AccueilLa UNETunisie-Petrofac : Quel immense gâchis !

Tunisie-Petrofac : Quel immense gâchis !

Finalement, la crise de Petrofac s’est résorbée. On ignore par quel deus ex machina, mais il est clair que c’est en premier lieu le gouvernement qui ramasse les pots cassés. Qu’il faille trouver une issue, cela est la sagesse même, mais le faire en y laissant des plumes, cela interroge. Pourquoi avoir laissé pourrir si longtemps les choses, alors que le contentieux pouvait trouver son épilogue, certes pas en un tournemain mais, mais en s’attaquant dès l’abord à la racine du problème, le gérer avec autant de diligence que le permettaient les moyens à disposition et surtout en s’interdisant d’improviser et de prendre des décisions hâtives, forcément malencontreuses, comme ce fut le cas à tous les stades du conflit.

De toute évidence, l’épreuve de force a tourné à l’avantage des protestataires aux termes d’un accord qui donne droit à 260 d’entre eux à être intégrés sur une période de trois ans, en plus de la création d’un centre de formation dans les activités pétrolières et d’une société de service et de développement, et cerise sur le gâteau, la réalisation de projets de développement sur l’ile, une revendication qui est venue, en chemin, s’ajouter à celles, initiales, brandies par les sans-emploi. Ceux-ci, tirant ainsi les marrons du feu, obtiennent que soient annulées les poursuites judiciaires engagées contre ceux des leurs, auteurs de voies de fait et de déprédations, lors de l’intervention des forces de sécurité pour lever le sit-in qu’ils ont organisé. De leur côté, les sociétés pétrolières opérant dans la région vont mettre la main à la poche en portant les allocations au fonds de développement des îles Kerkennah de 2,1 millions à 5 millions de dinars outre l’augmentation du budget alloué au port de pêche de Sidi Youssef de 25 à 30 millions de dinars et la construction d’une station de dessalement d’eau de mer.

Ce n’en est pas moins tout bon pour les insulaires durablement aux prises avec d’indiscutables écueils dus à leur éloignement du littoral, au sous-développement, au manque de ressources sauf halieutiques, au chômage et à la pollution liée à l’exploitation pétrolière. Autant d’affres qui devraient être au moins atténués pour ramener le calme dans cette contrée où les opportunités ne manquent pas pour en faire une attrayante destination touristique et où il fera moyennement bon vivre.

Il est vrai aussi que les opérateurs pétroliers et gaziers auraient été mieux avisés s’ils avaient investi également dans le social, de leur propre chef et sans y être obligés même si aucune disposition contractuelle ne leur  en fait  injonction. Ceci leur aurait permis de vaquer à leurs tâches aussi commodément que l’autorisent les règles d’un voisinage exercé dans l’intérêt bien compris de toutes les parties. C’est un exercice, mieux une culture, que bien des entreprises, où qu’elles opèrent dans  maints sites dans le monde, ont érigée en pratique d’autant plus arrangeante que, rapportée aux revenus  et bénéfices engrangés, elle est de peu de poids sur le bilan.

La vérité est que peu a été fait sur ce registre dans une région où les riverains voient leurs ressources venir à exploitation sans qu’ils puissent en tirer des dividendes auxquels ils pensent avoir droit. Seulement, ils ont pris sur eux de le faire valoir par des moyens par moments blâmables et plus souvent contraires à la loi et la quiétude publique. Et les Tunisiens en ont vu des exemples relayés à grande échelle par les médias, surtout celui du véhicule des forces de la sûreté jeté dans les eaux du port de pêche. Une image qu’on ne serait pas près de chasser de la mémoire, tant elle renseigne sur jusqu’où peut aller la turpitude au grand dam de toute la grille civique d’un pays. Et on a vu comment le  gouvernement a réagi à cet accès de rage des contestataires, en décidant de fermer tous les postes de sécurité, et de dépêcher sur l’île de grands renforts militaires. Et ceci n’a fait qu’exaspérer les jeunes chômeurs protestataires, en durcissant leur mouvement et en y ajoutant d’autres revendications.

Dans le même temps, aucune initiative n’est venue de la part du gouvernement pour s’atteler autrement à une crise dont tout donnait à penser qu’elle irait s’envenimant, se cantonnant dans une approche militaro-sécuritaire d’autant plus malvenue et intempestive qu’elle a laissé les choses en l’état.

Mais là où le bât blesse plus encore, c’est que l’Etat a apporté, dans cette affaire, la preuve la plus indiscutable qu’il est désarmé devant les troubles, qu’il n’ose pas faire usage des moyens qui sont dans le droit fil de ses attributions légales et constitutionnelles, pour devoir à la fin, signer une reddition qui ne sera pas sans conséquence sur l’exercice de son autorité. Plus encore, il y a un gâchis à ce point irrémédiable que l’Etat s’est trouvé acculé à capituler en donnant suite à toutes des demandes des sans-emploi et davantage. Une posture qui ne présage de rien de bon sur la suite des événements avec une très probable réédition de pareils incidents avec la boule de neige  que l’on peut d’ores et déjà imaginer.

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