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Tunisie : Le ciel lui serait-il tombé sur la tête ? Lotfi Zitoun renait de ses cendres, confesse des erreurs et demande pardon !

L’image est issue des réseaux sociaux et fait office d’un «avis de recherche» de Lotfi Zitoun, Conseiller politique du chef du Gouvernement tunisien Hammadi Jbali. Cela fait référence à son éclipse, depuis quelques semaines, des chroniques quotidiennes des journaux après avoir fait pendant de longues semaines La Une de toute la presse, papier et Internet, tunisienne. Lotfi Zitoun a manifestement entendu l’appel de ses fans. Il vient, en effet, de donner interview, lundi dernier, à la radio nationale tunisienne. Etrangement, l’homme de toutes les bagarres, l’homme dont on dit qu’il est le politicien le plus haï de Tunisie, l’homme électron libre de tout le cabinet du chef du Gouvernement, fait son mea culpa, celle de tout le Gouvernement et celle d’Ennahdha. Analysant, en effet, la situation politique, sociale et économique du pays, Lotfi Zitoun, se fend d’un «nous nous sommes tous trompés d’objectif et nous devons tous faire un pas en arrière et nous rattraper». L’intéressé ne précise pas s’il parlait en son nom propre ou à celui Gouvernement et d’Ennahdha, le parti du Gouvernement dont il fait partie. L’aveu, même s’il rappelle un peu celui de Ben Ali, un certain 13 janvier 2011, se veut certainement une demande de pardon de cette Tunisie.

– Fin politicien, il réinvente Lapalisse.

Le «fin politicien» qu’il voudrait bien être dans cette entrevue réalisée par le journaliste Ali Brahim, redit des évidences, presque des Lapalissades. «Une erreur s’est produite, depuis le début, dans l’appréciation de la situation. La manière dont s’étaient déroulées les élections [ndlr : du 23 octobre 2011], était celle d’élections parlementaires et on a fait croire à la population qu’il s’agit là d’une étape de réalisations, alors qu’il ne s’agissait que d’une étape de rédaction de la nouvelle Constitution tunisienne, ce qui a causé un retard dans la réalisation des projets». Lapalisse n’aurait pas mieux fait, puisque c’était le contenu même du décret-loi qui était derrière l’organisation des élections de la Constituante.

 

Tout cela a pourtant bien été dit et répété par toute la classe politique tunisienne, sans qu’Ennahdha et sa troïka ne veuillent l’entendre et l’assimiler. Toute la troïka s’était alors écriée que «la Constituante est seul maître à bord», criant sur tous les toits sa légitimité électorale, qu’elle avait été élue pour gouverner et qu’elle y était et compte y rester !

Retrouvant manifestement ses esprits, sans qu’on sache toujours s’il parle en son nom propre ou au nom d’Ennahdha et s’il était sincère ou s’il jouait comme d’habitude le ballon d’essai, le Conseiller politique du chef du Gouvernement tunisien en appelle à un gouvernement d’unité ou d’union nationale. Cela avait été, pourtant, déjà proposé par les principaux partis d’opposition, à la troïka qui l’avait toujours refusé. Hammadi Jbali lui-même ne semblait pas s’inscrire dans cette perspective (Voir notre article intitulé Jbali reprend la langue de bois) lorsqu’on lit sa dernière interview au journal algérien Achourouk.

– Nous sommes les plus forts, mais on s’est surestimés.

En véritable «apprenti» de la «première année démocratie », comme le disait Rached Ghannouchi, Lotfi Zitoun découvre enfin et le dit aussi, que «il n’a pas été possible de réaliser ce que nous avions promis et ce à quoi nous aspirions. Ceci arrive dans tous les anciens budgets du pays. Mais je pense aussi que cela est dû à une surestimation de la capacité de la réalisation ». Le conseiller de Jbali évite toujours de préciser ou de laisser entendre qu’il parle au nom du gouvernement et parle dans l’abstrait, et cela n’aide pas à prendre ses déclarations au sérieux. Elles n’en restent pas moins un retentissant aveu d’échec du gouvernement Jbali, notamment sur le plan de l’économie, ce que ni Hammadi Jbali ni nul autre de son ministère ne voulait avouer, reprenant toujours en refrain la légitimité électorale doublée de légitimité carcérale et rejetant toutes les responsabilité, une fois sur les RCDistes et une autre sur Nida Tounes et Béji Caïed Essebssi et une troisième fois sur une Administration que la troïka avait pourtant « épurée » en écartant un très grand nombre de compétences les troquant contre d’anciens prisonniers, d’anciens opprimés ou simplement de nouveaux partisans.

– La presse, son crève-cœur qu’il n’oublie toujours pas.

En incorrigible critique, à la limite du diffamatoire bien qu’il ait un procès en diffamation avec un journaliste de la place, Lotfi Zitoun n’oublie pas non plus d’égratigner la presse tunisienne, l’accusant de «ne pas donner l’occasion au gouvernement de communiquer comme il se doit avec le peuple». Et alors qu’un autre membre du gouvernement dont il fait partie s’illustre dans l’affaire du gaz de schiste et prenant à ce propos le contrepied de tout un gouvernement, le français en l’occurrence, qui affirmait qu’aucune étude internationale n’a pu établir son caractère non nocif, Lotfi Zitoun appelle les journalistes à se focaliser sur cette affaire, en dehors de toute politisation.

Enfin, et en véritable caisse de résonance de la voix de son maître à penser d’Ennahdha, Lotfi Zitoun préconise maintenant l’application de la loi, «avec sévérité et sans discrimination», se laissant aller à une dissection scientiste des phénomènes de la violence des Salafistes, mais prônant d’abord l’application de la loi concernant les délits mineurs, avant de passer au dialogue avec les phénomènes idéologiques, pointant ainsi du doigt, sans le dire, les Salafistes.

– Faut-il le croire ?

Hormis le volet presse et médias où il n’en était pas moins attendu de lui, le discours de Lotfi Zitoun, dans cette interview sur la chaîne nationale de la radio tunisienne, détonne avec tout ce que les Tunisiens avaient pu découvrir de lui tout au long de cette année de gouvernance nahdhaouie de la Tunisie de l’après Ben Ali. A certains égards, le Conseiller politique de Jbali pourrait même représenter une voix de la raison sur la voie de la déraison sur laquelle la troïka a mis la Tunisie de la Révolution. Faut-il cependant le croire ?

Sa confession reste en effet abstraite, sans aucun nom mis directement sur les responsables de la situation qu’il décrivait, peut-être dans un sursaut de raison. Personne en particulier et surtout pas Ennahdha, la troïka ou le Gouvernement, n’en sont responsables. Tout le monde est, selon lui, responsable. Le fait-il par orgueil ou par dessein politique et pour le compte d’un agenda politique bien déterminé ? Il n’y a que lui qui le sait et sa confession est encore loin de lui apporter l’absolution !

«Nous tenons ces propos et nous implorons le pardon de Dieu, pour nous et pour vous autres ». Traduisez «أَقُولُ قَوْلِي هَذَا وَأَسْتَغْفِرُ اللهَ لِي وَلَكُمْ »

Khaled Boumiza

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