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Tunisie : Le remaniement ministériel, pourquoi ? Qui doit ou devrait partir ?

Ces derniers jours, toute la Tunisie ne parle plus que de remaniement. Ce n’est certes pas la première fois. Cela remonte à la démission de Mohamed Abbou du ministère de la Réforme administrative. Il avait d’abord menacé de démissionner si le chef du Gouvernement Hammadi Jbali ne lui donnait pas les prérogatives promises. Il n’eut rien et finit par démissionner. Les mauvaises langues diront que s’il ne l’avait pas fait, il aurait fini par mettre en prison toute l’Administration tunisienne, tant il prônait l’épuration. Il finira par prendre la tête d’un CPR (Congrès pour la République, parti de la troïka gouvernante en Tunisie) qui brandit toujours la faux et la faucille dans sa guerre contre une corruption, parfois imaginaire, au nom de «la logique révolutionnaire».

Il y avait eu ensuite la démission de l’ancien ministre des Finances, Houcine Dimassi. Il entendait notamment, alors, protester contre l’affaire du dédommagement des opprimés de l’ancien régime. L’homme a fait beaucoup de vent autour de lui, mais finira par tomber dans l’oubli, bien qu’il ait eu quand même le privilège de faire éclater en public cette affaire du dédommagement que tout le gouvernement niait avant lui. Cette dernière finira aussi par tomber dans les oubliettes et deviendra même chose acquise. Jusqu’à maintenant, c’est Slim Besbes qui exerce les fonctions de ministre, sans pour autant qu’il lui soit admis à siéger dans le bureau du ministre, à la Kasbah.

Cette affaire reprendra de plus belle à la suite de l’attaque de l’ambassade américaine en Tunisie. Une information, par la suite, démentie, dira que les USA auraient demandé les têtes des ministres de la Justice, des Affaires étrangères et des Affaires religieuses. Questionnant, lors  d’une séance publique, le ministre de l’Intérieur, certains Constituants demandent alors la démission d’Ali Larayedh pour incompétence à gérer cette affaire de l’ambassade américaine. D’autres voix se seraient élevées contre la ministre de l’Environnement, comme contre d’autres ministres. Pourquoi toutes ces demandes et qu’est-ce qui les motive ?

-Un gouvernement au diverses frasques et qui avoue qu’il est un apprenti gouvernant !

Loin d’avoir la confiance de ses gouvernés, car, étant, depuis le début, l’émanation d’un partage de sièges entre les partis de la troïka et un partage  parfois familial des  fauteuils de l’Etat, le gouvernement tunisien n’a jamais réussi à convaincre ni à l’intérieur ni à l’extérieur du pays. Le ministre des Affaires étrangères est le gendre du président d’Ennahdha. Le ministre des Domaines de l’Etat est le gendre du ministre de l’Agriculture, lui-même associé du ministre de l’Investissement extérieur. Beaucoup sont des hommes d’affaires à l’étranger et se révèlent être loin de l’image des persécutés et financièrement démunis qu’ils avaient importée avec eux, à leur retour, de l’étranger.

Le ministre de l’Emploi a été dénoncé comme étant usurier par un ex-CPR qui avait été débouté d’un siège ministériel qu’on lui avait promis. Le SG d’Ennahdha avait crié haut et fort et longtemps pleurniché qu’Ennahdha lui avait promis un fauteuil ministériel avant de le lui refuser, le jour même de la présentation du gouvernement devant l’Assemblée Nationale Constituante. Le ministre de l’Enseignement supérieur se fait éclabousser par les dérapages de son fils sur le campus, avant l’affaire de la TV Zitouna. Le ministre de l’Industrie se fait, lui aussi, éclabousser par les frasques de son fils. Quant au conseiller politique du chef du Gouvernement, il s’illustrera par ses divers dérapages verbaux, avant de se faire éclabousser par l’affaire de la TV Zitouna et devrait être le premier ministre tunisien, de tous les temps, à passer devant la justice pour diffamation contre un journaliste. On n’oubliera pas, non plus, les frasques du ministre des Affaires étrangères et qui ont fait rire plus d’un Tunisien. On n’oubliera pas, non plus, cette anecdote, manifestement réelle, des femmes des ministres qui refusent tout remaniement, considérant les postes de leurs maris comme étant des récompenses pour leurs luttes contre Ben Ali.

