AccueilLa UNETunisie : Le salut passera-t-il par Deauville ?

Tunisie : Le salut passera-t-il par Deauville ?

Une semaine décisive pour l’économie tunisienne s’ouvre ce lundi avec la tenue, à Deauville, du sommet du G8 auquel la Tunisie est invitée pour la première fois de même que l’Egypte. Le gouvernement de transition y fonde beaucoup d’espoirs pour voir l’économie du pays sortir de l’ornière dans laquelle elle s’enlise depuis le 14 janvier 2011.

Et il pense, non sans raison, que le salut passera par Deauville, d’autant que le décor semble planté pour qu’il en soit ainsi, avec  le dernier discours de Barak Obama sur le « Printemps arabe » où la Tunisie et l’Egypte ont eu la part belle, mais aussi avec les déclarations d’intentions faites çà et là pour venir en aide à la Tunisie, en ces circonstances jugées unanimement difficiles pour la conjoncture économique,  pour la situation sociale avec un chômage endémique réel de plus de 20%, même si les chiffres  officiels parlent d’un peu plus de 14 pour cent, et enfin pour les perspectives politiques qui ne manqueront de se ressentir de cet état de fait si la communauté internationale n’entreprenait pas de se mobiliser pour soutenir le plan de relance de l’économie tunisienne.

25 milliards de dollars sur cinq ans, soit 5 milliards de dollars par an, c’est le montant du package que le gouvernement  de transition espère obtenir des grands argentiers de la planète, une estimation qui se fonde sur un état des lieux clairement dressé et diagnostiqué, des objectifs fixés en intime lien avec le potentiel du pays et un calendrier qui, semble-t-il, ne manque pas de cohérence , le tout pour convaincre un cénacle viscéralement acquis à la rigueur, mais qui « porte à la Tunisie un certain intérêt », comme l’a cru comprendre le Premier ministre Béji Caied Essebsi.

En tout cas, le plan tunisien implique, au premier chef, l’engagement des Tunisiens eux-mêmes à se prendre en charge et à conduire le processus de développement, à charge pour la communauté internationale de combler ce que le gouvernement de transition appelle un « gap ». Et ceci se décline dans la variété de secteurs malmenés ou mis à genoux dans la foulée de la Révolution et pour des considérations d’ordre sécuritaire, essentiellement, tels que le tourisme et le transport aérien.

Au demeurant, les concours attendus de la part des argentiers internationaux ne devraient pas  produire leurs effets palpables avant le  premier trimestre 2012, au mieux, le dernier trimestre 2011. Ce qui doit pouvoir signifier que l’économie croulera encore sous un taux de croissance variant entre 0 et 1% et que le chômage continuera de sévir pour tourner autour de 700 000 sans emploi, cette année.

C’est évidemment pourquoi le plan de relance s’articule autre de  quatre axes essentiels : gouvernance, emploi-formation professionnelle, appui au secteur financier, action sociale et développement des régions défavorisées, dites de l’intérieur. Pour la création d’emplois, les investissements directs étrangers  demeureront indispensables, il n’est pas rassurant qu’ils  aient reculé de 25%, d’après les tout derniers chiffres de FIPA, même si  les exportations industriels se signalent des performances avec des progressions à deux chiffres.

De toute évidence, les investisseurs attendent des signes, et ces signes sont tributaires de l’évolution de la situation politique avec d’abord l’échéance électorale du 24 juillet, et dans une moindre mesure des autres phases ultérieures du processus électoral.

Ce n’est visiblement pas le cas des bailleurs de fonds et des agences internationales qui ont commencé déjà à échafauder des projets pour  la Tunisie, comme la Banque Mondiale, la Banque Africaine de Développement avec des concours financiers de 500 millions de dollars chacune, sans oublier l’Agence Française de Développement(AFD) qui a mis en place un plan d’aide de 350 millions d’euros en Tunisie. Il s’agit d’une aide sectorielle servant à financer des programmes qui relèvent du budget de l’État tunisien, sachant que tout apport de devises revient à soutenir la balance des paiements.

La Berd (Banque européenne pour la reconstruction et le développement), banque créée il y a vingt ans pour aider les ex-pays communistes à passer à l’économie de marché, se place dans l’orbite de l’économie tunisienne, répondant ainsi à l’appel  de la communauté internationale  pour un soutien au printemps arabe. Elle se dit en mesure d’investir 2,5 milliards d’euros par an au sud de la Méditerranée.

La Tunisie, à l’avant-garde des bouleversements politiques de ces derniers mois, est  en tête de liste des pays où la Berd pourrait s’implanter.
Les actionnaires de la Berd comprennent les 29 Etats où elle intervient, les principaux pays développés, plus quelques autres pays extra-européens comme l’Egypte, le Maroc et Israël. Pour sa part, pour être éligible à l’aide de la Banque, devra en devenir actionnaire

Mais la Berd va étudier les possibilités de commencer à investir « le plus vite possible » dans de nouveaux pays, avant même la fin de cette procédure. Elle pourrait mettre en place des « fonds spéciaux » pour ces nouveaux territoires.
Elle a cependant souligné que « toute décision de commencer à investir dans la région devra tenir compte des mesures prises dans les pays concernés en vue de réformes politiques et économiques ».

Il est frappant qu’à cet élan,  ne se soient pas encore associés les fonds arabes. C’est tout juste si l’on apprend que l’Arabie Saoudite aurait décidé d’allouer à l’Egypte une aide, sous diverses formes, de l’ordre de  4 milliards de dollars. Ceci alors que tous les autres bailleurs de fonds arabes observent un mutisme lourd de sens et que les investisseurs des mégaprojets se font tirer les oreilles pour dire s’ils sont prêts à concrétiser ce qu’ils avaient promis de faire en Tunisie.
  

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