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Tunisie : La marche des oubliés de la Révolution qui n’ont pas fait leur propre révolution !

 

La ville de Tunis vivra ce samedi 16 juin, une marche de protestation organisée par les fédérations du tourisme, la FTH qui représente les hôteliers et la Ftav qui représente les agences de voyage.

Les organisateurs «insistent sur le fait qu’il s’agit d’une manifestation pacifique et apolitique pour dénoncer les dernières violences enregistrées en Tunisie qui ont gravement porté atteinte à l’image du pays, à son tourisme et donc au million de Tunisiens qui vivent directement ou indirectement des revenus du secteur ».

La manifestation verra la participation des opérateurs du tourisme mais également de tous les employés du secteur et de tous ceux qui vivent de cette activité aujourd’hui menacée par l’instabilité du pays. La centrale syndicale UGTT a également confirmé sa présence, affirment les organisateurs. Entre-temps, un important convoi de véhicules touristiques en provenance de toutes les régions défilera d’abord devant l’Assemblée nationale constituante au Bardo pour ensuite se déplacer sur l’avenue Habib Bourguiba.

En manifestant ainsi et en essayant de se faire entendre par des députés, trop obnubilés par la chose politique pour penser au présent et à l’avenir de tout un secteur qui fait vivre des milliers de familles, hôteliers et voyagistes essayent de se faire rappeler au bon souvenir de toute une classe politique et à tout un peuple, qui apprécient bien la vache laitière qu’est ce secteur, mais qui se soucient peu de maintenir la vache dans de bonnes conditions pour préserver sa capacité à donner toujours du bon lait.

 

Manifestants, contre-manifestants, défenseurs des libertés et société civile, défendent avec acharnement le droit de manifester et gare à celui qui essayera de raisonner ce droit ou même de l’organiser. Ils se soucient cependant, peu ou prou, de l’impact de leur droit sur le droit au travail des 400 mille personnes qui vivent directement du tourisme, des 600 mille qui en vivent de façon indirecte. Et si on y ajoute leurs familles, cela ferait 2 millions de personnes, quotidiennement menacés dans leur pain quotidien par «les droits» que revendiquent ceux qui ne travaillent pas et font de la politique.

Manifestants, barbus et imberbes, Salafistes et Nahdhaouis, défenseurs des droits de l’homme et défonceurs des droits de l’homme, jouent quotidiennement à la roulette russe avec les 3500 MDT que représentent les recettes touristiques pour le budget d’un Etat dont ils revendiquent tout et maintenant. Ils manipulent, sans insouciance, une bombe sociale et financière qui représente 7 % du PIB de tout le pays qu’ils disent pourtant défendre et vouloir mettre à l’abri de l’interventionnisme étranger.

Hôteliers et voyagistes tunisiens, sont pour l’instant les oubliés de la Révolution qui fané, en dommage collatéral, le jasmin de l’image de tout un pays. Rien que par ce dernier couvre-feu qui a «bénéficié» [le mot est presque cynique] d’une large couverture médiatique internationale, le secteur du tourisme risque de rechuter douloureusement. On rappellera, juste pour l’exemple, qu’un marché tel que le français qui se réveille maintenant aux préoccupations des vacances après les élections et s’y prend donc par le «Last Minute», risque fort d’échapper à toutes les stations balnéaires de la Tunisie, lorsque le touriste moyen descend au Métro et qu’il regarde, placardées, les Unes des médias français sur le couvre-feu et les violences que n’a pourtant pas vues le représentant de l’Union Européenne en rencontrant Hammadi Jbali. Le couvre-feu est certes levé, mais trop tard, le mal est déjà fait.

C’est à tout cela, que penseront ce samedi, hôteliers et voyagistes, lorsqu’ils manifesteront, pacifiquement, tout leur soutient au gouvernement pour une application stricte de la loi contre les fauteurs de trouble, n’en déplaise à l’opposition et à tous les politiciens, quand bien même aurait été justes leurs préoccupations, politiques et électorales. Ce samedi, hôteliers et voyagistes, se décident à défendre leur pain (pour certains certes ca pourrait être leur cake ou leurs pains spéciaux) et ceux des deux millions de Tunisiens.

Il faudra pourtant leur rappeler, aux hôteliers et aux voyagistes, qu’ils n’ont pas encore fait leur propre révolution. Pour certains, on pourrait presque jurer, qu’ils sont impropres à la Révolution. Hôteliers et voyagistes, se doivent aussi ce samedi, de se rappeler, qu’il leur faut payer leurs dettes, même petit-à-petit. Ils doivent, eux aussi, épurer leurs rangs de ceux qui se dissimulent dans la corporation pour éviter de payer, épurer leurs structures professionnelles de ceux pour qui, la différence est flagrante entre leurs finances propres et les finances de leurs établissements.

Hôteliers et voyagistes, doivent aussi faire la révolution dans leurs établissements, avec leur propre argent et ne rien attendre, pour cela, de l’Etat, celui de Hammadi Jbali ou celui qui le remplacerait.

Le président américain, J.F Kennedy, disait «Ne demandez pas ce que votre pays peut faire pour vous. Demandez ce que vous pouvez faire pour votre pays». Et si ceux de Sidi Bouzid, ceux de Jendouba, Siliana ou autres régions défavorisées, ne retrouvent toujours pas toute leur tête pour le faire, il nous semble que cette intelligencia économique, dont font partie les professionnels du tourisme, se doivent de le faire, maintenant, avant que la Révolution des autres ne les rattrape dans leurs villas cossues et leurs hôtels !!

Khaled Boumiza

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