tous vécu les conséquences de la crise internationale  apparu en septembre 2008, c’est dans ce contexte qu’au niveau de l’OIT, on a adopté un pacte mondial pour l’emploi, c’est-à-dire que tous les membres de l’Organisation Internationale de Travail se sont regroupés et ils ont décidé de considérer désormais l’emploi comme une priorité absolue des politiques gouvernementales mais également des partenaires sociaux dans le monde. Au niveau de l’Afrique, les membres se sont réunis, en décembre 2009, à Ouagadougou, et ils ont décidé que les meilleurs instruments pour appliquer ce pacte international devraient être l’adoption dans chaque pays africain d’un programme par pays pour le travail décent.  Il  définira que la meilleure approche pour lutter contre la pauvreté est la création d’un emploi productif. D’ailleurs, nous avons 31 programmes par pays pour le travail décent en Afrique et nous sommes en négociations dans 22 pays africains y compris la Tunisie avec les partenaires sociaux pour l’adoption d’un programme par pays pour le travail décent qui tracera une feuille de route pour définir ensemble les meilleures politiques possibles pour lutter contre la pauvreté

Wiem Thebti

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