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Tunisie : Le prochain gouvernement appelé à mettre en place un cadre juridique pour la finance islamique

Face à une conjoncture internationale difficile et une situation nationale assez perturbée,  la finance islamique émerge comme elle ne l’a jamais fait auparavant et intéresse de plus en plus la communauté internationale en raison de sa dimension éthico-religieuse et socialement responsable et de son ancrage à l’économie réelle.

Les montants totaux des actifs conformes à la charia sont impressionnants, dépassant le trillion de $ EU et augmentant à un rythme annuel de 10%. Toutefois, la désagrégation de ces chiffres révèle  d’importants faiblesses et défis, notamment la dépendance excessive des services bancaires et de la finance islamique vis-à-vis d’un nombre limité de marchés ainsi que le caractère relativement sous développé de ceux-ci sur les marchés des pays musulmans plus peuplés.

C’est dans ce cadre, qui s’est tenu, mercredi, à Tunis,  un débat autour du thème : « les services bancaires et finance islamique en Afrique du Nord. Evolution et perspective d’avenir. Sujet qui engage une discussion de haut niveau ».

C’est quoi la finance islamique ? Pourquoi estelle peu développée en Afrique du Nord en comparaison avec le reste du monde ? Qu’apporte-elle de plus pour un pays comme la Tunisie en étape de transition ? Ces questions et d’autres ont été soulevées lors de cette rencontre en présence du  Rodney Wilson,  professeur, à la «  School of government and international affairs ».

Celui-ci a présenté une  étude sur les services bancaires et finance islamique en Afrique du nord. Publiée par la BAD, elle évalue la situation en analysant les raisons pour lesquelles ils peinent à se développer.

A l’heure actuelle, en dépit du développement relatif du marché financier en Afrique du nord, comme en témoignent les bourses de valeurs mobilières en Egypte, au Maroc et en Tunisie, peu de titres islamiques de type sukuk ont été émis, et aucun n’a été changé. A ce jour, quatre sukuk ont été émis pour une valeur totale de 250 millions $ EU, en Egypte uniquement.

 La finance islamique peu développée en Afrique du Nord ?

La finance islamique est moins développée en Afrique du Nord que dans la région du Golfe et en Asie du Sud-est. Mais, ce qui est surprenant est que l’Afrique du Nord est à la traîne, à l’heure actuelle, par rapport au Royaume-Uni où cette industrie est en pleine expansion. En fait, les pays d’Afrique du Nord ne figurent même pas parmi les 10 premiers au monde en termes d’actifs conformes à la Charia.

Il y a plusieurs raisons : le développement limité des activités bancaires de détail d’une manière générale, la faible familiarisation des clients potentiels avec les services bancaires islamiques et le manque de soutien de l’Etat.

De ce fait, les banques islamiques en Afrique du nord se trouvent confrontées à deux problèmes spécifiques dans un environnement financier classique : la gestion de la liquidité et les lois anti-trust. Ces banques ne peuvent détenir des bons du trésor créditeurs d’intérêts ni accepter le paiement d’intérêt sur leurs dépôts auprès de la banque centrale.

Une solution consiste à émettre des sukuk souverains à court terme ou des titres islamiques que les banques islamiques peuvent détenir en toute légitimité.
C’est la raison pour laquelle Ahmed el Karam, Président directeur général adjoint d’Amen Bank a insisté sur «  l’importance de mettre en place un  cadre qui régisse cette activité sachant que la situation rend l’exercice de la finance islamique un peu complexe en absence des textes juridiques »

A ce propos, il a signalé que l’une des fonctions prioritaires du prochain gouvernement est de  prévoir une loi sur les banques islamiques, un instrument utile pour stimuler les investisseurs et même un outil rapide de relance de l’économie tunisienne, outre la règle régissant la finance islamique face à un canevas qui ne s’adapte pas avec cette finance. Et d’ajouter : « il est indispensable de faire ressortir une réflexion profonde pour pouvoir contribuer cet arsenal actuel des règlements au développement des banques islamiques »
Habib Karaouli, Président Directeur Général de la  Banque d’affaires de Tunisie,  a relevé l’aspect optimiste de l’installation de ce règlement et sa mise en place en Tunisie. « Je crois qu’on est au-delà de l’aspect cultuel, de l’aspect technique. il est maintenant admis que le problématique ne se pose plus en termes d’autorisation ou non, il faut que l’offre islamique soit complétée par un dispositif législatif et réglementaire pouvant  encadrer cette nouvelle activité de manière à enrichir l’offre de service et des produits bancaires tunisiens.

Ce qui fera la différence, selon lui,  c’est d’aller dans une logique de la qualité des services et ses coûts, sachant que nous sommes dans une situation ou les coûts des produits islamiques sont relativement plus élevés que la moyenne ».
Dans le même cadre,  Slaheddine Kanoun, Administrateur provisoire de la  Banque Zitouna, a précisé l’importance des services bancaires islamiques en Tunisie. Il s’agit d’un financement qui se présente avec des marges fixes. C’est un financement qui couvre l’ensemble de cycle de production.

De toutes les  façons, force est de noter qu’il existe un énorme potentiel en Afrique du nord qui pourrait contribuer à favoriser  un mode de développement fiable par  le partage équitable des risques et des bénéfices. Pour la Tunisie, l’accent devrait être mis sur l’instauration  d’un cadre réglementaire régissant cette activité de manière à promouvoir le secteur bancaire. 

Wiem Thebti

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