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Tunisie : Les banquiers sont-ils dans l’œil du cyclone de la justice révolutionnaire ?

Les jours se suivent et les justiciables ne se ressemblent dans la Tunisie de l’après Ben Ali. Après les Trabelsi, le premier cercle politique autour de l’ancien Président et les hommes d’affaires proches de l’anciens régime, voici apparemment venu le temps des banquiers.
Le quotidien «Assabah», rapporte ainsi que l’ancien PDG de la STB, Laaroussi Bayoudh a été entendu lundi dernier par le juge d’instruction du 15ème bureau, pendant 5 heures sur fonds d’un dossier de la commission de la corruption accusant l’ancien responsable d’avoir accordé des crédits aux proches de Ben Ali à des conditions qui ne  seraient «pas en adéquation avec les garanties données et qui seraient non conformes aux normes en cours». Une accusation donc, sur la forme et non sur le fonds, puisque touchant la qualité de la relation de la banque avec son client.
Le même journal rapporte aussi, qu’une instruction serait en cours contre l’ancien, ministre de l’industrie Afif Chelbi, l’actuel ministre de l’industrie Abdelaziz Rassaa et le PDG d’une banque qu’il n’a pas nommé. L’instruction se ferait sur la base d’une plainte le président d’une chambre syndicale de la ferraille, pour une affaire d’autorisation d’importation de moteurs.
Avant ces deux affaires, intervenait l’audience auprès d’un juge d’instruction, de l’homme d’affaires Neji Mhiri, justement pour avoir pris crédits à des conditions avantageuses. Et si l’homme d’affaire ne serait pas directement visé, selon une certaine lecture de cette affaire en cours, la justice  pourrait avoir dans son viseur les banquiers qui auraient accordé ces crédits. Bien avant toutes ces affaires, l’ancien PDG de la BNA avait été entendu et celui de la Biat aussi, mais dans des affaires relatives à des cessions d’actions d’autres entreprises qui étaient dans le giron public. Les banquiers et le secteur bancaire en général, seraient ainsi dans l’œil du cyclone de la justice révolutionnaire et plus spécialement ceux du secteur public.  
Les banques entre le marteau et l’enclume.
Longtemps le secteur bancaire tunisien, a été la colonne d’Hercule dans la construction du tissu industriel et le secteur des services et notamment celui de l’hôtellerie. Sans lui en effet, nombre de ceux qui détiennent aujourd’hui de larges pans de l’économie tunisienne, n’auraient pas existé. Rares [à l’exception, peut-être de Poulina] sont ceux les groupes tunisiens qui avaient vu le jour sans le crédit bancaire ou qui se seraient épanouis, sans ses financements. Un des ratios qui figurent annuellement dans le rapport de la BCT, est celui du financement de l’économie par les banques.
Le secteur a certes aussi financé les affaires de bon nombre des membres de la famille Trabelsi et autres hommes d’affaires alliés, par le mariage notamment, à l’ancien régime de Ben Ali. Le volume de ses engagement auprès des familles BA&T (Ben Ali et Trabelsi), s’est élevé à 2500 MDT, dont 370 MDT ont été classés au titre de l’exercice 2010 et provisionner 110 MDT autres, affectant par ricochet leurs résultats pour l’exercice 2010. Selon un dernier rapport de Tunisie Valeurs, «entre les engagements liés à la famille et la hausse conjoncturelle des impayés, le secteur bancaire tunisien risque de voir ses actifs se détériorer, mettant en péril ses efforts d’assainissement des dernières années».
Analystes et professionnels de tous le secteur financier tunisien, s’accordent cependant à dire qu’il était presqu’impossible au secteur bancaire tunisien de faire autrement que ce qui a été fait. Le métier de la banque est de louer de l’argent en donnant des crédits et à quelques exceptions près tous les projets présentés étaient bancables. Quand aux professionnels des différentes banques engagées avec les familles BA&T, ils avaient dès les premières semaines d’après la Révolution, mis en évidence le caractère économiquement et financièrement rentables de tous les projets financés par leurs banques. Cela, outre le fait, que toutes les banques disposent des garanties nécessaires, sans compter le provisionnement des crédits en question.
La justice révolutionnaire et les règles de la concurrence. 
Il reste à dire, loin de toute intention de défendre quiconque et encore moins les voleurs, que l’octroi du crédit et les conditions qui l’accompagne, relèvent de la loi du marché. Il n’est pas rentable, pour un homme d’affaire, de prendre un crédit au taux du TMM+4 par exemple chez La BNA ou la STB ou encore la BH, si la Biat, l’UBCI ou encore Attijari, le lui accordent à un taux plus préférentiel. Ne pas donner crédit à un client qui pèse plusieurs milliards DT, c’est aussi le perdre et cela pourrait même faire l’objet d’un questionnement au PDG ou au directeur de crédit de la banque en question, par son conseil d’administration ou la direction générale. Les projets se financent en crédits et ces derniers se prennent auprès des mieux offrants en conditions. Que cherche donc la justice en interpellant banquiers et hommes d’affaire sur une question qui relève de la simple loi d’un marché où la concurrence est vitale, même pour le créancier, sinon pour les banques elles-mêmes ? Cela ne risquerait-il pas d’effaroucher les responsables bancaires et faire naitre chez ceux qui s’accrochent encore, une réticence à accorder crédits et à financer l’économie ? Vouloir appliquer, par la répression, les normes bancaires au sens stricte du texte ne nuirait-il pas à la concurrence ? Que cherchent donc à prouver cette justice révolutionnaire de la Tunisie de l’après Ben Ali ? Verrait-on un jour les banquiers faire grève ou Sit-in pour que cette nouvelle sorte de justice lève le pied et s’occupent plutôt des véritables affaires de détournements de fonds, d’enrichissements illicites, de corruption et de dilapidation des deniers de l’Etat ?
Khaled Boumiza.
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