AccueilLa UNETunisie : L’inflation entre la mercuriale officielle et le vécu du consommateur

Tunisie : L’inflation entre la mercuriale officielle et le vécu du consommateur

Depuis les événements du 14 janvier 2011, les prix n’ont de cesse de s’inscrire dans une spirale ascendante touchant de nombreux produits de large consommation, et surtout, suscitant la colère de nombre de consommateurs qui estiment que l’absence de la sécurité et du contrôle continu des commerçants est derrière la hausse de prix.

Ce n’est toutefois pas l’avis du ministère du Commerce et du Tourisme où une source nous a affirmé que « les prix des produits de consommation de base n’ont pas augmenté contrairement à ce qui est souvent affirmé, ajoutant que ces prix ne seront pas augmentés durant la prochaine période, et que, pour éviter toute spéculation et mettre fin aux rumeurs d’augmentation des prix, les prix de vente des produits de base n’ont enregistré aucun changement , dont notamment le gros pain : 230 millimes ,pain baguette : 190 millimes, semoule : 450 millimes le kg, pâtes alimentaires : 805 millimes le kg, couscous : 795 millimes le kg, lait: 920 millimes la bouteille, 970 millimes le paquet, sucre en vrac : 970 millimes le kg, concentré de tomates : 1600 millimes la boite de 800g , 800 millimes la boîte de 400g, gaz : 7400 millimes la bouteille de 13 kg ,viande de poulet: 4200 millimes le kg ,œufs prix maximum : 480 millimes.

Toujours selon le ministère du Commerce et du Tourisme, les prix ont été maintenus à leur niveau en dépit du fait que les cours mondiaux des produits agricoles de base de consommation courante enregistrent des hausses vertigineuses depuis le premier trimestre de l’année 2011 en comparaison avec la même période de l’année précédente. Ces augmentations se sont répercutées sur les prix de certains produits agricoles compensés, à savoir: le blé dur (pour la semoule, les pâtes alimentaires, le couscous) : +105% par rapport aux cours du 1er trimestre 2010; le blé tendre (pour le pain, la farine): +90% par rapport aux cours du 1er trimestre 2010; l’orge (aliment, bétail, et autres): + 88% par rapport aux cours du 1er trimestre 2010; le sucre: +60% par rapport aux cours du 1er trimestre 2010 ;l’huile végétale (huile subventionnée en bouteille de verre): +52% par rapport aux cours du 1er trimestre 2010. Du coup, affirme le ministère, ces augmentations ont alourdi les charges de la Caisse générale de compensation qui subventionne les prix à la consommation de ces produits, charges qui pourraient dépasser, pour l’année 2011, le milliard de dinars. Dans le même contexte, l’institut national des statistiques a publié ses chiffres au titre de l’indice des prix à la consommation familiale selon lequel, pendant les quatre premiers mois de 2011, cet indice a enregistré une augmentation de 3,1% par rapport à la même période en 2010.

Dans le détail et par postes, le secteur de la restauration et de l’hôtellerie a enregistré une forte progression de 5,7%. Les hausses ont touché aussi notamment, les prix de l’habillement et des chaussures, (3,4%), du transport (3,3%), des produits alimentaires (3,1%), de l’ameublement et équipement ménager(2,6%), des loisirs et de la culture et de la santé (2,4%), de l’enseignement (1,7%) et du tabac (1,1%). Et comme c’est le cas depuis des mois, le secteur des communications a enregistré une baisse des prix avec -1%. Toutefois, l’indice qui regroupe les prix de l’eau, de l’électricité, du gaz et du logement a enregistré une hausse de l’ordre de 4%. Signalons qu’entre le mois de mars 2011 et d’avril 2011, la hausse des prix la plus importante a été enregistrée dans l’indice qui regroupe les prix de l’habillement et chaussures (+5,3%) alors que la baisse la plus forte a été enregistrée dans les prix des loisirs et de la culture (-0,2%).

L’autre son de cloche !

Force est de constater qu’entre ce que véhiculent les statistiques officielles et la mercuriale telle qu’elle est vécue par le consommateur, l’écart est de plus en plus large , au point que le citoyen claironne sur toutes les fréquences qu’il n’est plus dans ses moyens d’honorer tous ses engagements.

Il est bien en peine de s’acquitter, entre autres et pas uniquement, des factures d’eau, d’électricité, de télécommunication qui ne cessent de grimper, rendant encore plus insupportable les charges financières des ménages.

Il se dégage des propos que nous ont tenus maints consommateurs en réaction à cette « flambée des prix » une urgence impérieuse : préserver le pouvoir d’achat des citoyens et la nécessité pour les pouvoirs publics d’élaborer une stratégie permettant de juguler la hausse des prix par la lutte contre la spéculation, la fraude et les hausses illicites.

Il est également réclamé de baisser sensiblement les prix des produits de base, notamment par la consolidation du rôle de la caisse de compensation et la révision de la taxation de ces produits. Selon d’autres citoyens, l’amélioration des conditions de vie, le renforcement des revenus et la maîtrise, voire la baisse des prix des produits de première nécessité, figurent parmi leurs priorités absolues.

La montée incontrôlée des prix des produits de base est regardée par nombre d’entre eux comme étant une des conséquences de l’absence du contrôle continue, de l’insécurité ambiante et de bien des formes de protestation et de sit-in dans maintes régions. Egalement, certains citoyens pointent du doigt la spéculation de certains commerçants qui, profitant de ces perturbations politiques et économiques dont notamment l’absence de régulation des prix, vendent leurs produits à des prix exorbitants pour engranger un surcroît de bénéfices. D’ailleurs, l’absence de contrôle et de régulation des prix encourage les commerçants à s’essayer à la valse des étiquettes dans l’impunité totale. Il n’en demeure pas moins que, contrairement à ce qu’avancent les consommateurs, bien des commerçants que nous avons contactés affirment à qui voudrait les entendre que les prix de vente des articles d’alimentation courante n’ont pas varié ou si peu, alors que, ajoutent-ils, les prix fixés par le ministère du commerce sont les mêmes. Selon un commerçant, le citoyen tunisien a toujours tendance à se plaindre que ce soit avant la révolution ou après. Il est vrai cependant que l’on trouve quelques marchands qui profitent de la situation actuelle du pays pour récupérer les pertes qu’ils ont subies pendant les derniers événements.

Nadia Ben Tamansourt

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