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Tunisie : Marzouki fait-il de l’esbroufe ou cherche-t-il à couper l’herbe sous les pieds de Jbali ?

A quel jeu se livre le nouveau Président tunisien, Moncef Marzouki ?
La question devient d’une actualité brûlante, depuis que le Président de la République tunisienne, provisoire faut-il toujours le rappeler, a pris au sérieux ses nouvelles fonctions, pourtant dans un régime parlementaire où tous les pouvoirs de décision lui échappent, constitutionnellement, et se sont retrouvés, par son vote, entre les mains du Chef du gouvernement. Un chef de gouvernement qui n’a, officiellement et de fait, ni formé un quelconque gouvernement, encore moins pris ses fonctions, pour autant qu’il puisse justifier l’avoir consulté comme le stipule la nouvelle mini-constitution.

A aucun moment, dans ce texte voté par tous les membres de la troïka (dont le CPR, parti de Marzouki), on ne relève que le nouveau président peut ou a le pouvoir de décider de vendre ou d’acheter ou même de résoudre les problèmes des simples citoyens qu’il pourrait rencontrer en allant chaque matin à son bureau du Palais de Carthage.

Pourra-t-il honorer  ses décisions et tenir ses promesses ?


Depuis qu’il a pris possession du Palais présidentiel, le nouveau chef de l’Etat se démène comme un beau diable, organisant des visites surprises par-ci, par-là, un jour à Bizerte et l’autre voulant aller à Sidi Bouzid [où il avait pourtant été agressé lorsqu’il n’était qu’un chef de parti], sans se soucier de ce que cela demande en organisation, en diverses intendances sécuritaires notamment, vu la conjoncture qui prévaut dans certaines régions, déboussolant fortement les services de sécurité de la Présidence de la République. Que pourra y faire, cependant, un chef de l’Etat qui ne gère aucun budget pour ordonner des dépenses, qui ne peut nommer ni ministres ni PDG  pour ordonner la prise de décisions ou des recrutements ?

Constitutionnellement, ce même chef de l’Etat tunisien qui appelle à une trêve sociale et s’engage à démissionner s’il ne réussit pas et qui reçoit le SG de l’UGTT pour des questions qui ont trait directement au  travail d’un gouvernement qui ne s’était pas encore constitué, n’est pourtant chargé d’aucune des missions et des tâches du gouvernement. Il représente la Tunisie à l’étranger, signe les lois, nomme le chef du gouvernement, déclare la guerre et signe la paix, annonce les mesures d’urgence, signe les conventions, accore la grâce, nomme aux postes militaires après accord du chef du gouvernement, reçoit les accréditations des ambassadeurs, nomme les ambassadeurs sur proposition du chef du gouvernement et nomme le Mufti, c’est tout !

A-t-il, pour autant, les prérogatives, juridiques, pour disposer librement des choses, même celles qui l’entourent dans le Palais présidentiel qui sont propriété de l’Etat tunisien, d’en ordonner la vente ou la restitution ? A-t-il les prérogatives et les pouvoirs nécessaires pour ordonner la vente de tel ou tel bien de l’Etat tunisien, qui l’était avant la Révolution ou après la Confiscation ? On ne voit, dans la mini-constitution qu’il a certainement promulguée, rien qui lui donne de telles prérogatives !

 Qui osera acheter les anciens Palais de Ben Ali ?

A moins que le Chef de l’Etat ait reçu des prérogatives du chef du gouvernement ou qu’il ne cherche que de simples effets d’annonce pour redorer le blason d’un poste (Président de la République) dont il avait accepté démocratiquement qu’il soit dépouillé, ou encore à couper l’herbe sous les pieds de Hammadi Jbali en annonçant, lui-même, avant le chef du gouvernement, les mesures que ce dernier finira par prendre, à moins de tout cela, on ne voit pas trop bien ce à quoi riment toutes ces «décisions présidentielles» dans ce moment de vide exécutif apparent.De l’esbroufe, serait-ce encore le cas de cette décision du Président Marzouki de vendre les Palais présidentiels, à l’exception de celui où il siège ?Les palais présidentiels seraient plus d’une dizaine, entre ceux propriété de l’Etat et ceux découverts propriété de Ben Ali et donc confisqués. A part le fait d’annonce de Marzouki, il est important de rappeler certaines choses à leur propos.Vendre, c’est d’abord terminer le transfert de propriété de ces Palais à l’Etat.

Cela n’a pas encore été fait pour les Palais qui étaient la propriété de l’ancien Président, Zine El Abidine Ben Ali. Vendre, c’est aussi estimer ou faire estimer par des spécialistes, et cela demande l’annonce d’un appel d’offres pour une mission de ce genre. Vendre un tel patrimoine ne se fait pas aux enchères publiques, mais sur appel d’offres et tout un tas de procédures qu’il aurait été plus décent d’annoncer et de faire prendre, tant et si bien que le poste de Président de la République ne permet pas d’annoncer de telles choses. Vendre, c’est aussi trouver acheteur. On se demande, à ce titre, qui est l’homme d’affaires tunisien qui osera débourser les centaines de millions DT que coûtera l’un d’eux, à l’heure où le pays s’enfonce dans la crise économique ? Qui est l’homme d’affaires qui fera, qui osera faire montre d’une richesse, à l’heure où tous ou presque sont dans le viseur de la justice révolutionnaire ? Quelle banque financera un tel projet, à l’heure où presque tous les responsables bancaires  sont aussi dans le viseur de la justice de transition ? Où la Tunisie du Président Marzouki compte-t-elle héberger ses hôtes lorsqu’un Président ou un Roi parmi eux décidera de venir visiter la Tunisie qui aura réussi sa Révolution ? Certes, l’emploi est prioritaire, une priorité vitale même. Il se trouve cependant que la Tunisie a choisi son régime politique, pour un an ou pour 6 ans et tous doivent se conformer à ses règles de jeu. L’esbroufe et les effets d’annonce ne mènent pas loin et ne font en tout cas pas gagner de prochaines élections.

Khaled Boumiza

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