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Tunisie : «L’hirondelle ne fait pas le printemps » et «Le pire, c’est que ça risque de durer».

L’Observatoire de la Conjoncture Economique (OCE) est une structure de veille, à l’intérieur de l’INS (Institut de la Statistique), qui publie chaque mois un rapport. Ce rapport scanne mensuellement l’état de santé de l’économie tunisienne et en trace les perspectives, telles qu’elles se dessinent au vu des chiffres et des réalisations de l’économie. Le rapport du mois de septembre, est loin de l’optimisme dernièrement formulé par le DG de l’INS et encore moins de celui du gouvernement. Ce pessimisme, quant à l’évolution de l’économie tunisienne, est cependant dûment argumenté.

Une lecture, même en simple diagonale, de ce rapport de 14 pages, fait apparaître au moins deux remarques majeures, qui devraient éclairer [façon de dire] les opérateurs économiques, tunisiens et ceux qui travaillent sur la Tunisie, et donner une image plus nette au Tunisien moyen de l’état réel de l’économie de son pays.

– «Le pire, c’est que cette situation risque de durer».

Après avoir passé en revue les derniers développements de l’économie internationale, à laquelle est obligatoirement ancrée celle de la Tunisie, les experts de l’OCE mettent en relief l’impact de ses évolutions. Ce sont ainsi essentiellement deux chocs majeurs auxquels devra faire face la Tunisie au cours de l’exercice 2012. D’abord «la conjoncture dégradée chez nos principaux partenaires européens». Ensuite, «l’accélération de l’inflation, depuis mai 2012 (…) qui devrait peser davantage sur le pouvoir d’achat et donc amortir la consommation finale». Tout cela, en face d’un marché de l’emploi qui reste très mitigé et une croissance économique en progression de 3,5 %.

Et l’OCE d’asséner sa première vérité. «Une croissance de nouveau positive et une baisse du taux de chômage, ne font pas forcément une sortie de crise, encore moins un redressement économique », affirment ainsi les experts de la conjoncture économique tunisienne, dans un document officiel. Et ces derniers de marquer leur pessimisme réaliste, en ajoutant que «le pire, c’est que cette situation risque de durer, compte tenu de l’inertie structurelle et culturelle qui caractérise le tissu économique tunisien, car pour créer des emplois pérennes, il faut des employeurs viables». Plus loin et à travers l’analyse du répertoire national des entreprises, l’OCE démontrera que le volume d’emploi produit par le tissu économique national, progresse à un rythme insuffisant pour résorber le déficit persistant. Ceci s’explique par la prédominance, au sein de l’ensemble des entreprises privées, d’unités de petite taille, puisque 90 % des entreprises sont à UN salarié et affichent un faible niveau de productivité. Mieux encore, les créations d’emplois proviennent essentiellement des nouvelles créations d’entreprises, qui sont généralement des micros ou des petites entreprises. La quadrature du cercle en quelque sorte, avec la seule perspective d’un changement total du modèle de développement qui n’est pas une affaire de quelques mois, mais de plusieurs années !

– Le climat des affaires qui stagne et des industries manufacturières en récession !

On notera au passage, ces réflexions, réalistes bien qu’elles détonnent avec l’optimisme politique ambiant. «La lecture des indicateurs disponibles, jusqu’au mois d’août, suggère une rechute des activités liées au tourisme par exemple. En outre, les services de communication, sont nettement en perte de vitesse, en lien avec la saturation des marges de croissance dans la téléphonie mobile », affirment les experts de l’OCE. Ils se permettent même de mettre un bémol à l’optimisme des politiciens tunisiens, en rectifiant que «du coup, si la croissance du 1er trimestre 2012 constitue plus un rebond technique, celle du 2ème trimestre correspond à une croissance spontanée». Et Vlan…

Le rapport passe ensuite au scanner, l’évolution des exportations qui fait la joie de la BCT, en affirmant que «les perspectives de croissance, à court terme, demeurent suspendues à l’évolution de la crise en zone euro», mettant en lumière, la «dynamique disjointe entre exportateurs offshore et on-shore». Car, si le second reprend du poil de la bête, le premier exporte peu et connait même une récession comparable à celle de la fin 2008 et qui, cette fois-ci, semble s’installer dans la durée.

Le rapport de l’OCE, passe en suite en revue le moral des chefs d’entreprises industrielles, indicateur du climat des affaires, dont il dit qu’il «stagne (…), avec des carnets de commande toujours jugés peu étoffés ». Et de terminer que «au fond, la conjoncture actuelle, présente beaucoup de similitudes avec celle du début de la décennie précédente, c’est-à-dire un effondrement industriel porté par le secteur textile et une inflexion du secteur touristique, combinés à un retournement conjoncturel international. Cette fois, le ralentissement économique, engagé depuis 2010, résultant en partie de la crise économique et financière mondiale, s’est transformé en récession avec le changement politique en 2011».

Ce diagnostic, quelque peu pessimiste mais réaliste et objectif, ne plaira certainement pas à un gouvernement qui cherche par tous les moyens à relancer la confiance dans les perspectives économiques tunisiennes. Il n’en demeure pas, à notre sens, nécessaire pour remettre les pieds des politiciens tunisiens de la transition, sur terre et les pousser à mieux faire. Espérons le !

Synthèse : Khaled Boumiza

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