AccueilChiffreTunisie : La Révolution a bon dos

Tunisie : La Révolution a bon dos

« Dans les révolutions, il y a deux sortes de gens : ceux qui les font et ceux qui en profitent. » Ces propos, prophétiques, de Napoléon Bonaparte ne peuvent pas passer inaperçus, par les temps qui courent, alors que l’on passe allégrement d’une révolution à l’autre et que les convertis qui s’y reconnaissent, spontanément ou par calcul, se recrutent parmi le grand nombre.

Il va sans dire que la Tunisie, qui passera à la postérité comme le berceau des révolutions qui sont en train de secouer le monde arabe, est loin de faire figure d’exception sur ce registre. Les mêmes causes produisant les mêmes effets, les conversions et reconversions n’obéissent guère à des convictions politiques pérennes et invariables. Bien au contraire, il est de l’essence même d’une conversion, politique, plus est, de consommer une rupture de pacte pour en inaugurer un autre.

De toute évidence, pareille transition requiert de celui qui l’opère d’être aguerri à l’art subtil de retourner sa veste. A sa décharge, cet opportuniste peut se défendre de ne pas avoir l’exclusivité de l’exercice. La pratique semble se propager à une vitesse exponentielle. L’actualité de ces quinze derniers mois en administre la preuve irrécusable, puisqu’elle regorge d’un nombre impressionnant de girouettes toujours parfaitement alignées dans le sens du vent.

Convenons dès l’abord que la révolution du 14, si elle a à être dûment et à juste titre revendiquée, elle doit l’être par ces jeunes qui ont tout bravé pour crier , en premier lieu, leur colère contre le sort qui leur était réservé par le régime déchu, et le statut de laissés pour compte qui était le leur, alimenté par un chômage massif et endémique. En cela, ils ne se reconnaissaient dans nulle idéologie, ni repère politique, sauf dans celui qui leur ferait voir le bout du tunnel et leur ouvrirait des perspectives nouvelles. Cela signifie que ceux qui ont déclenché la première étincelle de la Révolution ne se prévalaient d’aucune appartenance politique et religieuse, et ne voulaient manifestement pas en avoir. C’est une vérité d’une clarté cristalline.

Seulement, ces jeunes se sont trouvés vite dépossédés de le Révolution, leur révolution, par les politiciens qui sont, tout aussi vite, entrés en lice en faisant, sur la scène révolutionnaire, une irruption aussi soudaine que fracassante. Au demeurant, et sans crier gare, ils se sont emparés du brandon de la Révolution pour en faire un fonds de commerce politique et électoral dont on constate encore les prolongements et les faits induits. Et il est évident que les révolutionnaires étaient à mille lieues de penser que le pays allait être gouverné par ceux qui sont actuellement à la barre, et plus particulièrement le parti Ennahdha, sans parler de ses partenaires de la troïka. De fait, toutes ces formations politiques qui tiennent actuellement les rênes du pouvoir en Tunisie, n’avaient pas, du temps de Ben Ali, pignon sur rue, et se signalaient, au plus, par de timides expressions politiques sans conséquence. Il est vrai que la répression était implacable et sans merci, et dissuadait le grand nombre de s’aventurer hors les limites et les périmètres tolérés.

C’est à se demander si ces partis et, plus particulièrement, le gouvernement en place, ont la légitimité révolutionnaire qui les fonde à parler au nom de la Révolution et des révolutionnaires, et surtout à élaborer et mettre en œuvre les politiques qui répondent à leurs attentes. D’autant moins que les résultats ne plaident guère pour qu’ils se prévalent de semblable rôle ou vocation.

On doit en dire autant de toutes ces légions de convertis à la démocratie, aux libertés publiques, à la bonne gouvernance, qui pérorent à longueur de journée, sur les plateaux de télévision, sur les ondes des radios publiques et autres, et dans les colonnes des journaux, pour préconiser et clamer le contraire de ce qu’ils avaient l’habitude de défendre, il y a quinze mois, en y mettant tout le zèle dont ils étaient capables.

Des comportements et des professions de foi qui ressortissent à un paradigme à la lumière duquel on pourrait comprendre d’autant mieux les virages à 180% comme des changements d’allégeance, certes cousus de fil blanc, mais qui ont l’heur d’être pris de l’argent comptant.

Mohamed

- Publicité-

LAISSER UN COMMENTAIRE

S'il vous plaît entrez votre commentaire!
S'il vous plaît entrez votre nom ici

Réseaux Sociaux

108,654FansJ'aime
480,852SuiveursSuivre
5,135SuiveursSuivre
624AbonnésS'abonner
- Publicité -