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Tunisie : Les grèves en recul de 22%

Après une période d’inactivité, l’économie tunisienne parvient à réaliser la relance boostée par plusieurs facteurs, notamment la bonne tenue de la saison agricole et la consolidation du rythme de l’activité dans le secteur du tourisme et du transport, ainsi que la hausse des investissements directs étrangers. Ceci étant, la dernière période a été marquée par une amélioration du climat social. Selon les chiffres communiqués par le ministère des Affaires sociales, le nombre des grèves déclenchées, durant le premier semestre 2012, a baissé de 22% par rapport à la même période de l’année précédente. On observe aussi un recul dans le nombre des entreprises touchées par les mouvements de grève passant de 239 à 190 entreprises jusqu’au fin juin 2012, affichant une régression de 19%. Selon la même source, le nombre des employés qui ont participé aux grèves a baissé de 48%. S’agissant de la participation aux grèves, le nombre des employés impliqués a régressé de -41% par rapport à ce qu’il était en 2011.

En ce qui concerne les jours de travail perdus à cause des sit-ins, on relève si une remarquable baisse de l’ordre de 28% en comparaison avec le premier semestre 2011. Force est de constater que ces grèves ont touché 190 entreprises dont 159 privées et 22 publiques.

En ce qui concerne la répartition des grèves selon les régions, le gouvernorat de Sfax figure parmi les régions les plus affectées par les grèves, soit 26%, suivi de Ben Arous (15%) et de Tunis 2 avec 7% seulement.

S’agissant du statut des grèves, durant les six mois de l’année en cours, les chiffres montrent qu’environ 54% des sit- ins sont autorisées. En effet, 151, est le nombre des grèves autorisées sur 281 grèves, contre 90 grèves autorisés sur 361 grèves en 2011, soit 25%, portant le taux des grèves autorisés à 68%.

D’après les structures rattachées à l’inspection du travail et de réconciliation, 526 préavis ont été enregistrés, en 2012, contre 387 préavis, jusqu’au fin juin 2011, ce qui correspond à une progression de 36%. A noter que 315 préavis ont été annulés, 151 grèves ont été observées alors que 60 préavis sont en voie d’arbitrage. Le taux de réussite au titre des structures de réconciliation s’élève à 68%.

Le secteur des services et de la maintenance a affiché le pourcentage le plus élevé en matière de préavis (24%), suivi par celui des industries mécaniques (12%) et enfin le secteur du textile, de l’habillement et du cuir (10%). Dans le même contexte, les structures relatives à l’inspection de travail et de réconciliation ont enregistré 14 sit-ins contre 23, durant le premier semestre de l’année précédente, ce qui correspond à un recul de 39%. Ces sit-ins ont touché 14 établissements privés avec un taux de participation de l’ordre de 90% du nombre global des travailleurs.

Evaluant ces performances, Abderrahmen Fendri, expert comptable a constaté que malgré ce recul, le phénomène demeure encore grave. « 190 entreprises ont connu des perturbations, c’est trop pour une économie fragile et à une époque où nous devons redoubler d’efforts pour améliorer les fondamentaux de notre économie », a t-il expliqué.

Face à un nombre flagrant des chômeurs aux alentours de 800 mille, les choix sont très limités choix, il faut faire de la croissance. « Des jours de travail perdus, c’est de la production en moins. Donc, une seule grève est de trop ; que dire alors des grèves ayant concerné 190 entreprises. En outre, ces statistiques ne sont pas suffisamment pertinentes. Quel est le nombre de jours de grèves enregistrés ? Quels sont les secteurs touchés par ces mouvements. Une grève dans un secteur névralgique tel que le secteur des transports, par exemple, a des effets néfastes sur toute l’économie ».

Est-il possible de garantir la stabilité sociale?

En réponse à cette question, Abderrahmen Fendri a fait savoir que la situation est certes difficile. Le pouvoir d’achat s’est dégradé. Cependant, on est passé par une période de récession qui risque de se prolonger.

A ce propos, il a insisté sur l’importance de s’adresser au peuple en termes plus pédagogiques que démagogiques. « Nous devons expliquer aux Tunisiens que nous sommes obligés de patienter et d’accepter quelques années de sacrifices pour rétablir les équilibres économiques, sans quoi, nous continuerons éternellement à traîner les effets d’une économie morose », avant d’ajouter : « Il faut expliquer aux Tunisiens que pour dépasser la situation économique actuelle, il faut améliorer la compétitivité de notre économie ».

Encore faudrait-il l’expliquer aux Tunisiens et le leur montrer par une politique claire, la volonté, la stratégie et les moyens d’une transition intelligente d’une industrie de sous-traitance à une industrie de production. Pour être convaincant, le discours doit être en outre accompagné d’actions visibles et concrètes en vue de limiter les écarts, devenus très importants, entre les différentes couches sociales. Il faut orienter les programmes sociaux au profit des travailleurs.

« Aujourd’hui, une famille qui n’a aucune source de revenus a plus de chance d’accéder à la propriété d’un logement, à travers le programme des 30.000 logements sociaux qu’une famille dont le chef travaille mais qui ne gagne pas assez pour s’offrir un logement FOPROLOS. Aujourd’hui, avec la politique tarifaire des droits de douane, un produit de luxe et de seconde nécessité paie presque le même taux de droits de douane qu’un produit consommé par tous les Tunisiens », a précisé Abderrahmen Fendri.

Encore plus, ne faudrait-il pas instituer un droit de consommation sur les produits de deuxième nécessité, d’abord pour améliorer les recettes de l’Etat et ensuite pour lancer un message aux Tunisiens qu’il y a une politique qui tend à rapprocher les classes sociales et à réduire l’écart entre elles. D’après lui, les services publics doivent s’améliorer, à l’instar du transport public. « L’on ne peut pas empêcher l’ouvrier qui peine pour se déplacer entre son lieu d’habitation à son travail de se sentir frustré par rapport aux privilégiés qui se déplacent au moyen de véhicules particuliers climatisés ou le citoyen qui doit attendre plusieurs heures pour se faire ausculter par un médecin de la santé publique, de se sentir lésé. L’ouvrier qui voit qu’il y a un début de solutions radicales à ses problèmes est plus disposé, à mon avis, de se montrer compréhensif que dans la situation où on se contente de lui demander de patienter et de surseoir à toute revendication en attendant des jours meilleurs ».

Wiem Thebti

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