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Tunisie : La situation de la formation est « catastrophique », reconnaît Abdelwahab Maattar

La promotion de l’emploi des jeunes dans la région de l’Afrique du Nord a fait l’objet d’une conférence régionale organisée, lundi, 16 juillet, 2012, au siège du ministère des droits de l’Homme et de la Justice transitoire. Arrangée conjointement par la Banque africaine de développement (BAD) et l’OCDE, la rencontre a été une occasion pour discuter plusieurs problèmes liés à l’emploi des jeunes dans la région de l’Afrique du Nord préalablement à la publication  du rapport final de l’OCDE sur les perspectives économiques dans cette région.
En Tunisie, l’insuffisance de la création d’emplois constitue un problème spécifique pour les jeunes diplômés de l’université. Ainsi, 70 000 emplois nets ont été créés chaque année entre 2005 et 2010, révèle un document de l’OCDE. De plus, environ 30 000 d’entre eux étaient destinés à des personnes issues de l’enseignement tertiaire, tandis qu’en moyenne, 65 000 nouveaux diplômés sont enregistrés chaque année sur cette période. Cette situation est imputable à un secteur industriel qui s’appuie, en grande partie, sur une main d’œuvre peu qualifiée. En 2010, les cinq principaux secteurs de l’économie, hors administration publique qui recrutaient des diplômés de l‘université (banque et assurance, télécommunications, industrie pétrolière, production distribution d’électricité, activités immobilières) représentaient seulement 6,7% de l’emploi total en Tunisie. En revanche, les cinq secteurs comptant le moins de diplômés de l’université dans leurs effectifs sont des employeurs très importants comme le BTP (14,8% de l’emploi total), le textile (11,7%) ou les hôtels et restaurants (4,1%).
Le  ministre de la Formation professionnelle et de l’Emploi, Abdelwahab Maater a appelé à mettre en place une stratégie de développement où l’emploi sera une priorité. Le 17 décembre prochain, une feuille de route sera révélée par le ministère de tutelle. Les grandes lignes de cette feuille de route ont été approuvées. Elle sera basée principalement sur le démantèlement des obstacles à l’investissement, la révision du système des structures éducatives, ainsi que la formation qui se trouve actuellement, selon le ministre, dans une situation « catastrophique ». D’ailleurs, malgré les taux de croissance enregistrés durant les années dernières et qui varient entre 5 et 7%, le taux de chômage des jeunes du pays de l’Afrique du Nord a atteint 27% en 2011.
En Tunisie, le chômage  touche plusieurs jeunes dont leur âge varie entre15 et 24 ans, ce qui peut renforcer davantage le phénomène de la pauvreté, de la marginalisation et des disparités régionales sachant que le chômage des diplômés de l’enseignement a atteint actuellement 30% de l’ensemble des chômeurs.
Pour sa part, Wided Bouchamaoui, présidente de l’UTICA, a appelé à trouver d’autres marchés, « ce qui se passe, aujourd’hui, dans la zone euro oblige la Tunisie à diversifier ses marchés », a-t-elle estimé.
Mthuli Ncube, vice- président et économiste en chef de la BAD, a indiqué, quant à lui, qu’une baisse de 1% du taux de croissance en Europe engendre une baisse de 5% en Afrique, d’où la nécessité de lutter contre l’inégalité et la corruption. « Il faut être conscient pour s’attaquer à ce genre de problème », a ajouté Mthuli Ncube en faisant savoir, en outre, que l’inégalité provoque la réduction de la croissance de 0,5% en Afrique.
Selon un rapport préliminaire de l’OCDE, l’Afrique du Nord doit se doter de structures économiques offrant davantage de perspectives pour l’emploi des jeunes. Dans la plupart des pays de la région, la gamme actuelle de produits renferme trop peu de valeur ajoutée pour soutenir une création à grande échelle d’emplois de qualité. Pour élargir cette gamme, il faudrait stimuler la création d’entreprises plus inventives et inciter les entreprises existantes à innover davantage. Or, le rythme de création d’entreprises en Afrique du Nord est plus lent que dans les autres régions du monde, car les barrières à l’entrée des marchés sont particulièrement élevées et les prestataires de services de qualité sont trop rares.
En effet, la question de l’emploi des jeunes ne se limite pas au fait d’avoir un travail, mais elle concerne aussi la nature de ce travail. Par contre, si l’Afrique du Nord ne parvient pas à créer des opportunités économiques et des emplois en nombre suffisant pour offrir des conditions de vie décentes à ce pan de la population, cette tendance peut aussi repésenter  un risque non négligeable et menacer la cohésion sociale et la stabilité politique.
Khadija Taboubi

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