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Tunisie : Pourquoi Jbali et ses conseillers font-ils toujours la sourde oreille et l’autruche ?

Deux lectures différentes peuvent être faites des chiffres du commerce extérieur pour les 9 premiers mois de 2012 en Tunisie. La première est celle de la valeur. La seconde est celle des quantités exportées ou importées. Le gouvernement, Hammadi Jbali et ses conseillers économiques, semblent opter pour une lecture en valeur seulement.

– A mauvaise lecture, mauvaises mesures !

Cette dernière, et cela explique l’option du gouvernement, parle d’une hausse de 4 % des exportations et une hausse de 14,8 % des importations, d’où le solde commercial hautement déficitaire de 8813 MDT. Ce qui n’est pas dit dans ces chiffres, c’est qu’ils tiennent compte des sommes, sorties en devises, du Carferry de la CTN (Compagnie tunisienne de Navigation), des rames de train de la CNCFT (Compagnie des chemins de fer) et enfin de l’avion de Tunisair.

Une lecture des mêmes chiffres, mais à travers l’optique des quantités, laisse, au contraire, entrevoir une baisse de 1,9 % des exportations et une hausse de seulement 10,5 % des importations. L’INS précise que «cette évolution résulte d’une augmentation enregistrée au niveau des prix à l’export de 6 % et de 3,9 % à l’importation». La lecture par la seule valeur induit ainsi une mauvaise lecture du déficit commercial et partant, des mesures prises par le Cabinet Jbali.

 

Ce qui attire, par contre, l’attention, c’est la vitesse avec laquelle Jbali et ses conseillers ont «étudié» cette situation des échanges commerciaux 2012. Dans d’autres économies, une pareille situation aurait enclenché une étude, plus approfondie et faite par des économistes attitrés, non par des politiciens qui manquent de toute expérience et encore plus de compétence économiste, et aboutit à un rapport d’où devraient naître des décisions, conjoncturelles ou structurelles. Cela n’a pas été fait.

– Faire l’autruche ou cacher sa tête dans le sable pour ne pas voir le danger.

Les chiffres sont pourtant là. Ce sont, en effet, les trois grands secteurs exportateurs en Tunisie qui ont enregistré, au cours des 9 premiers mois de cette année, les taux de baisse les plus élevés. Le textile&habillement avec une baisse de 9,4 %, le secteur des cuirs et chaussures avec une régression de 2,1 % des exportations et enfin le secteur des industries électriques avec un -0,5 %. Des secteurs où la concurrence internationale, parfois pas plus loin que le Maroc, fait rage. Des secteurs aussi où l’exportation est liée à la production et l’on connaît tout l’état du marché du travail en Tunisie, au cours de 2011 et de 2012, l’explosion des sit-ins et la recrudescence des grèves durant ces deux exercices. Des secteurs aussi où le coût de production est un facteur essentiel pour la décision d’achat par les importateurs européens, qui plus est dans des économies européennes en crise. Des secteurs où le temps de chargement et de déchargement des bateaux, dans les ports entre les mains des douaniers et dans des soutes d’avions, où le retard devient la règle.

D’autres chiffres auraient dû faire l’objet d’une étude, beaucoup plus détachée de la politique politicienne et plus attachée à la politique économique. Dans l’exportation, il y a l’offshore ou entreprises étrangères installées en Tunisie totalement exportatrices et les entreprises locales partiellement exportatrices dites du régime général. On constate, à cet effet, que le solde commercial de l’offshore était, au cours des derniers 9 mois de l’année 2012, positif de 41701 MDT, alors que celui du régime général était déficitaire de 12921 MDT. Quelqu’un dans le gouvernement Jbali s’est-il posé la question de savoir pourquoi ou d’essayer de se le faire dire par les exportateurs ? Non !

– Se boucher les oreilles, pour n’entendre que ce qu’on veut !

Dans le secteur exportateur du textile, ce sont les offshores qui n’exportent plus comme avant (-9,8 %) et la même remarque pour le secteur des industries électriques (-0,7 %). Dans celui des chaussures, ce sont les opérateurs du régime général qui exportent moins (-40,2 %). Pour l’ensemble des produits et en valeur, ce sont les offshores qui baissent leurs exportations, mais qui baissent aussi leurs importations (-2,5 %). Il y a certes un effet change des deux côtés des échanges commerciaux, mais cela ne méritait-il pas étude et des mesures pour booster les exportations autres que celles dont le seul objectif est la baisse des importations ?

Tout cela n’a jamais fait l’objet d’une quelconque velléité d’étude de la part du Cabinet Jbali. Derrière, il faut chercher la ferme volonté de remuer la mélasse sociale et de se heurter à une centrale syndicale ouvrière qui devient une pièce importante dans l’échiquier politique dont le manège est entre les mains de trois partis qui ne cherchent qu’à pérenniser leurs fauteuils de pouvoir. D’où la politique de l’autruche face aux problèmes de l’exportation.

Une autre chose attire aussi l’attention dans ce comportement peu économiste, aussi bien du Cabinet Jbali que de la BCT, un peu trop obnubilée par la seule fonte des réserves de change et du glissement immédiat de l’inflation. C’est le fait qu’aucune réunion restreinte de travail ou plus élargie sous forme de séminaire, n’a été organisée par le gouvernement Jbali avec les exportateurs. Dans d’autres économies, comme celle de la France avec le changement de son gouvernement, le gouvernement a commandé un rapport sur le pouvoir concurrentiel des produits français et les industriels demandent une baisse du coût du travail.

Chez le Cabinet Jbali, les hommes d’affaires sont traités de tous les noms dégradants (comme رجال العمايل ou encore رموز الفساد في تونس), accusés dans des dossiers qui ne voient pas encore le jour, interdits de voyage, leurs entreprises soumises aux redressements fiscaux et de CNSS, rackettés par les politiciens de tous bords et quelques hommes de loi, mis officieusement sous l’aile protectrice ou officiellement dans l’œil du cyclone. Devant tout cela, Hammadi Jbali, son cabinet et surtout le gourou de son parti, font la sourde oreille. Un jour, une autre Histoire en désignera les responsables !

Khaled Boumiza.

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