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Tunisie : Pourquoi Jbali s’obstine-t-il à vouloir de l’extérieur ce qu’il peut avoir de l’intérieur ?

Le chef du gouvernement tunisien était en Arabie Saoudite. On ne sait encore rien sur l’objet de cette visite, mais Hamadi Jbali semble y être pour des raisons économiques pures, même si le pays où il était est toujours celui qui abrite l’homme le plus recherché, officiellement, par son gouvernement. Ce qu’il a pu rapporter, on n’en sait rien encore, mis à part son grand sourire en parlant de ce que la BID [Espérons, lorsqu’on connaît le comportement de cette banque par rapport au problème de la société tunisienne d’industrie pneumatique, que ca ne sera pas le bide] lui a promis et les hommes d’affaires saoudiens qui annoncent leurs candidatures à reprendre les entreprises confisquées [Espérons aussi que cela ne sera pas à un prix saoudien].

On ne sait pas non plus quels seront les véritables besoins de la loi de finances complémentaire, puisque c’est à partir de l’Arabie Saoudite que le chef du gouvernement de la Tunisie annonce à ses compatriotes que  «le gouvernement soumettra dans deux semaines à l’assemblée constituante un programme détaillé du budget de l’Etat». On imagine cependant que ces besoins financiers seront assez importants, pour relancer les anciens projets, en lancer de nouveau et faire redémarrer la machine économique. On se demande cependant pourquoi le gouvernement de Hamadi Jbali s’obstine-t-il à aller chercher en dehors des frontières de la Tunisie ce qu’il pourrait, peut-être et pourquoi pas certainement, avoir à partir de son pays même. Cela, pour différentes raisons :

          460 hommes d’affaires attendent d’investir.

Il y a déjà en Tunisie, 460 hommes d’affaires que leur propre pays empêche de travailler, musèle, effraye, accuse, incrimine, considère comme coupables avant même de les avoir jugés, laisse attaquer par la rue et une certaine presse, interdit de voyage et les empêche ainsi d’aller prospecter et de chercher des partenaires pour recréer l’économie de la Tunisie d’après la Révolution. 460 hommes et femmes d’affaires qui attendent, dans leurs propre pays, de nouvelles conditions d’investissement et une nouvelle conjoncture comme celle que le chef du gouvernement voudrait donner aux investisseurs et hommes d’affaires saoudiens qui n’investiront que dans l’immobilier [un secteur basé surtout sur la main d’œuvre à bon marché]. L’un d’eux, pour ne citer que cet exemple, a proposé la création de 3 usines et de bâtir des logements sociaux à offrir aux mal logés en contrepartie de sa relaxe dans une affaire dont la trame reste encore floue. Ministre du gouvernement, Samir Dilou se demandait «à quoi servirait un homme d’affaires en prison» et promettait  «dans quelques semaines» une solution pour toutes ces forces financières indispensables à l’économie tunisienne. Il ne semble pas avoir l’oreille de son chef de gouvernement. Sinon comment comprendre que Hamadi Jbali ait pu aller proposer aux étrangers de racheter les entreprises tunisiennes confisquées. N’existe-t-il dans toute la Tunisie une poignée d’hommes d’affaires capables de les reprendre, si telle est la décision finale du gouvernement, directement ou à travers la bourse ? Désolé pour les stratèges de Jbali, mais la réponse est oui !

          L’Etat n’a pas beaucoup d’argent. Il y a pourtant de l’argent en Tunisie.

L’autre jour, nous étions chez un concessionnaire. Un homme d’affaires, qui ne payait pas de mine [on se détrompera après qu’on nous ait donné un petit aperçu de sa richesse] vient acheter une voiture «pour sa femme» dit-il. Il déposera 75 mille DT en liasses de billets, directement sur le bureau du concessionnaire. Cet exemple [avec plus d’un autre et qu’on pourrait citer à longueur de pages comme cet indicateur bancaire de l’évolution continue des dépôts, même si l’évolution décélère par peur], est, à plus d’un titre indicatif que l’argent ne manque pas en Tunisie, dans les circuits PAP (particulier à particulier).

On citera aussi le secteur de l’immobilier qui fleurit malgré la crise, car le Tunisien y croit toujours comme un refuge sûr pour son argent. On citera aussi les exemples de ces hommes d’affaires qui font officieusement des contacts pour reprendre telle ou telle entreprise  confisquée. Pourquoi alors aller proposer aux étrangers de venir investir dans des créneaux que les Tunisiens maîtrisent mieux ? Pourquoi ne pas penser à assainir d’abord le climat de l’investissement pour ses propres forces financières avant d’aller le proposer aux gens du Golfe, quitte à fermer l’œil sur les principales demandes de la Révolution et de la justice transitionnelle ?

          Le marché financier tunisien est capable de mobiliser l’argent nécessaire à l’Etat.

Beaucoup d’experts l’ont dit, certains pays occidentaux l’ont fait comme la France, le gouvernement serait mieux avisé de s’adresser à son propre marché pour mobiliser, partie ou grande partie, des ressources nécessaires au budget. Un emprunt national qui  pourrait être capable de mobiliser, et à moindre coût même par rapport à l’extérieur et même à la BID (Banque islamique de développement). Tous ces hommes d’affaires qui risquent d’être confisquées ou d’aller en prison, ne seraient-ils pas prêts à y participer fortement ? Toutes ces banques qui ont accordé, des années durant, des crédits aux familles de l’ancien président, ne pourrait-t-elles y consacrer les dizaines de millions DT de leurs bénéfices qu’elles pourraient ne pas distribuer pour les deux ou trois prochaines années ? Nous sommes désolés pour les stratèges de Hamadi Jbali, mais cette Tunisie qui a pu montrer un formidable élan de solidarité avec le Nord-ouest est capable de prendre part à un élan de solidarité financière et de faire réussir tout appel national de  collecte de fonds et tout emprunt national. Le faire, c’est donner l’exemple, aux bailleurs de fonds et aux investisseurs étrangers, d’une confiance du Tunisien, tous les Tunisiens, dans les perspectives de son économie. Nul n’investira son argent dans un pays qui ne montre pas et ne démontre pas qu’il est le premier à y croire ! A bon entendeur salut.

Khaled Boumiza.

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