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Tunisie : « Le problème de l’opposition est d’accepter que des islamistes gouvernent le pays », selon International Crisis Group

« Pour l’instant, malgré la chute de l’ancien régime, le vide sécuritaire, les problèmes économiques, les grèves et mouvements de protestation de tout ordre, la libération et le retour d’exil des Djihadistes, la Tunisie n’a cependant connu ni conflit armé, ni violences de grande ampleur, ni attentat terroriste majeur », c’est ce qui ressort du rapport de l’International Crisis Group publié récemment. Le rapport ajoute que la plupart des attaques et des agressions salafistes, dont la plus marquante est l’attaque contre l’ambassade américaine le 14 septembre 2012, ont été plus spectaculaires que mortelles. « Le pire a été évité en partie grâce à la réponse prudente d’Ennahdha aux expressions religieuses radicales, laquelle relève tant du dialogue, de la persuasion que de la cooptation », précise le rapport.

Au sujet des partis politiques, le rapport note que le parti d’Ennahdha se trouve dans une position délicate, sous le feu conjoint des critiques non islamistes qui l’accusent de laxisme au niveau sécuritaire et des salafistes qui l’attaquent dès qu’il s’en démarque et soutient le recours à la force. Et d’ajouter que le parti d’Ennahdha lui-même est divisé entre prédicateurs plus religieux et hommes politiques plus pragmatiques et partagé entre les positions plus flexibles de ses dirigeants et les convictions profondes de sa base militante. Des tensions qui se traduisent par un dilemme politique : « plus le parti accentue son côté prédicateur et religieux, plus il inquiète les non-islamistes ; plus il se conduit de manière pragmatique, plus il s’aliène une partie de sa base et crée un appel d’air profitant à la mouvance salafiste ».

Concernant l’opposition, le rapport a souligné que ce dernier fait preuve d’alarmisme excessif et lance des accusations souvent injustifiées. Ceci ne fait guère de doute, comme ne fait guère de doute sa difficulté à accepter que des islamistes gouvernent désormais le pays. Mais que ses peurs soient exagérées ne veut pas dire qu’elles sont sans fondement. Cela veut dire au contraire qu’il faut clairement les définir, les distinguer et y remédier. Il s’agit également de faire un amalgame et assimiler incidents liés à la pauvreté et au désœuvrement aux tentatives d’imposer un ordre moral ainsi qu’un assassinat politique ou des violences Djihadistes, ce qui ne ferait que pousser les salafistes à se regrouper autour de leurs tendances les plus radicales.

Le rapport revient également sur le désordre qui agite le Maghreb, soulignant que la circulation d’armes, la porosité des frontières avec la Libye et l’Algérie ainsi que le retour éventuel de ces Djihadistes au pays, risquent d’accentuer le péril. En effet, selon le rapport, le gouvernement a dû faire preuve de davantage de fermeté, vu la multiplication des incidents violents et la radicalisation du discours djihadiste à l’égard du mouvement Ennahdha, ainsi que les pressions d’une frange de l’opinion publique, d’éléments du ministère de l’Intérieur et des Etats-Unis suite à l’attaque contre leur ambassade. Résultat, les relations entre salafistes-Djihadistes et nahdhaouis semblent se dégrader.

Pour le gouvernement et Ennahdha en particulier, les défis sont de taille et rendus d’autant plus urgents par le meurtre de Chokri Belaïd, d’après le rapport d’où un appel à résoudre la crise politique qui agite le pays. Au-delà, il faudra apporter des réponses adaptées à ces divers problèmes en évitant l’amalgame qui mettrait à l’index la partie la plus islamisée de la population ; limiter le caractère cacophonique du nouvel espace religieux qui se constitue tout en rassurant les plus sécularistes ; renforcer la sécurité sans tomber dans le tout-sécuritaire tout en réformant la justice et la sûreté ; enfin, renforcer la coopération avec les voisins nord-africains dans un contexte tendu et chaotique.

Il ya lieu de signaler que « International Crisis Group » est une organisation non gouvernementale indépendante à but non lucratif qui emploie près de 150 personnes présentes sur les cinq continents. Elles élaborent des analyses de terrain et plaident auprès des dirigeants pour la prévention et la résolution des conflits meurtriers.

Kh.T

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