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Tunisie : Mansar redonne vie au cadavre du complot et joue la «victime-attitude».

Invité de la Radio privée tunisienne Mosaïque, le porte-parole de la présidence tunisienne, Adnène Mansar, a évoqué les derniers évènements de la Tunisie et ce que certains médias avaient nommé le «Mardi Noir» en référence à la montée en puissance des violences mardi dernier. Il évoquait surtout la réaction des trois présidences tunisiennes (Marzouki, Ben Jaafar et Jbali) à ces évènements, dans leur déclaration commune.

En bon politique [mais on pourrait en douter après la dernière déclaration, sur Hannibal TV, de son président sur «l’adolescence politique»], le porte-parole indique bien sûr que «ce qui a été ciblé, sont les propriétés publiques et privées, les sièges de partis politiques et de l’UGTT », ce qui fait la preuve selon lui que «les prêcheurs de la violence et les ennemis de la démocratie, nous ciblent tous, gouvernants, opposition, société civile et citoyens». Tous les Tunisiens sont ainsi dans la même barque, dit-il en substance et en guise de message d’unité face à la violence. Un message, dans lequel il n’avait pas tort.

Un peu plus loin, l’ancien Nahdhaoui devenu CPRiste, devient politicien et partisan, défendant, toutes griffes dehors, les positions de toute l’équipe gouvernante face à l’opposition, actuelle et future. «La bataille maintenant, n’est plus entre pouvoir et opposition, mais entre le passé personnifié dans les symboles de l’ancien régime et l’avenir représenté par les forces nées de la Révolution et qui ont vécu les affres de la dictature ». Ce discours, pêche cependant par son opposition, un peu personnalisée, entre victimes et oppresseurs, ce qui n’est pas toujours sans intérêts personnels et un peu loin des intérêts de l’Etat que les gouvernants son supposés défendre.

Ne pouvant ensuite résister à la tentation d’évoquer la théorie du complot, il adopte ce qu’on pourrait appeler «la victime-attitude» et indique que «les violences sont une réponse politique de quelques symboles de l’ancien régime [de l’ancien président Z.A. Ben Ali], financés par de l’argent sale du «Fassed» [traduisez, corruption, malversation, concussion et autres], mus par la peur de l’action qu’entreprend le gouvernement pour les juger et par réaction de refus à ce que discute la Constituante, pour les exclure de la prochaine étape».

Le porte-parole qui fait ainsi référence au projet de loi présenté par le CPR pour interdire tous les anciens du RCD de toute vie politique et même du vote, redonne ainsi vie à la théorie du complot qui avait été lancée, en véritable baudruche, par le Chef du gouvernement Hammadi Jbali à la tête du gouvernement de la troïka.

Presque dans les mêmes termes, il évoque ce qui reste du RCD et les hommes d’affaires, dont pourtant nombre a été récupéré par toute ou partie de la troïka. Tout comme Jbali, le porte-parole de Moncef Marzouki, ne donne aucun détail, ne cite aucun nom et ne s’étale pas sur le sujet. Généraliser, c’est se donner l’opportunité du repli et les possibilités de pression pour d’éventuelles récupérations.

Il n’avait cependant pas tort, lorsqu’il disait que les hordes de ceux qui avaient dévasté, brûlé, saccagé, terrorisé et mis en péril toute une économie, avaient rallié à leurs cause des criminels de droit communs, dont nombre avaient été relaxés par la justice ou tout simplement amnistiés. Leur cause commune était le refus de l’autorité d’un Etat qui préfère toujours être taxé de mollesse dans l’application des lois, que de l’appliquer avec fermeté pour, rasseoir, affirmer et préserver cette autorité qui les avaient amenés à Carthage et à La Kasbah et sur les confortables fauteuils ministériels.

A notre sens, il y a réellement complot. Mansar, comme toute la troïka, se trompent cependant d’adversaires. Les hommes d’affaires sont trop poltrons pour essayer de renverser n’importe quel régime en place. Ils ne l’avaient pas fait avec Ben Ali qui les a pourtant frappé là où ça fait mal ; à la poche. Certains de ceux qui travaillent actuellement, main dans la main, avec les nouveaux gouvernants de la Tunisie de l’après Ben Ali, l’ont clairement dit aux nouveaux dirigeants et en ont donné toutes les preuves.

«Le capital est poltron » [traduisez en arabe, جبان المال رأس] dit toujours le dicton tunisien. Diaboliser le capitalisme et criminaliser ainsi le capital tunisien, revient à se mettre, soi-même, les bâtons dans les roues, retarder les investissements tant espérés et attendus. Les nouveaux dirigeants tunisiens, savent peut-être, que le capital étranger ne se risquera pas à investir là où les investisseurs locaux ont peur. La preuve en a pourtant clairement donnée dans le dernier rapport de l’agence de notation Standard & Poor’s !

K.B.

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