A tout cela, il faudra ajouter la déclaration, en juin dernier, du chef du Gouvernement, Hammadi Jbali lui-même, où il affirmait que «nous apprenons encore à gouverner», une déclaration qui intervenait après la première dégradation de la note souveraine de la Tunisie, dans un rapport de l’agence de notation Standard’s & Poor’s qui met en doute la capacité du gouvernement Jbali à redresser la situation économique. Tout cela a donné une image brouillée du Gouvernement de Hammadi Jbali qui fait fuiter ou subit des fuites de sa possible démission. Tout cela installe aussi, dans le public, l’image d’un Gouvernement qui ne fait presque rien, une image chahutée, pour reprendre les accusations d’Ennahdha, par une opposition en mal de fauteuil et une presse qui refuse le retour aux années de plomb de l’ère médiatique de Abdelwaheb Abdallah.

-Un Gouvernement qui a réalisé, peu ou prou, de croissance et d’emplois !

Derrière ces appels pressants au remaniement, il y a aussi les attentes de tout un peuple à qui tous les partis ont promis monts et merveilles, sans pour autant  lui fournir le travail qu’il veut, les salaires qu’il veut et le bien-être économique promis. La justice transitionnelle marche toujours aux béquilles, les blessés et les morts de la Révolution, attendent toujours une justice qui plie sous l’énorme quantité de dossiers et d’affaires ouvertes et qui se trouve obligée d’agir au cas par cas et parfois même, selon les cas. Le bilan politique de la première année de démocratie se perd encore dans les dédales de choix non encore définis, d’une feuille de route politique non encore officiellement adoptée par l’Assemblée Constituante. Quand au bilan économique, Hammadi Jbali lui a consacré, en octobre dernier, juste 6 lignes, tant il était maigre. La croissance réalisée (3,3 %, selon le gouvernement, 2,1 % selon l’INS), n’arrive toujours pas à créer assez d’emplois pour résorber un chômage toujours endémique et une BCT qui ne sait plus quoi faire pour endiguer un déficit commercial qui atteint déjà la barre fatidiques des 10 milliards DT et décide des mesures antiéconomiques. L’inflation est toujours galopante (5,6 %, selon le gouvernement et 10 à 15 %, selon l’association de défense des consommateurs) et qui ronge le pouvoir d’achat des Tunisiens et tronque ainsi les perspective de la  croissance économique.

Tout cela donne la nette impression chez les gouvernés, que les actuels gouvernants (CPR, Ennahdha et Ettakattol) ont lamentablement échoué à leur apporter le bien-être économique pour lequel ils ont fait la Révolution. La Révolution tunisienne, faut-il le rappeler, a éclaté sous des slogans et pour des demandes, purement économiques, à cause des problèmes, tout aussi économiques, du «Fassed» ou corruption. Les objectifs politiques sont venus après, lorsque la Révolution a pu être politiquement récupérée !

Ce sont, à notre sens, ces deux causes qui sont derrière ces demandes pressantes d’un remaniement ministériel, partiel ou total, selon les formations politiques tunisiennes qui le demandent.

Ce remaniement sera-t-il fait ? Rien n’est moins sûr, comme il reste fortement probable. Il est  jusqu’ici régi par les fuites, organisées ou non, et par les déclarations versatiles du ministre porte-parole du gouvernement. Beaucoup devraient partir, tant ils se sont avérés être des ministres incompris ou ne comprenant rien, des ministres qui ne paraissent faire  plus blanc pour donner l’exemple et inspirer la confiance aux gouvernés ou des ministres trop gris pour susciter la méfiance et déstabiliser ainsi l’action gouvernementale et l’image d’un gouvernement qui travaille dans la sérénité. C’est tout cela, à notre sens et pour ne pas dire plus et entrer dans d’autres considérations politiques ou politiciennes, qui doit changer. A bon entendeur, salut !

Khaled.

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