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Tunisie : La reprise n’est pas pour demain, et encore deux années ratées !

« La reprise solide n’est pas pour demain, et comme les tensions inflationnistes pourraient perdurer au-delà de l’épisode actuel, l’hypothèse la plus probable s’avère celle d’un maintien prolongé du statu quo monétaire », a déclaré Moez Labidi, universitaire et expert économique dans une analyse récente publié par l’intermédiaire en bourse Mac.

Il a précisé que la conduite de la politique monétaire en temps de crise est un exercice de haute voltige, soulignant que la BCT n’a pas lésiné sur les moyens et qu’elle a réussi avec brio à éviter le spectre du « credit crunch » qui plane sur l’économie tunisienne, depuis le 14 janvier. « La responsabilité du grippage des canaux de transmission de la politique monétaire incombe au mauvais traitement des dossiers de la transition démocratique, qui a fini par polluer le climat des affaires et plomber l’initiative d’investissement », a-t-il dit.

Moez Labidi a espéré, dans ce cadre, que le cri d’alarme de la BCT trouvera enfin des oreilles attentives : « Si la conduite de la politique monétaire semble rassurer temporairement, les fragilités structurelles du pays (déficit budgétaire, déficit courant), conjuguées au tarissement des sources de financement externe devraient, d’une part, laisser le dinar tunisien sous pressions baissières, et d’autre part, glisser davantage l’économie dans les méandres de l’impasse financière », a-t-il dit. Et de préciser que l’heure n’est plus aux décisions gouvernementales qui dissimulent des placements à terme électoraux : « L’heure n’est plus aux tergiversations politiques, ni aux grèves à répétition qui empestent les calculs politiques. L’heure n’est plus à un accord boiteux mais plutôt à une prise de conscience de toute la classe politique et de toutes les composantes de la société civile sur l’intérêt d’un pacte économique, pour pouvoir réussir les réformes structurelles incontournables afin de débloquer la machine économique », a-t-il expliqué.

Emergence d’un populisme exacerbé !

Moez Labidi a déclaré, dans ce cadre, que sans une prise de conscience de toute la classe politique, les perspectives d’une dégradation de la situation économique laissent craindre l’émergence d’un populisme exacerbés, un créneau porteur pour arracher des voix, lors d’une prochaine échéance électorale, mais aussi fédérateur en temps de crise, estimant qu’une telle dérive risque de bloquer les réformes, et d’imposer des orientations économiques fort déstabilisantes pour les grands équilibres macroéconomiques. Du coup, l’année 2014 serait encore une année ratée, et l’année 2015 serait trop courte pour nous offrir de la marge pour honorer nos engagements de 2016-2017 (emprunt qatari, emprunt américain, emprunt japonais, ..).

Il a affirmé, en outre, que la situation actuelle en Tunisie ne se décante pas : « les derniers chiffres publiés dans le communiqué de la BCT sont inquiétants. Le spectre de l’impasse financière plane sur l’économie tunisienne, et la date du 20 décembre 2013, date de la réunion du conseil d’administration du FMI, est sur toutes les lèvres des responsables chargés des dossiers économiques et financiers en Tunisie. Car, le déblocage de la deuxième tranche du prêt du FMI sera déterminant pour que la Tunisie puisse échapper à l’impasse financière », a-t-il dit.

Plusieurs indicateurs économiques restent plombés dans la zone « rouge », et même ceux qui s’apprêtent à repasser au « feu orange », voire au « feu vert », sont loin d’être réjouissants. Car derrière chaque indicateur, il y a des signes de fragilité. Un certain nombre d’indicateurs présentés par la BCT, sur les dix premiers mois de l’année en cours, confirment la gravité de la situation. Il y a, d’abord, la décélération du rythme des crédits à moyen et long terme et le repli des importations des biens d’équipement qui est un indicateur avancé de l’investissement productif. Puis un déficit courant qui reste à un niveau inquiétant, malgré la légère amélioration observée pour les dix premiers mois de l’année en cours (6,5 % du PIB contre 6,9% une année auparavant) et qui n’arrête pas de grignoter le peu qui nous reste des réserves de change. Du coup, le dinar continue d’encaisser la détérioration des paiements extérieurs.

S’agissant de la politique monétaire, Moez Labidi a reconnu que le manque de dynamisme du marché obligataire prive l’autorité monétaire de recourir à de nouveaux instruments non conventionnels (quantitative leasing, crédit leasing, opération twist, …) qui ont fait leurs preuves ces dernières années. Car le dynamisme du compartiment secondaire du marché obligataire pourrait permettre à la banque centrale d’agir directement sur les taux d’intérêt à long terme à travers des opérations d’achats de bons du Trésor (BTA dans notre cas). Or, tant que le Trésor public et les banques ne s’impliquent pas sérieusement dans l’animation du marché, et tant que les institutionnels n’adhèrent pas à une gestion dynamique de leur portefeuille de titres de créance, alors, le marché secondaire obligataire restera à la marge.

Par contre, les faiblesses du contrôle et de la supervision bancaire alimentent la fragilité des banques et pèsent sur la croissance économique. Sur ce terrain, la BCT devrait montrer plus de fermeté pour respecter la réglementation en vigueur, et plus de réactivité pour répondre aux attentes de la profession. Car, nous observons une focalisation du débat sur la restructuration des banques publiques. Aussi symbolique et sensible soit elle, la question de l’assainissement des établissements bancaires publiques n’est qu’un élément d’une réforme globale du secteur financier (supervision bancaire, régulation macro-prudentielle, marché des actions, marché obligataire, secteur des assurances, régulation macro-prudentielle, ..), qu’elle ne doit ni éclipser ni prendre en otage

Il a ajouté que tout doit se jouer sur le terrain politique et institutionnel pour normaliser le marché monétaire : « L’assèchement de la liquidité puise ses racines dans le recul de l’activité économique et ses répercussions sur les bilans bancaires. Or, il est inimaginable de normaliser l’état de la liquidité bancaire alors que le climat des affaires continue de subir de plein fouet la cacophonie institutionnelle et son cortège d’insécurité et de tiraillement politique », a-t-il précisé.

K.T.

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