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Tunisie : La récupération des avoirs de Ben Ali freinée par les techniques de dissimulation !

15 mois déjà sont passés depuis la fuite de Ben Ali et aucune information sur la récupération des ses biens n’a été fournie jusqu’à ce jour. Restituables ou non ? Là encore, les polémiques font florès. Toutefois, selon les premières investigations menées par Africanmanager, il semble que les biens et l’argent de Ben Ali ne soient pas près d’être facilement récupérables.

Dans une Interview accordée à Africanmanager, Sami Remadi, le président de l’Association tunisienne, pour la transparence financière (ATTF) et vice-président de l’Union arabe pour la transparence et l’intégrité (UATI) a indiqué que les avoirs de Ben Ali ne seront pas récupérés dans leur totalité vu que le président déchu et son entourage ont été conseillés par d’excellents spécialistes, recrutés parmi les banquiers, les avocats, juristes et gestionnaires de fortunes. Selon lui, les comptes personnels nominatifs qui portent les noms des personnes et dont les avoirs ont été gelés, seront certainement récupérés, alors que les comptes des sociétés off-shore ne pourront pas l’être en totalité vu les techniques de dissimulation utilisées par les pilleurs et leurs conseillers. Pire ! D’après les grands spécialistes du domaine, les comptes qui changent d’identité plus de 3 fois sont difficiles à récupérer, même si la bonne volonté du pays où ils sont déposés est manifeste.

Sami Remadi a fait savoir que le facteur temps est très important. Le fait qu’une grande partie des comptes n’ait pas été gelée à temps, pour diverses raisons que le président de l’UATI a refusé de mentionner, a permis aux pilleurs de la Tunisie, et à leurs conseillers de vider certains comptes pour placer l’argent dans des paradis fiscaux peux coopératifs, ce qui a freiné d’autant la tâche de récupération pour la rendre encore plus difficile.

Au sujet de l’application des règles de transparence dans la récupération des avoirs de Ben Ali, Sami Remadi a indiqué que les technocrates font leur travail comme il se doit qu’il s’agisse des juges d’instruction, des commissions de récupération des avoirs de la Banque centrale ou de l’administration des affaires judiciaires au ministère de la Justice. Sur le même sujet, Sami Remadi n’a pas caché sa surprise quant aux tentatives d’instrumentalisation politique de la question de la récupération des avoirs par la présidence de la République et par le conseiller politique du chef du gouvernement bien que « ces personnes n’aient jamais été impliquées dans ce dossier », a-t-il expliqué.

Un laxisme à but purement électoral !

Ce qui parait aussi anormal pour le président de l’UATI, c’est que le gouvernement actuel se substitue à la justice en négociant des compromis avec des proches de l’ex-famille « régnante ». « Si la justice ne suit pas son cours, et les corrompus ne sont pas punis comme le prévoit la loi en vigueur, nous assisterons à des récidives, et nous verrons certainement une nouvelle famille régnante au pouvoir », a-t-il indiqué soulignant que ce manque de rigueur, et le laxisme à but purement électoral, vont certainement se rejaillir sur la petite corruption (corruption des petits fonctionnaires). Selon lui, l’absence de mesures dissuasives touchant les cas de « grande corruption » rejaillit immédiatement au niveau des divers échelons de la fonction publique. Selon lui, le résultat est déjà là ! L’indice de perception de la corruption de « Transparency International » où la Tunisie a été régressé de la 59ème position, à la 73ème position, perdant ainsi 14 places, « Nous sommes d’avis que des mesures rigoureuses et fermes, impliquant toutes les personnes corrompues soupçonnées de fuite des capitaux devront permettre de mettre les points sur les « i », a-t-il ajouté.

La Grande- Bretagne, le pays le moins coopératif !

La somme globale dérobée par le président déchu et sa famille a été évaluée à 17 milliards de dollars. Pour le montant qui va être récupéré, les chiffres ne sont pas encore clairs. Concernant la collaboration des pays dans l’effort de récupération des avoirs de Ben Ali, il semble que le Liban soit le pays le plus coopératif. Jusqu’ au jour d’aujourd’hui, la Tunisie n’a rien récupéré. Les premières restitutions, soit environ 42 millions de dinars, proviendront prochainement du Liban. Le Suisse semble être aussi sur le bon chemin, et les progrès enregistrés dans l’exécution de la commission rogatoire sont vraiment porteurs d’espoir.

Le pays le moins coopératif est la Grande-Bretagne, qui à ce jour n’a même pas daigné répondre la commission rogatoire qui lui a été délivrée par le ministère de la Justice. « On va s’occuper du dossier très prochainement », a insisté Sami Remadi tout en rappelant que la procédure de récupération passe habituellement par 3 étapes à savoir le gel, la confiscation, et la restitution.

Pour la majorité des pays du tiers- monde touchés par le phénomène de la fuite des capitaux, la récupération prend entre 12 et 24 ans, comme c’est le cas dans l’affaire Abacha (Nigeria), et le cas Marcos (Philippines).

Khadija Taboubi

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