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Tunisie : L’OCE n’exclut pas une possible dégradation du potentiel de croissance de l’économie

Le freinage de l’économie nationale a touché tout le système productif non agricole avec une contraction de l’activité aussi bien dans les branches industrielles que dans les services. Le secteur minier et extractif aura été le plus touché avec des conséquences sur les branches chimiques et de raffinage en aval ; tandis que parmi les services, l’hôtellerie et restauration ainsi que le transport auront subit les plus forts replis. Ce constat est fait par la dernière « Lettre d’information de l’Observatoire de la Conjoncture Economique »
Toutefois, le climat conjoncturel s’est relativement éclairci au cours du deuxième trimestre avec un redémarrage des unités industrielles et un rétablissement graduel de la demande intérieure. Le PIB a  ainsi connu une croissance trimestrielle positive de près de 5% après une contraction de 8% au premier quart de l’année. L’économie nationale devra croitre à un rythme moyen de 3,3% par trimestre durant la seconde moitié de l’année afin d’éviter une récession qui serait la première depuis 1986.

Quelque soit le scénario en cours, la croissance se situera, au terme de l’exercice actuel, largement en dessous de son potentiel (estimé à près de 5% l’an), et ce pour la troisième année consécutive (3% en 2009 et 2010). Ce constat amène l’OCE à s’interroger sur une possible dégradation du potentiel de croissance de l’économie nationale, eu égard aux développements récents. Les fermetures d’unités de production en début d’année et la destruction de capital productif se sont accompagnées d’une importante hausse du chômage qui serait passé de 13% à 18%. Si on évalue le chômage structurel à partir du dernier point haut du cycle (2007/2008), il serait de l’ordre de 12%. Le niveau actuel serait donc à quelque 6 points de pourcentage au dessus du niveau structurel. Ce taux élevé, s’il devait s’inscrire dans la durée, engendrera une perte de capital humain et aura pour conséquence une hausse de la part structurelle du chômage.

L’histoire  économique récente  de la Tunisie ne recense pas de variation aussi brutale de l’emploi, ce qui pose un défi quant à la capacité du système de production à réembaucher, d’autant plus que les perspectives de croissance à court terme montrent des signes de modération. Et ce  constat est corroboré par l’évolution du commerce extérieur en volume qui présenterait au terme du troisième trimestre des résultats mitigés. Car si les exportations ont regagné dès février un niveau proche de celui de la fin 2010, elles continuent depuis  à stagner. Une lecture plus détaillée montre que la dichotomie offshore/onshore, déjà bien établie, s’est accentuée : alors que les exportations offshore ont retrouvé leur croissance tendancielle, les ventes à l’étranger des entreprises du  régime onshore connaissent une contraction prolongée, même en faisant abstraction des produits énergétiques et phosphatés (qui comptent pour environ la moitié des exportations de cette catégorie).

Un constat similaire peut être dressé pour les importations. Ainsi, les achats à l’étranger de matières premières et demi-produits qui avaient rebondi au deuxième quart de l’année (+11% par rapport au premier) devraient de nouveau chuter au troisième trimestre. Par ailleurs, les importations de biens d’équipements continuent à se redresser mais peinent à retrouver leur niveau du premier semestre 2010. Ces mouvements laissant entrevoir une reprise en pente douce de l’investissement ainsi que de l’activité productive au cours des prochains mois. Enfin, du coté des crédits à la consommation, ceux-ci ont enregistré un léger repli de 1% au terme du mois de juillet. Les récentes baisses du taux directeur de la Banque Centrale (ramené à 3,5%) devraient aller dans le sens d’une dynamisation des crédits au bénéfice de la consommation mais aussi (et principalement) l’investissement.

Toutefois, cette inflexion sera tributaire d’une dissipation de la frilosité des agents économiques et d’une amélioration de leur perception du climat général.
Par ailleurs, note l’observatoire, le comportement de consommation des ménages sera également guidé par l’évolution des prix. Sur ce plan, l’inflation qui restait sur un rythme modéré à 3,1% jusqu’en juin, a connu une franche accélération au cours de l’été et devrait s’établir à 3,7% en septembre. Ce mouvement est essentiellement porté par les prix à la consommation hors alimentation et produits encadrés qui ont gagné un point de pourcentage depuis le début de l’année  pour atteindre un rythme de progression à 4,8% l’an, soit au niveau du  sommet de juin 2007 qui annonçait le pic inflationniste à 6% d’avril 2008. Cette hausse sous-jacente des prix est conforme avec une diminution des capacités de production constatées en début d’année et devrait persister au-delà de l’exercice en cours.

En outre, les prix à la production connaissent un décrochage à la hausse par rapport aux prix à l’importation qui gardent un rythme relativement stable ; ce profil est probablement révélateur d’une anticipation à la hausse de certains coûts de production qui devraient être réévalués au cours des prochains mois (dépenses d’énergie, salaires…). L’inflation au niveau de la consommation pourrait donc gagner un cran en 2012 mais devrait toutefois rester modérée jusqu’à la fin de l’année en cours en raison du « moratoire » actuel sur les prix administrés et, plus marginalement, grâce à des effets de base favorables au dernier trimestre.

Au total, sur l’ensemble de l’année, l’inflation moyenne devrait donc se maintenir en deçà des 3,5% mais avec un report pour 2012. La perspective d’un biais inflationniste, conjuguée à un chômage en nette augmentation qui exercera une pression sur les salaires nominaux, devraient éroder l’évolution du pouvoir d’achat et limiteront par conséquent la croissance de la consommation des ménages, conclut la Lettre de l’OCE.

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