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Tunisie : La spirale ascendante des grèves

En dépit des signes de reprise annoncée et une croissance qui devrait atteindre 2.4%, le gouvernement provisoire se trouve toujours dans la difficulté d’instaurer un climat social stable, capable d’assurer cette relance. Un climat qui est, pour l’instant, tendu et marqué par la multiplication des mouvements de grèves et de protestations.

Selon les chiffres communiqués par le ministère des Affaires sociales, le nombre des grèves déclenchées, a progressé de 69%, durant le 3ème trimestre 2012, et ce en comparaison avec la même période de 2011. On observe aussi une évolution de 53% au niveau du nombre d’entreprises touchées par les mouvements de grève.

Cependant, un recul a été observé au niveau de la participation aux grèves passant de 63% au 61%, durant le 3ème trimestre de l’année précédente.

En ce qui concerne les jours de travail perdus à cause des sit-ins, la même source précise qu’une évolution de 8% a été remarquée par rapport au 3ème trimestre de 2011.

Force est de constater que ces grèves ont touché 91 entreprises dont 74 privées et 10 publiques.

S’agissant du statut des grèves, les statistiques disponibles montrent qu’environ 61% des sit- ins sont autorisés, ce qui correspond à une progression de 74% par rapport à la même période de 2011.

D’après les structures relevant de l’inspection du travail et de réconciliation, 208 préavis ont été déposés, durant le 3ème trimestre de 2012, contre 182 préavis, durant la même période de 2011, soit une progression de 14%. Il est important de noter que 147 préavis ont été annulés, 61 préavis ont été suivis effectivement de grèves alors que 60 préavis sont en voie de réconciliation.

Les secteurs du service ainsi que celui de la sous-traitance ont enregistré le pourcentage le plus élevé en matière de préavis et de grèves, soit 42 préavis (20%), suivis du secteur des industries mécaniques (13%). Vient ensuite le secteur du transport avec un pourcentage de 10%.

Dans le même contexte, les structures relevant de l’inspection de travail et de réconciliation ont enregistré cinq sit-ins contre huit, en 2011. Ces sit-ins ont touché également cinq entreprises privées avec un taux de participation de l’ordre de 90% du nombre global des travailleurs.

En ce qui concerne la répartition des grèves selon les régions, c’est le gouvernorat de Sfax qui a affiché le plus grand nombre des grèves, soit 18%, suivi par Ben Arous (15%) et Nabeul (11%). Les revendications concernent essentiellement l’amélioration des conditions de travail (42%), le versement des salaires et des primes (34%), outre les mouvements observés en signe de solidarité avec les employés (12%).

Comment évaluer cette tendance haussière ?

Sur cette question, Salah Riahi a remarqué que l’évaluation suppose en premier lieu l’existence d’une information pertinente, fiable et vérifiable. D’après lui, ces chiffres communiqués par le ministère des Affaires Sociales méritent d’être confrontées à d’autres sources émanant des centres d’études ou de recherche indépendants.

Nonobstant la source de ces informations, Salah Riahi s’est interrogé sur le coût de ces grèves sur l’économie nationale. Ce coût n’est pas communiqué et les informations fournies ne donnent pas une idée sur le comportement des investisseurs dans les régions qui présentent la part la plus importante des grèves. « Est-ce que les intentions d’investissement ont été annulées, abandonnés ou maintenues ? En outre, en termes de techniques de prévisions, le court terme n’est pas un bon indicateur de la tendance qui nécessite une analyse sur une période plus importante que la comparaison de deux années », avant d’ajouter : « Toutefois, si ces mouvements se poursuivent, l’année prochaine, avec la même fréquence, ceci est un indicateur d’un problème réel qui nécessite des efforts supplémentaires de la part des parties prenantes ».

L’économiste considère que la poursuite de ces grèves en 2012 est un fait normal dans un contexte de révolution dont la conséquence est une ré-négociation des contrats sociaux. L’exceptionnel dans tout cela, serait un accroissement de ces grèves dans les mois qui viennent.

Abderrahmane Fendri, économiste, a fait savoir, de son côté, que les frustrations et les injustices accumulées pendant plusieurs années ne pouvaient pas être élucidées toutes en quelques jours ou en quelques mois. « Les ouvriers cherchent à récupérer leurs droits, voire obtenir une compensation au titre du passé, alors que les employeurs ayant construit leurs affaires souvent sur des bases précaires et fragiles ne disposent pas de beaucoup de marge de manœuvre pour répondre favorablement aux revendications ouvrières », a-t-il expliqué.

Au titre de l’année précédente, il a rappelé que le troisième trimestre 2011 était le trimestre de la campagne électorale. Les Tunisiens étaient tous concentrés sur les premières élections démocratiques et transparentes de l’Histoire de la Tunisie. Ils étaient aussi emballés par l’idée que les élections « allaient leur ouvrir les portes du paradis ». Il est normal que le troisième trimestre 2011 soit un trimestre de paix sociale.

Abderrahmane Fendri a signalé que l’entreprise montre plus de transparence à l’égard de ses employés qui, tant que la gouvernance est opaque, ne distingueront pas ce qu’ils considèrent comme étant leurs droits. D’après lui, une confiance mutuelle doit s’établir entre employeurs et employés pour que ces derniers se montrent plus compréhensifs à l’égard des capacités de leurs employeurs. « Tant que l’employeur considère que les performances, surtout quand elles sont bonnes, ne concernent pas les employés, ces derniers ne comprendront pas que l’entreprise ne supporte des coûts supplémentaires. Tant que les employés ne sont pas intéressés aux profits de l’entreprise (sous forme de quote-part sur les bénéfices par exemple) ils n’intègrent pas dans leurs revendications les possibilités de cette entreprise quand elle ne gagne pas assez ».

Wiem Thebti

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